Nusantara, la nouvelle capitale indonésienne, fait loin de faire l’unanimité à Bornéo – rts.ch – .

Nusantara, la nouvelle capitale indonésienne, fait loin de faire l’unanimité à Bornéo – rts.ch – .
Nusantara, la nouvelle capitale indonésienne, fait loin de faire l’unanimité à Bornéo – rts.ch – .

Nusantara, ville sortie de terre au milieu de la forêt tropicale de l’île de Bornéo, doit succéder à Jakarta, l’actuelle capitale de l’Indonésie, encombrée et qui s’enfonce inexorablement sous le niveau de la mer. Mais le chantier suscite les critiques des écologistes et des habitants.

Djarkarta, sur l’île de Java, est surpeuplée, polluée et, en plus, elle s’enfonce chaque année un peu plus dans les eaux et subit régulièrement des inondations. Le président indonésien sortant a donc lancé le gigantesque projet de déplacement de la capitale administrative vers une autre île, Bornéo.

Depuis fin 2022, Nusantara est en construction. Le gouvernement indonésien ambitionne d’y installer une population de 1,9 million d’habitants d’ici 2045 et d’y concentrer les activités humaines et industrielles, au cœur de Bornéo.

Vue aérienne d’un complexe résidentiel dans le district de Jatinegara à Jakarta, Indonésie, le 27 février 2024. [Anadolu via AFP – GARRY ANDREW LOTULUNG]

La nouvelle capitale administrative est présentée comme une ville moderne, verte, avec un objectif zéro émission carbone, mais ce projet de relocalisation ne fait pas l’unanimité à Bornéo. Sa création est vivement critiquée par les écologistes, qui dénoncent la déforestation dans l’une des plus grandes étendues de forêt tropicale humide au monde.

Gestion de l’eau et expropriations

Sur le chantier de Nusantara, des habitants ont vu un barrage se construire au pied de leur village. Un homme de la tribu Balik, un peuple indigène de l’île de Bornéo, exprime ses craintes : « Son existence a des conséquences sur la production des agriculteurs du village, notamment en termes d’eau douce. Nous utilisons l’eau des rivières, cela fait partie de notre culture, nous en dépendons. Mais avec le barrage, l’eau est bloquée.

Pour cet habitant, le risque d’expropriation est également réel, alors que plusieurs cas ont déjà été signalés autour de la future capitale. En cause : l’absence de certificat de propriété pour les membres de la population indigène.

Une faune perturbée

Par ailleurs, dans la baie de Balikpapan, un pêcheur explique avoir du mal à remplir ses filets depuis le début de la construction de la nouvelle ville. Un membre d’une ONG locale a également accepté de témoigner sous couvert d’anonymat. Car « les pressions sont réelles », explique-t-il.

« Avant toute cette activité, c’était plein de mangroves… et c’était l’endroit où venaient les pêcheurs. Ils pouvaient toujours attraper beaucoup de poissons. Et parfois on voyait les singes au gros nez, les trompes ». Mais depuis, ces primates ont « disparu ».

Le président indonésien Joko Widodo, au centre, lors d’une inspection du chantier de construction du palais présidentiel dans la nouvelle capitale Nusantara, le 5 juin 2024. [KEYSTONE – VICO]

La situation autour de Nusantara est scrutée de près par plusieurs ONG. Pour Zenzi Suhadi, directeur de Walhi, la plus grande et la plus ancienne ONG environnementale d’Indonésie, « le nouveau capital ne vise pas à une meilleure répartition géographique de l’économie du pays. Mais il s’agit avant tout d’une transition politique.»

Car les terrains sur lesquels la nouvelle capitale est construite sont en grande partie des concessions de Prabowo Subianto, le prochain président indonésien, poursuit Zenzi Suhadi. « Donc pour nous, la nouvelle capitale Nusantara n’est pas une ville qui répond aux problèmes environnementaux ou économiques du pays. » Le projet laisse également de côté les problèmes de surpopulation et d’inondations de Jakarta, estime encore l’activiste.

Inauguration du palais présidentiel

Alors que la fin des travaux de Nusantara est prévue pour 2045, l’actuel président indonésien Joko Widodo envisage d’inaugurer le palais présidentiel de Nusantara le 17 août, jour anniversaire de l’indépendance de cet archipel, avant de passer le flambeau à son successeur Prabowo Subianto.

Des milliers de fonctionnaires sont attendus dans cette ville à partir de septembre, mais le projet est retardé depuis plusieurs mois en raison de la lenteur des travaux de construction.

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Sujet radio : Juliette Pietraszewski

Adaptation web : Caryl Bussy

 
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