Deux tendances ressortent clairement de l’examen des nominations du président élu Donald Trump. Son cabinet – qui comprend de nombreuses personnes qui n’ont pas toutes besoin d’être confirmées par le Sénat – est, pour l’essentiel, composé de personnes qui peuvent être classées en deux grandes catégories.
Pour tout ce qui concerne la gestion de l’économie, on peut parler de managers. Des gens qui sont dans le monde des affaires, à Wall Street ou ailleurs, qui ont une bonne réputation et sont presque tous relativement modérés. Même s’ils sont avant tout amis ou alliés de Donald Trump, bien sûr.
Mais pour tout ce qui concerne les questions sociales ou la fourniture de services aux citoyens, Donald Trump préfère les dynamiteurs.
La nomination la plus controversée – et celle qui ne sera probablement pas confirmée par le Sénat – est celle de Matt Gaetz au poste de procureur général. M. Trump dit l’avoir nommé à ce poste pour mettre fin à l’exploitation du pouvoir judiciaire à des fins partisanes.
Mais quand on entend les discours de M. Trump pendant la campagne, on peut craindre que l’ordre soit plutôt d’exploiter le système judiciaire contre les ennemis politiques du nouveau président et que cette mission revienne à M. Gaetz.
M. Trump entretient depuis longtemps des relations difficiles avec ses procureurs généraux, qu’il aurait aimé utiliser comme avocats personnels. Il a également accusé ses deux procureurs généraux de manquer de loyauté. Il a également nommé son avocat personnel lors de ses récents déboires devant les tribunaux, Todd Blanche, au poste de procureur général adjoint.
Mais les frasques personnelles de M. Gaetz – qui ont fait l’objet d’une enquête de la part de ses collègues de la Chambre des représentants – risquent de faire sombrer sa candidature lors de son examen par le Sénat. On dit que M. Trump le sait très bien, mais qu’il ne retirera pas son soutien.
Toujours dans la catégorie des dynamiteurs, il faut parler de Robert Kennedy Jr. à la Santé : anti-vaccin, anti-fluoration de l’eau, anti-aliments transformés (sauf quand il mange des Big Mac avec le président), il serait en conflit avec de nombreuses politiques de son ministère dès son entrée en fonction.
Le nouveau secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, a été recruté directement par Fox News Network. Ancien militaire, il a défendu toutes sortes de causes, notamment des demandes de grâce pour des soldats accusés de crimes de guerre. Même s’il n’a pratiquement aucune expérience du commandement, il se retrouve à la tête de l’armée la plus puissante du monde.
On pourrait aussi parler du même manque d’expérience pertinente à propos de Tulsi Gabbard, nommé directeur national du renseignement.
En revanche, ceux qui sont nommés à des postes économiques devraient facilement passer le test de confirmation par le Sénat. Par exemple, Howard Lutnick, coprésident du comité de transition de M. Trump, a été nommé secrétaire au Commerce – malgré les objections d’Elon Musk ! M. Lutnick était PDG de la banque d’investissement Cantor Fitzgerald et l’un des principaux critiques de la Chine.
Le secrétaire au Trésor n’a pas encore été nommé, mais même s’il venait également de Wall Street, les démocrates auraient du mal à s’y opposer, ayant si souvent puisé dans le même vivier auprès de leurs ministres de l’Economie.
En fait, sur le plan économique, le cabinet Trump sera conventionnel au point que les personnes qui s’y trouveront auraient pu faire partie, pour la plupart, du cabinet de n’importe quel autre président républicain.
Comme mentionné plus haut, l’aile MAGA du parti est en revanche bien représentée dans les domaines qui touchent aux services aux citoyens et qui sont souvent considérés par le mouvement comme plus ou moins utiles, voire représentant le « Deep State », l’État profond. , ces hauts responsables qui œuvrent en coulisses pour contrer la politique du président Trump. Des ministères qui doivent être contrôlés plutôt que dirigés.
L’une des nominations du président fait cependant exception, celle de Marco Rubio. Nommé secrétaire d’État (ministre des Affaires étrangères), ce sénateur de Floride s’est présenté contre Donald Trump en 2016. Mais il est membre de la commission des relations étrangères du Sénat et possède une réelle expérience en la matière.
Il est souvent décrit comme un faucon sur les relations avec la Chine.
C’est aussi une nomination qui pose la question de savoir si M. Trump ne lui a pas donné une longueur d’avance dans la course à sa succession. Il aura justement l’âge idéal (57 ans) lors de la prochaine campagne électorale. D’autant que le jeune vice-président JD Vance risque d’avoir peu à offrir dans quatre ans, autre que sa fidélité au président sortant.
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