La onzième semaine du procès pour viol de Mazan a débuté lundi avec les témoignages des enfants du couple Pelicot. Ils ont dit «une vie de famille brisée“et ils ont exigé”la vérité“à leur père, la vérité pour chacun d’eux et particulièrement pour la fille, Caroline, qui se considérait”le grand oublié de ce procès« .
Ce mardi, Gisèle Pelicot vient répondre aux questions les avocats de la défense après avoir interrogé le dernier des 51 accusés, tous les accusés étant présents dans la salle. Ensuite Dominique Pelicot aura la parole pour clôturer les débats. Les trois enfants du couple, David, Florian et Caroline, sont là, sur le banc des parties civiles.
Pour Gisèle Pelicot, “c’est le procès de la lâcheté”
Gisèle Pelicot a commencé son discours en disant «pour moi, c’est l’épreuve de la lâcheté« . “Il est grand temps que la société ouvre les yeux sur cette société machiste et patriarcale, où le viol est banalisé..» Elle a poursuivi : «Je viens d’entendre le dernier coaccusé à la barre. J’avoue que depuis le début, j’ai entendu des choses pour moi, inaudibles, inacceptables.»
“J’ai vu défiler ceux qui nient le violceux qui en parlent comme d’une banalité. J’ai envie de leur dire : quand vous entrez dans cette pièce et que vous voyez un corps inerte et inconscient, est-ce que vous vous dites que vous avez mon accord ? J’ai entendu « mon cerveau était télécommandé, j’étais drogué », j’ai tout entendu !“
L’avocate Nadia El Bouroumi, qui défend deux prévenus, lui a demandé pourquoi elle n’avait pas également eu des propos durs à l’égard de Dominique Pelicot. Ce à quoi Gisèle a répondu : «M. Pelicot a reconnu les faits et n’a jamais nié les faits, contrairement aux 50 autres. Rares étaient ceux qui les reconnaissaient, mais je les regardais dans les yeux. Contrairement à ceux qui se sont excusés pour s’excuser eux-mêmes. Ils ont violé.»
Le ton est monté, l’interrogatoire mené par Me Nadia El Bouroumi est devenu plus musclé et elle a parfois élevé la voix. “Je pense que tu es victime d’un viol, mais aussi sous une très forte influence et encore aujourd’hui parce qu’il [Dominique Pelicot] est si fort« . “C’est faux”, a répondu Gisèle Pelicot.
« Mais un viol avoué est-il moins grave ? Moi Carine Monzat
Another lawyer, Me Carine Monzat questioned Gisèle Pelicot, “Mais le viol avoué est-il moins grave ?” “je n’y vais pas ne réponds pas à cette question, c’est indécent», a répondu Gisèle Pélicot. Et elle est revenue sur la question de l’influence, a-t-elle détaillé : «On ne reste pas sous contrôle pendant 50 ans. L’influence que j’ai eue était une influence chimique. Mais il ne m’a jamais rien interdit, j’ai fait ce que je voulais. Je n’ai rien détecté de mal chez lui..»
Gisèle Pelicot a également répondu à l’avocat de la défense Paul-Roger Gontard. “Moi, J’ai perdu 10 ans de ma vieque je ne rattraperais jamais. C’est compliqué bien sûr, cette souffrance sera indélébile. Cette cicatrice ne se refermera jamais. J’en parle avec mon thérapeute. A chacun sa thérapie, mais c’est aussi de la musique, de la marche et du chocolat, parce que j’aime beaucoup le chocolat.» Et Me Paul-Roger Gontard a répondu : «Je pense que nous allons vous offrir beaucoup, madame.»
« Le procès de M. Pelicot et des 50 individus derrière moi »
Les commentaires de Dominique Pelicot sur les photomontages qu’il a réalisés de la mère et de la fille ont été évoqués. Dominique Pelicot a déclaré lundi qu’il l’avait fait parce que cela lui était demandé sous forme de chantage. Un avocat a demandé à Gisèle Pelicot si elle pensait que c’était crédible. “je ne veux pas répondre à cette question», a répondu Gisèle Pélicot. Mais à ce moment-là, la jeune fille, Caroline, se leva pour sortir, furieuse.
Et Me Nadia El Bouroumi a posé la question à Gisèle Pelicot : «Aujourd’hui encore, Caroline sort et explose. Tu ne peux pas prendre son parti.» Ce à quoi Gisèle Pelicot a répondu d’un ton ferme : «Je pense que nous ne le sommes pas ne pas faire l’essai intra-familial. Nous traduisons en justice M. Pelicot et les 50 personnes derrière moi.»
“Cette femme ne dort pas, elle est inconsciente” Gisèle Pelicot
Une autre avocate de la défense, Me Alexia Bérard, a lui rappelé l’enfance difficile de Dominique Pelicot. “Ne pensez-vous pas que cette vie difficile pourrait être la raison pour laquelle il vous est difficile d’attaquer Dominique Pelicot ?» Gisèle Pelicot a répondu : «non, ce n’est pas compliqué, parce qu’il a reconnu. Cela aurait été beaucoup plus compliqué s’il n’avait pas reconnu et dit que Mme Pelicot était complice ou que Mme Pelicot était consentante. Ce n’est pas à moi de juger.»
Et puis Gisèle a ajouté : «Je suis en colère contre ces gens derrière moi, car pas un seul instant ils n’ont arrêté leurs actions, pas un seul instant ils n’ont été dénoncés. Ils auraient pu avoir ma mort sur leur conscience. Ils sont vraiment venus pour assouvir leur pulsion sexuelle. Oui, j’ai de la colère contre ces individus, ils auraient pu arrêter. Pas un seul n’est allé dénoncer et ça pose vraiment des questions. Cette femme ne dort pas, elle est inconsciente.»
“Tu penses qu’il [Dominique Pelicot] tout dit dans la boîte ?» a demandé un autre avocat de la défense, Me Olivier Lantelme. Gisèle Pelicot l’a assuré : «me concernant, oui.» “Et les autres ?” “je ne répondrai pas à cette question« .
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