« Ce serait le pire pays au monde pour les droits des femmes et des enfants »

En Irak, un amendement proposé permettrait aux Irakiens d’épouser des filles dès l’âge de 9 ans. Niyaz Abdulla, journaliste irakien et lauréat du Prix international de la liberté de la presse 2022 dénonce « une loi pédophile ».

Publié le 14/11/2024 13:57

Temps de lecture : 2min

type="image/avif">>>>
Manifestation à Bagdad le 28 juillet contre le projet de réforme de la « loi sur le statut personnel » (MURTADHA AL-SUDANI/ANADOLU)

En Irak, un amendement proposé pourrait permettre aux hommes d’épouser des filles dès l’âge de 9 ans. Les affaires familiales sont régies par la « loi sur le statut personnel », en vigueur depuis 1959 et qui fixe l’âge minimum du mariage pour une fille à 18 ans. Il peut descendre à 15 ans si un juge le décide. Une loi plutôt progressiste pour cette région du monde. Mais le 17 septembre, la Cour suprême fédérale d’Irak a approuvé, en deuxième lecture, une proposition visant à réformer cette loi.

Déposé par les chiites conservateurs du pays, ce texte permettrait aux Irakiens de choisir entre les autorités religieuses et l’État pour régler leurs affaires familiales, en matière d’héritage, de divorce mais aussi d’âge minimum du mariage. Et par exemple, pour les chiites du mouvement jaafariste, c’est 9 ans.

type="image/avif">>



>
>

Niyaz Abdulla, journaliste irakien, lauréat du Prix international de la liberté de la presse 2022 (THOMAS SELLIN / FRANCEINFO)

Niyaz Abdulla, journaliste irakien, lauréat du Prix international de la liberté de la presse 2022 (THOMAS SELLIN / FRANCEINFO)

« Malheureusement, la situation des femmes en Irak est très mauvaise » explique Niyaz Abdulla, journaliste kurde irakien, lauréat du Prix international de la liberté de la presse en 2022 et bénéficiant de l’asile politique en depuis deux ans. « Cette loi a un caractère pédophile. Imaginez qu’un homme viole un enfant de 9 ans. Si les parents sont d’accord, le violeur pourrait épouser sa victime.

Bien qu’ils ne soient pas encore légalement reconnus, les mariages avec des filles mineures sont courants dans certaines communautés. “De nombreux cas impliquent des chefs religieux en Irak. La plupart du temps, ces mariages se font avec des jeunes filles pauvres et sans abri. précise Niyaz Abdulla. Selon l’Unicef, 28 % des femmes irakiennes sont déjà mariées avant l’âge de 18 ans. Et parmi tous les mariages non enregistrés par l’État, la mission des Nations Unies en Irak estime que 22 % concernent des filles de moins de 14 ans.

Pour être adoptée, la loi doit être approuvée par le Parlement. Les chiites à l’origine de sa rédaction mettent toutes les chances de leur côté pour qu’il soit adopté. Ils sont en train de trouver un accord avec des parlementaires sunnites à qui ils promettent en échange la libération des prisonniers sunnites de Daesh. “Donnez-nous du sexe, je libérerai les terroristes, c’est comme ça que ça s’est passé” résume le journaliste en exil. « Les membres de l’Etat islamique ont violé [en Irak]filles âgées de 9 ou 10 ans. Et l’Irak lui-même adoptera une loi autorisant le mariage avec des filles de moins de 18 ans. En conséquence, l’Irak deviendra le pire pays au monde en termes de droits des femmes et des enfants.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV La justice européenne se penche sur les SMS entre Ursula von der Leyen et le patron de Pfizer
NEXT « Malgré de grands obstacles, nous créons un espace pour la justice internationale »