La neutralité carbone doit être atteinte bien plus tôt que prévu à l’échelle mondiale, montre une nouvelle étude dévoilée en marge de la COP29. Pendant ce temps, les discussions sur un accord financier avancent timidement. Et une froideur diplomatique s’installe entre la France et l’Azerbaïdjan. Résumé.
La neutralité carbone pour avancer
Le monde doit atteindre la neutralité carbone d’ici la fin des années 2030 plutôt qu’en 2050, selon de nouvelles estimations scientifiques publiées mercredi, au troisième jour du 29.e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29), à Bakou, Azerbaïdjan.
L’étude très attendue du Global Carbon Project montre que les émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO)2), généré par la combustion du charbon, du pétrole et du gaz, atteindra cette année encore un record, tandis que 2023 a également marqué un record à cet égard.
Les 120 scientifiques qui ont contribué à l’étude estiment que le monde doit viser zéro émission nette de CO2 d’ici la fin des années 2030 pour espérer contenir le réchauffement climatique à 1,5°C, par rapport à la fin du XIXème sièclee siècle.
Une centaine d’États, dont le Canada et la plupart des pays riches, visent actuellement la neutralité carbone d’ici 2050.
Mais “rien n’indique encore que l’utilisation des combustibles fossiles ait atteint un pic”, a déclaré le professeur Pierre Friedlingstein de l’Université britannique d’Exeter, même si le pic est “très frustrant”. .
Le pied sur le frein
Les dirigeants occidentaux affirment ouvertement à la tribune de la COP29 qu’ils veulent freiner plutôt que l’accélérateur en matière d’action climatique, traumatisés par l’inflation, les déficits publics et les mouvements sociaux de ces dernières années.
La chef du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a déclaré mercredi qu’il n’existait « pas d’alternative unique » aux énergies fossiles et qu’il fallait se méfier de toute « approche trop idéologique ».
“Oui, la transition énergétique générera des économies à long terme, mais cette transition ne sera pas indolore”, a déclaré le Premier ministre grec conservateur Kyriakos Mitsotakis.
La veille, le Hongrois Viktor Orbán, ami de Donald Trump en Europe, estimait qu’il ne fallait pas « sacrifier » l’industrie et l’agriculture au nom de la réduction des émissions.
Projet d’accord sur le financement
Un nouveau projet d’accord publié mercredi au troisième jour de la COP29 montre que les pays réunis à Bakou sont encore très loin d’un consensus sur le financement climatique.
La conférence doit délivrer un « nouvel objectif collectif quantifié » de financement de la lutte contre le changement climatique dans les pays émergents, pour succéder à l’accord actuel prévoyant 100 milliards de dollars américains par an, qui prendra fin en 2025.
La plupart des pays en développement exigent dans le projet d’accord « au moins 1 300 milliards de dollars par an » d’aide aux pays riches.
Les pays développés souhaitent que les pays émergents riches contribuent au financement, jugeant irréaliste de s’engager à hauteur d’un millier de milliards ou plus en aide, surtout en l’absence du soutien des États-Unis de Donald Trump.
Les pays riches n’ont pas encore dévoilé les hypothèses chiffrées de leur engagement futur, même si des montants de 200 ou 400 milliards sont évoqués dans les couloirs.
Pour les pays en développement, l’objectif final doit également prévoir explicitement que la majorité de l’aide soit versée sous forme de subventions plutôt que de prêts.
Querelles diplomatiques
Une querelle diplomatique a éclaté mercredi entre la France et l’Azerbaïdjan, la ministre française de la Transition écologique annonçant l’annulation de sa présence à la COP29 après les attaques « inacceptables » du président azerbaïdjanais Ilham Aliev.
« Les propos tenus par le président Aliyev [à] l’ouverture de la COP29 à Bakou contre la France et l’Europe sont inacceptables », a dénoncé la ministre Agnès Pannier-Runacher.
Le président azerbaïdjanais a réitéré mercredi dans un discours à la COP29 ses attaques passées contre la France, citant l’histoire coloniale du pays et parlant des « crimes » du « régime du président ». [Emmanuel] Macron » dans ses territoires d’outre-mer.
L’Azerbaïdjan, dont les relations avec la France sont très tendues en raison du soutien français à son ennemi historique l’Arménie, a été accusé par Paris d’ingérence lors des récentes émeutes en Nouvelle-Calédonie, allégations rejetées par Bakou.
M.moi Pannier-Runacher a critiqué mercredi l’Azerbaïdjan pour avoir exploité “la lutte contre le changement climatique à des fins personnelles indignes”, estimant que ces attaques constituent également une “violation flagrante du code de conduite” de la Convention-cadre des Nations Unies. unis sur le changement climatique.
“C’est indigne d’une présidence de la COP”, a-t-elle poursuivi, assurant que la France continuera, malgré son absence, “à plaider pour le plus haut niveau d’ambition dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris”.
Emmanuel Macron n’avait déjà pas prévu d’assister à la COP29.
Avec l’Agence France-Presse
Des véhicules trop gros malgré des gains d’efficacité
Au cours de la dernière décennie, les constructeurs ont réussi à produire des moteurs qui consomment de moins en moins de carburant. Mais ce gain d’efficacité est fragilisé, à 80 %, par le poids croissant des véhicules vendus.
C’est ce que révèle une étude commandée par Équiterre, Environmental Defence et la Fondation David Suzuki.
«Tant que nous n’accepterons pas de considérer la taille de notre parc automobile dans son ensemble et de s’attaquer à ses excès, les efforts technologiques pour améliorer les motorisations seront vains», a déclaré Blandine Sebileau, analyste en mobilité durable chez Équiterre, dans un communiqué.
L’étude révèle plusieurs failles dans les normes d’émissions des véhicules en Amérique du Nord, puisqu’elles permettent actuellement aux constructeurs de vendre des véhicules plus polluants s’ils sont plus gros ou plus lourds.
Mais l’étude montre aussi que les pouvoirs publics disposent de plusieurs leviers d’action pour inverser la tendance. Par exemple, l’introduction d’une exigence d’efficacité énergétique pour les véhicules électriques augmenterait l’offre de modèles compacts et abordables. Et reclasser les SUV en voitures les soumettrait aux mêmes normes que ceux-ci.
Chloé Bourquin, La presse