Tensions transfrontalières –
Chômage des frontaliers : les élus de Haute-Savoie appellent Paris à négocier avec Berne
Dans une lettre, les députés et sénateurs du département souhaitent que les autorités trouvent « une solution plus juste pour les finances publiques de la France ».
Publié aujourd’hui à 8h16
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- Les frontaliers cotisent à l’assurance chômage suisse, mais sont indemnisés par la France en cas de perte d’emploi.
- Les frontaliers au chômage pèsent lourdement sur les finances de l’Unédic, alors que le gouvernement français cherche à faire des économies.
- Les députés et sénateurs de Haute-Savoie exigent que la France parvienne à un accord avec la Suisse sur un accord équitable.
Face à la volonté de certains de modifier les règles actuelles en matière d’indemnisation du chômage des frontaliers résidant en France, les parlementaires de Haute-Savoie se mobilisent.
Dans une lettre commune datée de ce mardi, les six députés Virginie Duby Muller, Véronique Riotton, Danièle Carteron, Christèle Petex, Anne-Cécile Violland et Xavier Rosen, ainsi que les trois sénateurs Sylviane Noël, Loïc Hervéet Cyrille Pellevat du département appelle le Ministre français du Travail et de l’Emploi, Astrid Panosian-Bouvet«d’entamer immédiatement des négociations avec la Suisse au sujet du chômage aux frontières».
Contexte de l’épargne
Les neuf parlementaires réagissent aux propos tenus mi-octobre par le ministre en «L’Avis». Astrid Panosyan-Bouvet indique vouloir réviser le système européen d’indemnisation du chômage des frontaliers dans le but de faire des économies, car ces demandeurs d’emploi pèsent lourdement sur le marché du travail.Unédic (l’association chargée de gérer l’assurance chômage en France). Ses déclarations interviennent à un moment où la France se trouve dans une situation financière critique et où le gouvernement cherche à réduire ses dépenses.
Pour rappel, selon le Règles européennes en la matièreLes travailleurs frontaliers européens cotisent dans le pays dans lequel ils travaillent. Mais, en cas de perte d’emploi, c’est leur pays de résidence qui verse leurs allocations de chômage.
Un système de compensation financière existe entre les Etats. Celui-ci prévoit que l’ancien pays d’emploi verse entre trois et cinq mois d’allocations de chômage au pays de résidence. Mais les sommes perçues du pays d’emploi par le pays de résidence peuvent s’avérer insuffisantes selon les circonstances. C’est le cas en France pour l’Unédic.
Surcoût « énorme » pour la France
Le nombre de chômeurs frontaliers en France augmente, leur durée d’indemnisation et le montant de leurs allocations étant également supérieurs à ceux des autres allocataires, ces chômeurs coûtent très cher à l’organisme.
Dans un récent rapportL’Unédic calcule qu’en 2023, elle aura versé 1 milliard d’euros d’indemnisation aux 77 000 chômeurs frontaliers qui travaillaient auparavant dans les quatre principaux pays d’emploi voisins que sont la Suisse, l’Allemagne et le Luxembourg. et la Belgique. Mais il n’en a reçu que 200 millions d’euros de remboursement. Résultats : le surcoût atteint 803 millions d’euros en 2023. Et 9 milliards d’euros cumulés entre 2011 et 2023 (voir ci-dessus).
« Situation injuste »
Les élus souhaitent « une solution plus juste pour les finances publiques de la France, sans que cela entraîne des conséquences négatives pour les travailleurs », écrit Virginie Duby-Muller dans un communiqué.
«Le système actuel provoque un déséquilibre important au détriment des finances de la France», déplore le député de la quatrième circonscription de Haute-Savoie (immédiatement limitrophe du canton de Genève).
«Les autorités suisses peuvent changer cette situation qui est injuste, compte tenu du montant des cotisations collectées. Nous discutons régulièrement avec eux et je crois qu’en termes de responsabilité les choses peuvent évoluer positivement. C’est un débat exigeant et nécessaire que nous devons avoir avec notre voisin suisse», conclut-elle.
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Fabrice Breithaupt est journaliste et secrétaire de rédaction. Il s’occupe des questions transfrontalières franco-suisse, mais aussi de l’immobilier, de l’emploi et de la formation. Il est journaliste de relations publiques depuis 1995 (radio, puis presse écrite).Plus d’informations
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