Plus de 6 000 km séparent la Gironde de la Maison Blanche à Washington, où siégera dans quelques jours un tout nouveau président des Etats-Unis. L’élection de Kamala Harris ou de Donald Trump aura des répercussions bien plus larges que le territoire américain, et la course à la Maison Blanche est particulièrement suivie par les Américains basés dans le département.
«J’aimerais beaucoup qu’une femme soit élue présidente des États-Unis pour la première fois», déclare Megan Martel. Cette résidente d’Auros depuis 2010 est originaire du Minnesota. Elle a déjà voté par correspondance par voie électronique pour l’élection qui aura lieu le 5 novembre 2024. De son côté, la réflexion a été de courte durée : « Je me méfie beaucoup de Trump, un personnage excentrique, masochiste, dangereux, capable de faire plaisir des handicapés. J’ai voté pour Kamala Harris même si je ne suis pas d’accord avec tous les points de son programme. Elle est intelligente et j’aime sa personnalité. »
Harris, par défaut
À une dizaine de kilomètres de là, Anne Jordan vit avec son mari à Bazas depuis 2016. Malgré une moindre médiatisation que sur le continent américain, un certain « épuisement » se fait aussi sentir jusqu’en Gironde. « Nous sommes dans une répétition des deux dernières élections et avec la même négativité et les mêmes débats insignifiants. Il semble impossible d’obtenir des échanges de qualité et authentiques de la part des candidats, de voir où en sont leurs réelles motivations ou leurs projets. »
« Le fait que seuls deux partis ou quelques États contrôlent le résultat est frustrant »
Grâce à un bulletin de vote envoyé par email, Anne Jordan a également pu voter. Son choix s’est porté sur Kamala Harris. Mais avec un choix limité entre deux candidats, il est difficile d’être pleinement satisfait. « Il y a beaucoup de questions majeures qui ne sont pas abordées dans le débat. J’aimerais des candidats plus modérés, avec de vrais projets, mais il semble une fois de plus que la polarisation dans les deux partis détériore le débat”, s’inquiète-t-elle.
Un système électoral dépassé ?
Anne Jordan a aujourd’hui une vision critique du système électoral américain. Surtout depuis son arrivée en France en 2011 : « Je pense que les Français sont beaucoup plus impliqués et plus enclins à voir la communauté plutôt que l’individu. Il y a une lassitude aux États-Unis à cause du système électoral en place. Le fait que seuls deux partis ou quelques États contrôlent le résultat est frustrant pour une grande partie de la population. Et voter pour un tiers ne sert à rien car il n’a aucun poids. »
Celle qui est aujourd’hui guide touristique dans le département avec sa société Aquitaine Travel Guide garde néanmoins un oeil bienveillant outre-Atlantique : « J’ai beaucoup de retours de clients américains qui m’informent sur ce qui se passe du côté de l’Atlantique. place. Et en même temps, je suis aussi toujours intéressé de voir ce que les sources d’information françaises perçoivent. Parfois, l’analyse la plus claire d’un pays vient de l’extérieur. »