Donald Tusk sème le trouble au Conseil européen, Viktor Orban jubile

Donald Tusk sème le trouble au Conseil européen, Viktor Orban jubile
Donald Tusk sème le trouble au Conseil européen, Viktor Orban jubile

Drôle quotidien au Conseil européen, à Bruxelles. Giorgia Meloni était très satisfaite de son cliché de ce matin. Elle avait réussi à organiser, juste avant le sommet européen, une rencontre informelle entre dirigeants sans inviter la et l’Allemagne. A l’ordre du jour : des « solutions innovantes » pour transférer la gestion des migrants hors de l’UE.

Après le Rwanda (solution britannique avortée), le nouveau pays à la mode serait… l’Ouganda. La chef du gouvernement italien peut se vanter de son « succès » : le 15 octobre, deux jours avant le sommet européen, elle a inauguré son centre de traitement des migrants en Albanie.

L’Italienne avait pris soin d’inviter tous les dirigeants alignés sur sa ligne dure. La sociale-démocrate Mette Frederiksen, le Néerlandais Dick Schoof, co-organisateurs, étaient entourés de l’Autrichien Karl Nehammer, du Tchèque Petr Fiala, de dirigeants maltais et chypriotes. Le grec Mitsotakis était également présent. Viktor Orban, habituellement isolé, a finalement été traité avec respect. Le Slovaque Peter Pellegrini était invité. Finalement, Donald Tusk, le Polonais, est arrivé le dernier. Comme s’il avait pris soin de ne pas apparaître sur la photo…

Les infidélités d’Ursula von der Leyen

Première surprise : Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, s’y est rendue, accordant ainsi à cette réunion informelle les dorures et l’onction de la Commission européenne. Cette présence n’a pas échappé à la vigilance du chancelier allemand Olaf Scholz et du président français Emmanuel Macron. Comme si l’Allemande cherchait à leur échapper, elle est d’habitude ainsi collée aux lignes franco-allemandes.

Le Concile s’est ensuite déroulé sans incident. Volodymyr Zelensky a exposé son « plan de victoire ». Les Européens y répondront plus tard, le temps qu’ils aient le temps de la digérer. Ensuite, les conclusions sur le Moyen-Orient n’ont pas posé trop de problèmes. Mais il s’agit plutôt d’un exercice rhétorique sur une frontière ténue entre le soutien à Israël, la nécessité d’un soutien humanitaire aux Palestiniens, l’appel à une solution politique à deux États… Bien sûr, sur le terrain, les acteurs n’entendront rien, mais , pour une fois, les Européens n’ont pas trop chipoté sur les modalités.

Donald Tusk s’enrhume

Le véritable thème principal du Concile était la migration. Et c’est là que la position de Donald Tusk posait quelques difficultés. Les conclusions ont été approuvées par 26… sauf par lui. Même Viktor Orban, diablement tactique, ne s’y est pas opposé. On sait cependant qu’il est un farouche opposant au Pacte sur les migrations adopté en mai. Mais, avec l’habileté propre à la diplomatie, nous avons pris soin de lui épargner une circonlocution : pour lui plaire, les conclusions évitaient le terme « pacte migratoire », mais mentionnaient modestement « la législation européenne adoptée ». Cela revient au même, mais le Hongrois, bon joueur, a accepté le cordage… Pourquoi ? Parce qu’il savait qu’il pouvait se cacher derrière Tusk. Pour une fois, le rôle du « méchant », du « râleur », du “l’empêcheur de finir en rond” serait détenu par un autre. Que l’a sauvé d’un veto à bon marché. Intelligent.

Donald Tusk a en effet annoncé à ses homologues qu’en l’état, compte tenu de la situation dans son pays à la frontière biélorusse, le droit d’asile était suspendu à la frontière orientale de la Pologne. La veille, son gouvernement avait pris des mesures en ce sens dans le cadre d’une nouvelle « stratégie migratoire ». Il ne pouvait donc pas reculer. Les conclusions étant approuvées à l’unanimité, le blocage de Tusk a provoqué un nouveau cycle de discussions… A 19 heures, il n’était pas encore certain que les dirigeants européens parviendraient à un texte de compromis sur la migration, une sorte de schéma directeur. un chemin difficile à parcourir pour la nouvelle Commission européenne.

Viktor Orban se réjouit des contradictions de la Commission

Mais plus surprenant encore : Ursula von der Leyen a expliqué que les exemptions de Tusk étaient justifiées. Si la Russie et la Biélorussie exploitent la migration, la réponse sera alors terrible. Et tant pis pour les obligations internationales ou la Charte européenne des droits fondamentaux. Lorsqu’il s’agit de lutter contre les ignobles manœuvres de Vladimir Poutine et de son acolyte Loukachenko, le droit d’asile doit céder le pas.

Viktor Orban n’a pas manqué de souligner que s’il s’était permis de dire qu’il suspendait le droit d’asile en Hongrie, il n’aurait jamais obtenu l’accord de la Commission. Comme par hasard, Donald Tusk est un leader du PPE, la famille politique du président de la Commission. Alors on lui donne tout. Et quand c’est la Hongrie qui ferme sa frontière, c’est direct devant la Cour de Justice de l’Union Européenne ! Le dirigeant hongrois s’est ironisé avec ironie sur les deux poids, deux mesures de la présidente von der Leyen. Il s’en réjouit, une semaine après la charge frontale qu’il a subie au Parlement européen…

 
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