Des femmes « inutiles » à l’Assemblée nationale ?

Des femmes « inutiles » à l’Assemblée nationale ?
Des femmes « inutiles » à l’Assemblée nationale ?

Conciliation travail-famille, sexisme, traitement médiatique ou questions de sécurité… Autant de raisons de quitter la politique. Mais ce qui pousserait surtout les femmes à abandonner leur travail de députées, c’est leur sentiment d’inutilité, un constat d’échec exprimé par plusieurs anciennes élues de l’Assemblée nationale ayant participé à un projet de recherche.

La décision de Marwah Rizqy de quitter la politique après son mandat a mis en évidence les difficultés d’être parent au Parlement. Au moment de cette annonce la semaine dernière, le Cercle des anciens parlementaires avait également brandi un signal d’alarme.

Le désillusion du nombre de femmes élues semble bien supérieur à celui des hommes. Ce serait l’une des principales raisons des départs.

C’est ce que révèlent les entretiens de l’historien Alexandre Dumas réalisés avec 21 députés qui ont choisi de ne pas se présenter aux élections générales de 2018 et 2022. Entre autres, ils n’ont pas vu leur potentiel exploité à sa juste valeur. , même si leur réélection semblait assurée.

Les deux doyennes de notre échantillon, Mme Marguerite Blais et Nicole Ménard, ont dit franchement qu’elles auraient envisagé de se présenter à nouveau si le contexte politique avait été différent.peut-on lire dans le résumé du projet de recherche. Les noms des autres femmes ayant répondu aux questions n’ont pas été révélés.

Marguerite Blais lorsqu’elle occupait le poste de ministre responsable des Aînés et des Aidants naturels. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Et si Claire Samson ne s’était pas trompée sur plantes vertes?

Alexandre Dumas estime qu’il aurait fallu prendre au sérieux l’ancienne élue Claire Samson lorsqu’elle comparait les députés à des « plantes vertes ». Ses commentaires ont suscité des critiques et des moqueries, mais au fond, de nombreuses femmes ont exprimé le même genre de sentiment lors des entretiens.

Nous ne nous attendons pas à ce qu’ils réfléchissent. On leur donne ce qu’on appelle des lignes de communication qu’ils doivent réciter devant les journalistes. On leur donne des questions à poser lors des commissions parlementaires. On leur demande de voter pour des projets de loi qu’ils n’ont pas le temps de lireindique M. Dumas.

En fin de compte, ils ont l’impression de simplement montrer leur présence.

Une citation de Alexandre Dumas, historien et auteur de la recherche

Son enquête ne fait pas de distinction entre les partis, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition. Le fait d’occuper le poste de ministre ne change rien à la donne, selon lui. Les femmes ministres se sentent tout aussi inutiles. Et les autres participants n’ont pas forcément l’ambition de devenir ministres.

Quand nous leur faisons sentir que cela pourrait être n’importe qui d’autre et que cela ne ferait aucune différence, c’est à ce moment-là qu’ils choisissent de partir.continue-t-il.

Ils veulent vraiment un rôle où ils peuvent utiliser leurs compétences. Une personne qui a une expertise dans un dossier et qui se retrouve à présider une commission sur un sujet dont elle ne sait rien est le genre d’exemple où elle a l’impression que ça pourrait être n’importe quel autre nom qu’on donne à la fonction.

L’historien estime que les hommes peuvent vivre la même chose, mais que l’impact serait plus grand pour les femmes car leur élection constitue souvent leur premier engagement politique.

Nous avons vraiment un problème !

L’ancienne ministre Marie Malavoy perçoit un paradoxe. Il y a de plus en plus de femmes en politique avec la zone de parité actuellement. Cela dit, l’environnement politique ne s’est pas transformé aussi rapidement.

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Les politiciennes Marie Malavoy et Pauline Marois en 2012. (Photo d’archive)

Photo : La Presse Canadienne / Jacques Boissinot

Désormais engagée au sein du Cercle des ex-parlementaires, Mme Malavoy invite les partis à réfléchir collectivement à la rétention des femmes et à repenser le rôle de députée.

Si nous essayons d’amener les femmes en politique mais qu’elles n’y restent pas, il y a vraiment un problème.dit-elle.

Le groupe d’anciens élus a commandé cette étude pour savoir les obstacles à la persévérance des femmes en politique après avoir constaté que les deux tiers des députés qui ont décidé de ne pas se présenter aux dernières élections générales québécoises étaient des femmes.

Parmi ces obstacles, plusieurs anciens élus ont déploré le deux poids, deux mesures dans les médias liés aux vêtements. Le sexisme, le cyberharcèlement et l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée figurent également en tête de liste.

Petit à petit, les femmes se sont retrouvées confrontées à des enjeux qu’on ne ressentait pas au début mais qui émergent maintenant qu’elles représentent 46% de la députation.

Une citation de Marie Malavoy, ancienne ministre et membre du Cercle des Ex-Parlementaires

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