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Au Sud-Liban bombardé, la grande peur des villages chrétiens

Au Sud-Liban bombardé, la grande peur des villages chrétiens
Au Sud-Liban bombardé, la grande peur des villages chrétiens

Dans le sud du Liban vidé d’une grande partie de ses habitants, une poignée de villages chrétiens se disent « assiégés », pris entre deux feux du Hezbollah et de l’armée israélienne dans une guerre qui, disent-ils, les a laissés imposés.

Habitant le village de Rmeich, niché dans les collines verdoyantes à deux kilomètres de la frontière avec Israël, Joseph Jarjour, 68 ans, et son épouse, ont déjà vécu près d’un an de tirs transfrontaliers entre le mouvement chiite et les troupes israéliennes.

Et depuis près de trois semaines, c’est la guerre ouverte avec l’intensification des frappes aériennes israéliennes.

« Nous sommes un village paisible, nous n’avons pas d’armes, nous n’avons jamais aimé la guerre. Nous voulons seulement rester chez nous», a déclaré cet enseignant à la retraite, joint par l’AFP par téléphone, lors d’une rare reconnexion de Rmeich au réseau internet.

« Nous ne voulons pas participer au conflit » mais « nous nous retrouvons assiégés », poursuit-il. “Les routes ne sont pas sûres, donc il est très difficile de rejoindre Beyrouth”, même si elle se trouve à moins d’une centaine de kilomètres au nord du village aux maisons aux tuiles rouges.

Actuellement, 6 000 personnes vivent à Rmeich, connue pour sa culture du tabac.

Parmi eux, quelques centaines de déplacés des zones environnantes, selon le maire Milad al-Alam. Aux alentours, les villages chiites sont désormais vides après les bombardements.

« Quand Israël bombarde, il passe au-dessus de nous. Et quand le Hezbollah répond, il passe au-dessus de nous », affirme M. Jarjour.

– « La vie s’est arrêtée » –

Dans ce petit pays multiconfessionnel, le sud, majoritairement chiite, compte de nombreux villages chrétiens. Si jusqu’à présent les frappes israéliennes les ont rarement visés, ils subissent les contrecoups des dégâts infligés aux localités chiites voisines.

A Rmeich, les maisons craquent sous les ondes de choc des explosions et les légumes locaux n’arrivent plus.

« La vie s’est arrêtée en octobre 2023 », précise le maire.

La municipalité, a-t-il précisé, a réussi à obtenir l’acheminement de convois humanitaires, dont un jeudi, sous escorte de l’armée libanaise et en coordination avec les casques bleus déployés le long de la frontière.

“Mais nous ne pouvons pas remplacer l’Etat” que beaucoup de Libanais considèrent comme absent avant même la grande faillite de 2019 qui a mis le pays à genoux, ajoute-t-il.

Malgré tout, à Rmeich, tout le monde répète que lors de la guerre de 2006 contre Israël, personne n’est parti.

Cette fois encore, assure M. Jarjour, “nous resterons jusqu’à notre dernier souffle, nous n’abandonnerons ni notre village ni nos maisons”.

Lorsque le Hezbollah a ouvert un front dans le nord d’Israël, en soutien à son allié palestinien le Hamas, qui a déclenché les hostilités dans le sud avec son attaque sans précédent en Israël le 7 octobre 2023, de nombreux citoyens et responsables libanais, chrétiens en tête, ont protesté.

Dès janvier, le patriarche maronite Béchara al-Raï considérait que la frontière Sud était devenue « un otage » et les habitants des « boucs émissaires », une dénonciation à peine voilée du Hezbollah.

– « Oubliez la guerre » –

Dans le village de Qlayaa, à quatre kilomètres de la frontière, 550 des 900 familles sont toujours là, malgré le manque d’essence, de médicaments et la fermeture forcée de l’hôpital le plus proche.

S’ils ignorent les ordres d’évacuation de l’armée israélienne, c’est parce qu’ils sont « croyants et attachés à leur terre », explique le curé Pierre al-Raï.

Ici, poursuit-il, « nous avons tout fait pour qu’il n’y ait pas d’installations ni d’actions militaires ».

Le village, où trône une immense statue de Saint Georges, a vécu sous occupation israélienne de 1978 jusqu’au retrait en 2000, sous la pression du Hezbollah.

Une période qui a profondément divisé les chrétiens du Liban, certains se rangeant du côté d’Israël et d’autres s’opposant à son invasion.

Aujourd’hui, les rues sont souvent désertes. Mais la solidarité s’organise et personne ne manque aux rendez-vous religieux.

Pauline Matta, mère de quatre enfants âgés de quatre à 18 ans, a pleuré en voyant le nom de son village sur un ordre d’évacuation israélien. Depuis, cette quadragénaire avoue ne plus dormir et paniquer « à chaque fois qu’on entend une explosion ou un avion franchir le mur du son ».

Elle a insisté pour envoyer ses enfants au camp d’été du village.

« Les drones volaient au-dessus d’eux » mais « sans ça, on ne pourrait pas vivre, comme ça, on oublie un peu la guerre », dit-elle.

« Une guerre nous a été imposée dans laquelle nous n’avions rien à voir. Alors pourquoi partirions-nous ? Je ne vais pas être jetée sur les routes», assure-t-elle.

Et ce malgré des conditions de vie de plus en plus dures.

Car la solde de son mari, enrôlé dans l’armée libanaise, qui les soutenait tous, a fondu comme neige au soleil avec la crise économique.

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