quand Donald Trump indigne même dans son propre camp

quand Donald Trump indigne même dans son propre camp
quand Donald Trump indigne même dans son propre camp

“Kamala Harris est handicapée mentale, elle est née comme ça !” » a déclaré le candidat républicain à deux reprises ce week-end. Des propos critiqués avec virulence, même par les élus de son parti. L’analyse de William Genieys, universitaire montpelliérain et directeur de recherche au CNRS en poste à SciencesPo Paris.

Jusqu’où ira-t-il trop loin ? Jusqu’où le candidat républicain poussera-t-il les excès pour tenter de stigmatiser et discréditer sa rivale démocrate Kamala Harris dans la course à la Maison Blanche ?

C’est une question que se posaient ce lundi de nombreux spécialistes, analystes, journalistes, ou acteurs, ou simples citoyens électeurs de cette campagne très tendue, après un week-end ponctué de nouvelles sorties tonitruantes de l’ex-président.
Rien de nouveau sous le soleil de sa pratique politique, certes. Sauf que cette fois, Donald Trump choque même son propre camp, ce qui est déjà plus surprenant.

“Il manque une boîte”

Les faits : samedi, lors d’une réunion dans le Wisconsin, alors qu’il discutait des questions d’immigration, Donald Trump a déclaré : « Joe Biden est devenu handicapé mental. Kamala est née comme ça. Elle est née comme ça.

Avant d’ajouter : « Si vous y réfléchissez, eh bien, seule une personne handicapée mentale aurait pu amener notre pays à ce point. »

Bis l’a répété le lendemain, dimanche, à l’occasion d’un nouveau meeting, cette fois à Erie, en Pennsylvanie, un autre de ces États pivots capables de faire basculer cette élection : « Joe Biden est devenu mentalement déficient. C’est triste. Mais honnêtement, je pense qu’elle est née comme ça. Il y a quelque chose qui ne va pas avec Kamala. Je ne sais pas ce que c’est, mais il lui manque définitivement une boîte. Et tu sais quoi ?

Des républicains qui haussent le ton

Des sorties qui ont évidemment provoqué l’indignation générale et la condamnation unanime du camp démocrate, ainsi que des associations de personnes handicapées. Mais le malaise, la colère et la gêne étaient aussi perceptibles chez les Républicains, où plusieurs voix se sont élevées avec fermeté.

« Les électeurs lui font confiance pour redresser l’économie et rétablir l’ordre aux frontières : qu’il se concentre sur ces sujets »» a déclaré le sénateur républicain de Caroline du Sud Lindsey Graham sur CNN. Et d’appeler la candidate dont elle est une partisane indéfectible à cesser de prétendre que Kamala Harris est folle, mais plutôt à faire campagne en expliquant pourquoi “sa politique est folle”.

Et elle n’était pas la seule parmi les Républicains à suggérer que le milliardaire ferait mieux de donner une autre direction à sa campagne.

S’émanciper « toujours plus du politiquement correct »

Avis partagé par Larry Hogan, adversaire de Donald Trump au sein de son propre parti, qui n’a pas mâché ses mots, allant jusqu’à qualifier les derniers propos du candidat de propos « insultant envers le vice-président, mais aussi envers les personnes handicapées mentales ».

“Même si c’est son affaire, même s’il a l’habitude de recourir à des attaques ad hominem contre ses opposants (il a traité Hillary Clinton de tous les noms par exemple), cette fois, en entendant ces mots, je suis resté sur les fesses”nous confiait, abasourdi, ce lundi, William Genieys, universitaire montpelliérain et directeur de recherche au CNRS en poste à SciencesPo Paris.

Pour ce politologue et sociologue spécialiste de la société américaine, « En s’engageant dans ce domaine, il va au bout de sa rhétorique, s’émancipant toujours plus du politiquement correct. Il essaie peut-être aussi d’associer Kamala Harris au bilan de Joe Biden, qui n’est pas forcément mauvais, mais que les Américains n’approuvent pas totalement… ».

« Grave et contre-productif »

Mais, dans tous les cas et hypothèses avancés pour tenter d’expliquer ce type d’énoncé, « Cela reste grave et, je pense, contre-productif. Cela semble toujours être une stratégie désespérée. Car franchement, auprès de qui de tels propos sur Kamala Harris pourraient-ils être crédibles ? A part son socle, en tout cas complètement galvanisé… » s’interroge William Genieys.

Selon qui, « Trump était déjà allé loin en parlant en plein débat des Haïtiens qui mangent des chiens et des chats. Mais ici, en s’en prenant à Kamala Harris, il s’en prend aussi aux maladies mentales dans nos sociétés, qui peuvent évoquer des choses très sombres. Et, concernant Trump, on peut se demander s’il ne perd pas le contrôle de sa propre stratégie ?

Premiers éléments de réponses espérés dans les prochaines enquêtes, déjà très attendues.

 
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