La presse au Japon | Un peu de Québec dans les robots japonais

La presse au Japon | Un peu de Québec dans les robots japonais
La presse au Japon | Un peu de Québec dans les robots japonais

Confronté à un vieillissement accéléré de la population et à une pénurie de main d’œuvre, le Japon a investi massivement dans la robotisation des soins depuis près de deux décennies. L’une des plus grandes réussites en matière de soins aux personnes âgées a un peu de Québec dedans…

Le cri de Paro, un blanchon thérapeutique, a été enregistré en 2002 aux Îles-de-la-Madeleine, où son inventeur, Takanori Shibata, est allé peaufiner son projet.

« J’ai pris un hélicoptère pour chercher des bébés phoques sur la glace flottante. Nous avons atterri à proximité, j’ai enregistré leurs cris. C’est toujours la même chose aujourd’hui”, a-t-il déclaré. La pressesouriant, docteur en génie électronique et mécanique de l’Université de Nagoya, Japon.

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PHOTO KARIM BENESSAIEH, LA PRESSE

Takanori Shibata, inventeur de Paro et directeur de la technologie d’Intelligent System Company

Le Japon a investi des milliards depuis près de deux décennies dans la recherche en robotique pour les personnes âgées (voir autre texte), ce qui a notamment permis de développer une demi-douzaine de robots « thérapeutiques » comme Aibo, Kiwi, Mango, Lovot et Paro. Ceux-ci sont utilisés pour maintenir la communication avec les personnes âgées et stimuler leurs capacités cognitives.

L’interaction, le mot-clé

Paro, un petit phoque blanc qui répond aux voix humaines et aux caresses en se tortillant, en clignant des yeux et en poussant son petit cri, est probablement le plus populaire du groupe.

Quelque 8 000 exemplaires de ce robot très spécialisé ont été vendus dans des résidences pour personnes âgées à travers le monde, principalement aux États-Unis, en , au Danemark et au Japon, à 6 000 dollars chacun.

Une de ces résidences, qui a accepté d’ouvrir ses portes pour une visite de La presseest Shintomi, à Tokyo. Au cinquième étage de l’établissement, les résidents s’amusent à caresser leur Paro, qui réagit comme un gros chat endormi. Tout l’intérêt de ce robot thérapeutique peut se résumer en un mot : interaction.

« Il faut lui parler et le toucher pour qu’il réagisse, explique M. Shibata. Au Danemark, un projet national d’évaluation de Paro mené de 2006 à 2008 a établi qu’il était très bénéfique dans les cas de démence sénile […] Nous constatons qu’en stimulant et en gardant les personnes âgées éveillées, Paro réduit leur anxiété et améliore leur sommeil. Cela fait sourire et même les personnes sans formation médicale constatent rapidement les effets positifs. »

De nombreuses études, la plus récente étant une méta-analyse signée par cinq chercheurs de Singapour et de Tokyo en mai 2023, ont confirmé certains bienfaits du petit phoque de Paro. On conclut notamment qu’elle réduit l’apathie et augmente la sociabilité, même si son impact sur des troubles plus graves, comme la dépression, semble limité.

Inutile… mais vital

Fraîchement diplômé de l’Université de Nagoya en 1992, M. Shibata souhaitait explorer les possibilités des robots dans la maison. Il en arrive rapidement à la conclusion qu’un robot humanoïde de science-fiction capable de tout faire n’a aucun sens. « Imaginez un robot humanoïde qui ferait la vaisselle, cuisinerait, nettoierait, cela coûterait 100 000 dollars ou plus. Mais nous avons des lave-vaisselle et des aspirateurs qui font cela pour beaucoup moins cher. J’ai donc décidé de développer quelque chose qui ne sert à rien… en terme de travail. »

L’exemple parfait de ce qui semble inutile : les animaux de compagnie. « Ils ne servent à rien en termes de travail, mais on les aime, ils suscitent des relations, de l’émotion. »

Il a abandonné l’idée des chats et des chiens robots. « Les gens attendent beaucoup d’eux, ils comparent le robot au véritable animal et sont déçus. Mais ils ne connaissent pas les phoques. »

Pourrait-on imaginer un Paro moins cher qui serait proposé au grand public ? “Ce n’est pas un jouet bon marché dont on se lasse au bout de deux semaines”, répond celui qui dirige aujourd’hui la technologie de la société Intelligent System. Nous avons sélectionné les meilleurs matériaux possibles pour Paro, par exemple l’ion argent pour sa fourrure afin de tuer les bactéries et les virus. Un Paro est conçu pour durer 10, 15, voire 20 ans. »

Le défi japonais

Les soins aux personnes âgées constituent un véritable défi pour le Japon. En 2023, il y aurait environ 36 millions de personnes âgées de plus de 65 ans, sur une population totale de 125 millions, soit 29 %. Au Québec, à titre de comparaison, 21 % de la population aura plus de 65 ans en 2024, selon les estimations de l’Institut de le tourisme du Québec.

Sur les 36 millions de personnes âgées que compte le Japon, 6 millions ont besoin de soins de longue durée, selon l’OCDE, dispensés dans 45 % des cas dans quelque 8 400 établissements de soins de longue durée. Les hôpitaux (21 %) et les soins à domicile (19 %) sont les autres lieux choisis.

Selon le ministère japonais de la Santé, du Travail et de la Protection sociale, il manquera 380 000 salariés en 2025 pour s’occuper des personnes âgées. D’où le lancement en 2010 d’une politique d’investissement dans les soins robotisés, pour laquelle le gouvernement japonais a annoncé un financement de quelque 45 milliards de yens (413 millions CAN) en 2018. On estime que ce marché représentera 566 milliards de yens (5,2 milliards CAN) en 2018. 2035.

« Résidences de jour »

Le Japon a innové avec une formule inspirante pour ses seniors : seul un tiers des quelque six millions de personnes nécessitant des soins de longue durée se retrouvent dans des résidences à temps plein. Environ quatre millions de personnes bénéficient de ce qui ressemblerait à des camps de jour au Québec : ils sont admis le jour, ont droit à des services et des divertissements et regagnent leur domicile pour la nuit.

Au Japon, en 2023, la moitié des ménages, soit 27 millions sur 54, comptaient un membre âgé de 65 ans et plus. Au Québec, selon l’ISQ, à peine 1,4 % des ménages en 2021 étaient multigénérationnels.

Cette formule de « résidence de jour » est pratiquement unique au Japon. “Ça permet aux enfants d’une personne âgée d’aller travailler après avoir déposé leurs parents âgés”, explique le PDG de Sliverwing. C’est très apprécié. »

 
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