En Pologne, les Ukrainiens en âge de combattre craignent d’être privés de passeport

En Pologne, les Ukrainiens en âge de combattre craignent d’être privés de passeport
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(Varsovie) Des centaines d’Ukrainiens se rassemblent devant un bureau des passeports à Varsovie, fermé mercredi, en colère après la décision de Kiev de suspendre les services consulaires pour les hommes expatriés en âge de combattre.


Publié hier à 15h23

Elisabeth STRIY

Agence France-Presse

La veille, les autorités ukrainiennes avaient annoncé qu’elles empêcheraient « temporairement » les hommes âgés de 18 à 60 ans à l’étranger d’accéder aux services consulaires. Alors que Kiev cherche à mobiliser davantage de soldats contre l’armée russe, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a jugé injuste la situation des hommes qui partent à l’étranger lorsque leurs compatriotes meurent au front.

En Pologne, pays où vivent des centaines de milliers d’Ukrainiens – réfugiés arrivés depuis l’invasion russe, mais aussi expatriés vivant dans le pays depuis longtemps – la colère grandit chez ceux qui se sentent injustement visés.

“C’est une lutte contre ceux qui fuient l’armée”, explique Maksym, un camionneur de 38 ans, venu récupérer ses papiers.

« On ne nous demande pas pourquoi nous sommes partis à l’étranger… Pourquoi serais-je résistant (à l’armée) si je partais légalement ? », confie-t-il à l’AFP.

Certains ont passé la nuit à faire la queue devant les guichets fermés du bureau de délivrance des documents, qui évoque une fermeture pour « erreur technique » sans évoquer une nouvelle directive de Kiev.

«Obligé de passer par là»

“L’Etat m’a mis dans une situation désespérée”, a déclaré l’homme d’affaires Pavlo Liachenko, 35 ans. Il raconte à l’AFP avoir reçu un SMS lui annonçant que son passeport était prêt, mais il craint désormais qu’il ne lui soit refusé.

Une dispute éclate : des femmes accusent un groupe d’hommes de bloquer l’entrée et de les empêcher de déposer leur candidature.

Alors que la foule grandissait, la police polonaise a été appelée par mesure de précaution, qui s’est limitée à discuter avec les gens qui faisaient la queue.

Diana Petrenko, directrice adjointe du bureau, a assuré à l’AFP que “les documents ne sont pas délivrés pour des raisons techniques”, mais elle refuse de détailler la nature exacte du problème.

Kiev a assuré mardi que la suspension de la délivrance des papiers ne s’appliquait qu’aux nouvelles candidatures.

Mercredi, l’ambassadeur d’Ukraine en Pologne, Vassyl Zvarytch, a confirmé à l’AFP que toutes les demandes reçues avant le 23 avril seraient traitées.

M. Liachenko, parti à l’étranger bien avant le début de la guerre, n’est pourtant pas rassuré.

« Je pense que notre État pousse simplement les gens à en arriver au point où nous devrons tous passer par là », estime-t-il.

Hormis quelques exceptions, la majorité des hommes n’ont plus le droit de quitter l’Ukraine depuis l’invasion russe.

Selon les médias ukrainiens, des centaines de milliers d’hommes en âge de travailler bénéficient pourtant d’une protection temporaire dans les pays de l’UE depuis le début de la guerre.

« Devoir envers la patrie »

Cette suspension des services consulaires, qui intervient plus de deux ans après l’invasion russe et à l’heure où Kiev peine à recruter pour le front, est largement perçue comme une mesure visant à contraindre les hommes à rentrer au pays.

Kiev a récemment adopté une loi controversée sur la mobilisation militaire, destinée à faciliter l’enrôlement dans l’armée et à punir davantage ceux qui résistent, et a abaissé l’âge minimum des recrues de 27 à 25 ans.

“Le séjour à l’étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers la patrie”, a déclaré mardi M. Kouleba.

Selon son ministère, la suspension des services consulaires constitue une mesure temporaire, nécessaire pour « résoudre les problèmes techniques » liés à la mise en œuvre de la nouvelle loi.

Bogdan, un chauffeur de camion ukrainien qui refuse de donner son nom de famille, dit qu’il est coincé devant le bureau des passeports de Varsovie pour la deuxième journée consécutive.

« J’ai parcouru 700 kilomètres pour récupérer mon passeport car j’ai reçu un texto me disant que je pouvais venir le chercher », se plaint le jeune homme de 27 ans.

« Ils ne nous donnent pas nos passeports. Quelles seront les prochaines étapes ? “, il s’inquiète.

 
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