Le prix du cacao durable au menu de la 5e Conférence mondiale du cacao à Bruxelles – VivAfrik

Le prix du cacao durable au menu de la 5e Conférence mondiale du cacao à Bruxelles – VivAfrik
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La cinquième Conférence mondiale du cacao, ouverte le 21, se clôturera ce mercredi 24 avril 2024 à Bruxelles, en Belgique, avec la présence de producteurs, négociants, fabricants et distributeurs. La réunion se tient dans un contexte inédit, marqué par des prix qui ont atteint des records historiques, et alors que de nouvelles réglementations européennes contraignantes pour les producteurs de cacao doivent entrer en vigueur fin décembre 2024, pour lutter contre la déforestation.

Selon Bart Van Besien d’Oxfam Belgique, ce ne sont pas seulement les producteurs de cacao d’Afrique de l’Ouest qui sont en difficulté, mais aussi les géants de la filière. En un an, le prix du cacao serait passé de 2 500 à 10 000 dollars la tonne. Van Besien plaide « pour des solutions politiques » afin que tous les acteurs du secteur puissent recevoir un prix équitable et que les droits des agriculteurs locaux soient respectés. « Payer correctement les producteurs de cacao est un devoir moral », a déclaré la reine Mathilde, présente à la Conférence de Bruxelles.

« Payez plus pour du cacao durable ». En choisissant ce titre, l’Organisation internationale du cacao (ICCO) a donné le ton, quitte à se priver de certains sponsors pour cette cinquième conférence mondiale.

Hormis le groupe Mars, les multinationales n’ont pas répondu à son appel. L’un d’eux a fait comprendre officieusement aux organisateurs qu’il n’était pas possible de se rassembler autour d’un tel slogan, quand d’autres ont fini par accepter de financer au moins la conférence, à condition de ne pas se présenter. Un positionnement qui en dit long sur les difficultés des majors du cacao à s’engager publiquement à rémunérer davantage les agriculteurs.

« Prix et durabilité sont les deux faces d’une même médaille », a rappelé la Reine des Belges Mathilde. « Tous les parents du monde veulent donner la meilleure éducation possible à leurs enfants, tous les agriculteurs du monde savent à quel point ils dépendent de la nature et de la biodiversité. Mais beaucoup sont trop pauvres et sont obligés d’envoyer leurs enfants aux champs plutôt qu’à l’école, ou de déboiser plutôt que de protéger la forêt. La reine Mathilde voit également de nombreux domaines où le rôle et les compétences des femmes « pourraient être mieux reconnus et valorisés, que ce soit dans la production du cacao lui-même, dans la transformation post-récolte ou dans la commercialisation ».

Des planteurs soutenus par la Reine des Belges

Malgré ces signaux peu encourageants, parler de prix est bien moins tabou qu’il y a quelques années, s’accordent les experts. Certains acteurs présents à Bruxelles veulent croire qu’un basculement se dessine, et s’accrochent au discours de la Reine des Belges, Mathilde, qui a ouvert la Conférence lundi 22 avril 2024, en insistant sur la nécessité morale d’agir, face à une « répartition de la valeur si inégale » dans la filière cacao-chocolat.

Ce discours a été salué par tous, mais l’unanimité exprimée se fissure très vite lorsqu’il s’agit de savoir comment mieux répartir le coût d’un cacao plus durable entre les maillons de la chaîne, autrement dit lorsqu’il s’agit de savoir qui paiera un haricot plus respectable, qui ne provoque pas de déforestation, et qui permet au planteur de vivre décemment tout en envoyant ses enfants à l’école.

“Quelqu’un devra payer”

“La réalité est aujourd’hui que personne ne veut partager sa marge”, constate avec amertume Michel Arrion, directeur exécutif d’Icco à Bruxelles, et au final, “peu de consommateurs sont de leur côté prêts à payer plus”, selon à Philippe de Selliers, président de Choprabisco, l’Association Royale Belge des Industries du Chocolat.

Or, le producteur de cacao, maillon qui réalise la plus petite marge selon le bureau d’études Le Basic, ne peut supporter les coûts de la traçabilité exigée aujourd’hui par la nouvelle réglementation européenne, a rappelé une nouvelle fois la Côte d’Ivoire, premier fournisseur mondial de fèves qui appelle à la responsabilité de l’industrie du cacao.

Dans cette grande partie de ping-pong, chacun doit prendre ses responsabilités, selon l’Organisation internationale du cacao, y compris les États producteurs et l’Europe, en tant que marché importateur, “car en fin de compte, quelqu’un devra payer”.

Moctar FICUU / VivAfrik

 
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