Les avocats de Gisèle Pelicot demanderont lundi la levée du huis clos lors de la diffusion de vidéos mettant en cause des accusés dans le procès pour viols de Mazan, ont-ils annoncé mercredi, un sujet qui divise profondément les parties.
« Je déposerai des conclusions lundi » en ce sens, a déclaré l’un des avocats de Gisèle Pelicot, Stéphane Babonneau.
Dominique Pelicot a reconnu avoir drogué pendant dix ans sa femme Gisèle afin de la violer et de la livrer à des dizaines d’hommes, dont une cinquantaine sont jugés à Avignon depuis le 2 septembre.
Vendredi dernier, après la diffusion de deux séries de photos et vidéos en présence de journalistes, le procureur général Jean-François Mayet a demandé que l’intégralité des images “soient visionnées par le tribunal”, recevant le soutien des parties civiles et de l’avocat de Dominique Pelicot.
Les avocats des autres accusés s’y sont toutefois farouchement opposés, l’un d’eux demandant si « pour être correctement rendue, la justice a besoin [ce] « déballage nauséabond ».
Le président du tribunal correctionnel, Roger Arata, avait alors décidé que les diffusions se feraient au cas par cas et que, « considérant que ces images sont indécentes et choquantes », cela aurait lieu en l’absence du public ou de la presse.
« C’est un procès qui a le pouvoir de changer la société. Mais pour que cette société change, il faut avoir le courage de faire face à ce qu’est vraiment le viol », a déploré M.et Babouin.
Mercredi, Me Arata a indiqué qu’il faudrait « au moins deux heures » pour que les parties puissent exprimer leur point de vue sur les conclusions des avocats de Gisèle Pelicot, laissant entendre que les débats seraient une nouvelle fois tendus dans un procès très médiatisé.
Le président du tribunal n’a pas précisé quand aurait lieu ce débat, indiquant seulement que les avocats, qui ne sont plus tous présents à Avignon, seraient prévenus suffisamment à l’avance.
Il a également confirmé que les vidéos seraient diffusées ce jeudi, très probablement sans la présence de la presse.
Dans un communiqué publié mercredi soir, l’Association de la presse judiciaire (APJ) dénonce « les méthodes abusives et méprisantes » de M. Arata, qui « contourne le code de procédure pénale en invoquant son pouvoir de police de l’audience pour exclure la presse lorsque des images des viols sont diffusées, alors même que la partie civile, seule autorisée à demander le huis clos, ne le souhaite pas ».