TRIBUNE
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Le procès pour viol de Mazan, qui se tient jusqu'en décembre, ne doit pas occulter le fait que 94% des plaintes pour viol ont été classées sans suite en 2021. Pour la Fondation des femmes, une loi doit être adoptée pour que les victimes soient entendues.
Parce que nos voix seules ne suffisent pas, nous attendons de la justice qu’elle envoie un message clair à nos pères, frères, amis, oncles et cousins, professeurs, patrons, prêtres, imams ou rabbins, une fois pour toutes, que notre corps ne leur appartient pas. La culture du viol et de l’impunité doit cesser là.
Pour cela, un préalable est indispensable : prendre les victimes au sérieux. L'affaire du viol de Mazan concerne un enquêteur qui décide de prendre au sérieux une photo volée sous la jupe d'une femme. Du téléphone portable à l'ordinateur, du site Internet au fichier ADN, cette affaire « anodine » pourrait mettre à jour un violeur en série, un meurtrier et plus de 50 autres personnes avec lui.
En revanche, selon une note de l’Institut de politique publique publiée en avril, 94 % des plaintes pour viol ont été classées sans suite, un chiffre en constante augmentation depuis #MeToo. Souvent faute de moyens, aucune enquête n’est menée, l’accusé, dont l’identité est connue dans 80 % des cas, n’est pas convoqué, son téléphone portable n’est pas fouillé, les preuves ne sont pas collectées ou ne sont pas sauvegardées. Combien de Dominique Pelicot continuent-ils à agir en toute impunité ?
Les monstres sont normaux
Mais pouvons-nous nous en contenter sachant qu'il a fallu neuf ans pour sauver Mme Pelicot pendant qu'elle alertait les médecins de