In Hénin-Beaumont, Marine Le Pen on a justification mission – Libération

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      Libération

De retour dimanche dans son fief, la dirigeante d'extrême droite a tenté de justifier sa clémence envers le nouveau chef du gouvernement, alors que plusieurs médias ont révélé qu'elle avait été consultée au préalable.

Comment se faire passer pour un adversaire du “système” quand Emmanuel Macron vient d'obtenir le feu vert pour nommer à Matignon un ancien commissaire européen issu des Républicains ? Dimanche 8 septembre, entre deux pin-up peroxydées, une rangée de voitures anciennes et une chanteuse de rock à la chevelure épaisse, Marine Le Pen a brisé la crête sur laquelle elle et ses ouailles devront tenir en équilibre tant que le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, aura la bénédiction de l'extrême droite pour se maintenir à son poste sans être censuré par elle. Là, au milieu des étals du marché aux puces d'Hénin-Beaumont où elle a pris l'habitude de faire sa rentrée politique depuis quinze ans, la députée du Pas-de-Calais réinvente l'histoire et assume la vérité.

« Je vous exhorte à ne pas croire ce qui est écrit dans les journaux, cela pourrait vous rapprocher de la vérité » elle nie l'information “peut” de Journal du dimanche et de Valeurs actuelles selon laquelle le président de la République lui avait téléphoné directement jeudi pour savoir si elle acceptait toujours de laisser une chance à l'ancien négociateur du Brexit. Le matin même, son numéro 2 à l'Assemblée, Jean-Philippe Tanguy, l'avait décrété« l’un des politiciens les plus stupides que la France ait jamais produit. » Selon les deux titres, bien en vogue au RN comme dans la Macronie, Le Pen aurait rassuré le chef de l’État et réprimandé son lieutenant, tout en échangeant avec Thierry Solère, sorte de baron noir du Château plusieurs fois mis en examen. Des combinaisons secrètes qui, vues d’Hénin-Beaumont, auraient vite passé pour du « manigances » dénoncé par le député. « Je ne suis pas le DRH d'Emmanuel Macron » Le Pen s'est donc défendue avant de retourner à son bain de selfies.

« Relation toxique » avec les Français

Dans le petit jardin de son bureau parlementaire, la finaliste de la dernière élection présidentielle s'efforce devant une centaine de partisans de creuser l'écart qui la sépare du président de la République qui « a fait ce qu’il fait le mieux depuis sept ans : diviser », « aura réussi à rendre notre pays ingouvernable [et] affaibli nos institutions comme jamais auparavant », en maintenant un « relation toxique » aux Français. Le nouveau Premier ministre se porte bien, malgré les protestations de “respect” tempérée par des désaccords tout aussi respectueux.

Ce ne sont pas les autres partis politiques qui « Depuis deux mois, nous sommes au diapason du scénario concocté par Emmanuel Macron […] un véritable festival d'hypocrisie et de postures […] digne des pires heures de la IVe République. » « Ils se sont relâchés, ils se sont cooptés et concernant les LR du premier tour […] tout cela pour constituer le grand parti unique du déshonneur démocratique”, Marine Le Pen s'emporte, ce qui fait siffler Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez. Puis elle s'empresse de justifier, tout de même, le soutien passif apporté à un Premier ministre issu de… leur parti : « La nomination de Michel Barnier est un dernier recours, […] « C’est sûrement mieux qu’un Premier ministre d’extrême gauche avec son programme délirant et sa haine en remorque. » « Nous ne donnons pas carte blanche, elle prévient. Si au fil des semaines, les Français sont une nouvelle fois oubliés ou maltraités, nous n'hésiterons pas à censurer le gouvernement.

« À mon avis, cela ne durera pas longtemps. »

L'enjeu est de savoir quand l'extrême droite jugera trop coûteux de soutenir Barnier, ou quand l'image d'un parti responsable, garant de l'ordre face à la “chaos”, frottera trop avec les aspirations populistes de son électorat. Proche du patron et très implanté dans le bassin minier, le député de Liévin, Bruno Bilde, juge l'ancien Balladurien « C’est totalement illégitime. » « À mon avis, il ne tiendra pas longtemps s’il ne prend pas des mesures phares sur le pouvoir d’achat, comme la baisse de la TVA », il prédit, semblant penser que le débat sur le budget, à l'automne, pourrait signer la fin du bail du septuagénaire obligé de trouver plusieurs milliards et donc peu enclin à se priver de recettes fiscales, comme le réclame le RN. « C'est le chaos mais il vaut mieux avoir un Barnier que Lucie Castets, on ne veut pas bousiller le pays sans renoncer à notre vision du pays, donc c'est un équilibre compliqué, oui », a exposé Laurent Jacobelli, député de Moselle, samedi dans les allées de la foire de Châlons-en-Champagne (Marne) où Jordan Bardella faisait sa rentrée.

Le jeune président était parti en vacances la queue entre les jambes après ses contre-performances aux législatives, sautant les premiers travaux de sa commission au Parlement européen pour la chaleur du sud de la France et de l'Italie. Il est revenu revigoré, son autobiographie presque terminée, jure-t-il, après avoir médité sur la profondeur politique à tirer de son « défaite personnelle », tempéré par une victoire de son camp : « Désormais, rien ne pourra se faire sans nous. » « Michel Barnier est sous surveillance démocratique. » ajoute-t-il avant de replonger lui aussi dans le bain des selfies et des autographes qualifiés au sein de l'équipe de communication du parti. « mouvements de foule ». Il compte les multiplier au cours de l'année. C'est moins fatiguant que l'exercice du pouvoir.

 
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