Qu’est-ce qu’un « gouvernement technique » ? – Libération

Qu’est-ce qu’un « gouvernement technique » ? – Libération
Qu’est-ce
      qu’un
      «
      gouvernement
      technique
      »
      ?
      –
      Libération

Les consultations se poursuivaient lundi 2 août à l’Elysée dans le but que le président de la République fasse son choix sur le profil du futur Premier ministre. Alors que divers noms ont été évoqués dans la presse depuis qu’Emmanuel Macron a écarté toute option soutenue par le Nouveau Front populaire, une personnalité semble faire l’objet d’une hypothèse sérieuse : Thierry Beaudet, actuel président du Conseil économique, social et environnemental, pourrait bien être sur les rangs selon les informations de l’AFP. l’Opinion. Un profil de la société civile jugé moins politique que les propositions précédentes. Et qui ouvrirait la voie, selon les commentateurs, à un « gouvernement technique ». Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

D’un point de vue strictement juridique, pas grand-chose. Deux experts constitutionnels confirment que Vérifiez les actualités que cette notion n’a pas « cohérence juridique ». En science politique, en revanche, on parle de « gouvernement technique » pour décrire un gouvernement composé de « les personnes qui ne sont pas liées à un parti politique », explique à Vérifiez les actualités Damien Bol, chercheur et enseignant au Cevipof, spécialiste des comportements politiques. « Ces gens sont envoyés au gouvernement en raison de leur expertise. En théorie, ils sont neutres, même s’il est difficile d’être politiquement neutre en tant que citoyen. Disons, en tout cas, qu’ils ne sont affiliés à aucun parti. » À cet égard, bien que Thierry Beaudet ne revendique ouvertement son appartenance à aucun parti, sa position sur la loi sur l’immigration, par exemple, est connue, puisqu’il a déclaré début janvier sur X qu’il avait manifesté contre celle-ci.

Damien Bol précise qu’en cas de nomination d’un Premier ministre non partisan, alors l’hypothèse la plus réaliste est que l’ensemble du gouvernement soit technique, composé de personnalités non affiliées à un parti : « Mettre un ministre politique dans une telle configuration n’aurait pas beaucoup de sens, car il serait contraint de toutes parts », précise-t-il. L’inverse est plus fréquent : on retrouve fréquemment des ministres issus de la société civile dans des gouvernements partisans.

« Politiquement neutre »

En Europe du Nord, l’hypothèse d’un gouvernement technique a un goût de nouveauté. En France, une telle situation remonte à 1877, après une dissolution décidée par le président Mac Mahon dans le contexte d’une grave crise politique. La pratique d’un gouvernement technique est plus courante en Europe du Sud. « En 2008, pendant la crise économique, plusieurs pays ont eu recours au gouvernement technique pour mettre en œuvre des mesures d’austérité, explains Damien Bol. Puis nous avons vu ce système revenir en Italie pendant la crise du Covid, avec le gouvernement de Mario Draghi. A chaque fois, nous avons recours à cette pratique quand nous avons du mal à trouver une coalition ou une majorité absolue.

Un gouvernement technique est un gouvernement à part entière : « Il a plus de pouvoirs qu’un gouvernement de routine [en place actuellement, ndlr] dont l’objectif principal est de ne pas laisser le pays abandonné. Le politologue ajoute : « Le gouvernement technique peut proposer des lois et mener des politiques publiques, même s’il ne bénéficie pas de la légitimité symbolique que lui aurait conféré une victoire aux élections. Il reste soumis au jeu démocratique car le gouvernement ne pourra rien faire sans le Parlement, qui vote les propositions de loi et constitue un garde-fou. »

Mais dans le contexte d’un gouvernement « politiquement neutre », qui donnera couleur et direction aux projets de loi ? En d’autres termes : dans cette hypothèse, Emmanuel Macron continuerait-il à insuffler sa propre vision politique ? Les comparaisons étant rares, difficiles, à l’heure actuelle, pour connaître la marge de manœuvre du Premier ministre à la tête d’un gouvernement technique dans un régime semi-présidentiel. Damien Bol : « Techniquement, le Premier ministre ne serait pas issu du parti présidentiel, il pourrait donc conserver une certaine liberté par rapport au président. Il n’est pas exclu qu’il puisse prendre une certaine indépendance. En même temps, il ne bénéficie pas de la légitimité démocratique, bien qu’affaiblie, du président. En tout cas, cela devrait être très intéressant à observer. » Pour une grande partie de la gauche, comme François Ruffin, il n’y a aucun doute : un gouvernement technique reviendrait à « continuer la même politique menée depuis quarante ans. »

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Dubaï reste la ville la plus populaire auprès des dirigeants nomades numériques
NEXT Le pass ferroviaire s’est vendu à 235 000 exemplaires cet été, bien en deçà des objectifs du gouvernement