Il s’appelle Pello Otxandiano, il n’a que 41 ans, avec ses lunettes, il a une apparence sérieuse, son discours est très social et il parle peu de l’identité basque, rappelle notre envoyé spécial à Saint-Sébastien, François Musseau. C’est le candidat favori de ces élections législatives, le leader de Bildu, une coalition séparatiste de gauche dont le cœur est l’héritier direct d’Herri Batasuna, l’ancienne branche politique de l’ETA.
Et pourtant, il n’y a plus de vagues ici, comme le souligne Alberto Surio, analyste au journal El Diario Vasco : « Cette campagne électorale a démontré que nous sommes plus proches de Copenhague que souvent de Madrid. Le ton à Madrid est très dur sur la scène politique et, ici en revanche, cette campagne a révélé un grand niveau de maturité et de sérieux démocratique. »
Une campagne très douce donc. Vraiment surprenant quand on pense que dans un passé récent, les élections ont été systématiquement marquées par des attentats, des assassinats et des menaces de mort de la part de l’ETA. Pour Alberto Surio, le Pays Basque a profondément changé. « La société basque s’est profondément transformée en vingt ans », analyse-t-il. Il existe une succession générationnelle qui est notoire ; et la société basque a tourné la page de son passé. » Pourtant, à en entendre beaucoup, les blessures du passé ne sont pas encore vraiment cicatrisées.
Des équilibres politiques préservés ?
EH Bildu pourrait donc s’imposer, sans gouverner, car le Parti socialiste basque devrait s’allier au Parti nationaliste basque pour diriger la région et ainsi préserver les équilibres politiques, comme le détaille Maria Elisa Alonso, politologue, enseignante et chercheuse à l’Université de Lorraine. .
« Je pense qu’il ne faut pas mélanger politique nationale et politique régionale », explique-t-elle à Romain Lemaresquier du service international de RFI. Au niveau national, le Parti Socialiste Basque a besoin du soutien du PNV et du Bildu. Mais, au niveau régional, il s’est toujours rangé du côté du PNV. Il n’y a aucune marge de manœuvre pour former une coalition pour le gouvernement régional avec Bildu. Nous ne pouvons donc vraiment pas reproduire les accords de Madrid avec le Pays Basque. De plus, le leader du parti socialiste (basque) a déjà déclaré dès le début qu’il n’envisagerait jamais un gouvernement avec Bildu et qu’en plus, les coalitions ou les accords conclus au Pays Basque se décident au Pays Basque. , et pas Madrid. Il y a donc vraiment deux jeux complètement différents. »
