(Pittsburgh) Joe Biden a annoncé mercredi vouloir tripler les droits de douane sur l’acier et l’aluminium en provenance de Chine, un choix politique destiné à la classe ouvrière américaine qu’il tente de séduire cette semaine en faisant campagne en Pennsylvanie.
Publié à 6h47
Mis à jour à 12h20
Andrew CABALLERO-REYNOLDS et Julie CHABANAS à Washington
Agence France-Presse
Le démocrate a accusé Pékin de « tricher » dans le commerce mondial de l’acier, portant préjudice aux industriels américains et à leurs salariés, un électorat clé pour la présidentielle de novembre qui le verra affronter, sauf surprise, son rival Donald Trump.
“Ils sont xénophobes”, a déclaré Joe Biden dans un discours depuis le siège du Syndicat des Métallos à Pittsburgh, la capitale historique de l’acier des États-Unis.
Le démocrate a déploré que les entreprises sidérurgiques chinoises « n’aient pas à se soucier de réaliser des bénéfices parce que le gouvernement chinois les subventionne massivement ».
« Ils ne rivalisent pas, ils trichent. Et nous avons vu les dégâts ici en Amérique», a déclaré celui qui se présente comme le meilleur allié des travailleurs américains.
“Je ne cherche pas une confrontation avec la Chine, je veux de la concurrence, mais une concurrence loyale”, a encore précisé Joe Biden, assurant qu’il n’y aurait pas de “guerre commerciale” avec Pékin.
Campagne des cols bleus
D’une seule voix, syndicats et patronat ont salué ces mesures protectionnistes.
Le Syndicat des Métallos (USW) l’a remercié pour son action « agressive » pour défendre leurs emplois.
Le syndicat a annoncé le mois dernier soutenir le démocrate pour l’élection de novembre, accusant son adversaire Donald Trump de « démanteler les droits des travailleurs », lui qui se présente pourtant comme le champion de la relance de l’industrie manufacturière américaine.
Plus de 40 % des emplois manufacturiers ont été perdus depuis 1990 en Pennsylvanie, cœur historique de l’industrie américaine et l’un des six États clés qui pourraient, en novembre, faire basculer le résultat des élections.
US Steel, le géant américain de l’acier, basé dans cet Etat, a dit « applaudir » l’annonce de Joe Biden, tout comme l’organisation patronale du secteur. Le démocrate a réitéré mercredi son opposition à son rachat par le japonais Nippon Steel.
La veille de mardi, Joe Biden avait appelé depuis sa ville natale de Scranton à une augmentation des impôts pour les plus riches, marquant le contraste avec Donald Trump. Ce dernier était “très occupé en ce moment”, a taclé le démocrate mercredi, en référence au procès qui occupe le milliardaire à New York.
Le démocrate est montré en train de faire campagne sur le terrain, trois jours d’images médiatiques centrées sur la Pennsylvanie et son électorat travailleur blanc.
“Fausses accusations”
Mais, alors que Donald Trump défend depuis longtemps une augmentation des droits de douane contre la Chine, son équipe de campagne a dénoncé mercredi un revirement opportun du démocrate.
« Joe Biden a passé toute sa carrière à trahir les travailleurs américains », a écrit un porte-parole du républicain dans un communiqué. Les mesures annoncées mercredi “sont trop faibles et arrivent trop tard”, a ajouté Karoline Leavitt.
Le démocrate se targue d’être à l’origine, avec une immense loi pour promouvoir l’industrie verte, du doublement des investissements pour de nouvelles usines aux Etats-Unis depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2021, et de la création de près de 80 000 emplois manufacturiers.
Et pour les protéger, l’actuel président a appelé mercredi son représentant au Commerce (USTR) à “envisager de tripler les droits de douane actuels”, de 7,5% en moyenne, imposés sur une partie de l’acier et de l’aluminium chinois importés aux Etats-Unis.
L’administration Biden a également annoncé une enquête sur les mesures chinoises dans « les secteurs de la construction navale, du transport maritime et de la logistique ».
Pékin a rapidement dénoncé de « fausses accusations ».
L’enquête américaine “interprète à tort les activités normales de commerce et d’investissement comme étant préjudiciables à la sécurité nationale et aux intérêts des entreprises américaines”, a déclaré le ministère chinois du Commerce dans un communiqué. Les États-Unis « accusent la Chine de ses propres problèmes industriels ».
Les annonces américaines interviennent sur fond de forte rivalité avec la Chine, malgré la reprise du dialogue entre les deux pays.
Lorsqu’on lui a demandé si ces annonces mettraient en danger la relation qu’il tente d’entretenir avec le président chinois Xi Jinping, Joe Biden a répondu « Non. »
