Après les hôtels et restaurants « réservés aux adultes », faut-il s’attendre à voir de plus en plus d’espaces publics refuser les enfants ? Côté transports, l’idée semble faire son chemin. Du moins si l’on en croit la décision de plusieurs compagnies aériennes de créer des zones « no-kids » dans leurs avions. C’est notamment le cas de la compagnie aérienne turco-néerlandaise Corendon, qui a créé le buzz l’été dernier en devenant le premier opérateur européen à proposer des espaces strictement réservés aux adultes. Certaines compagnies asiatiques comme AirAsia X, Malaysia Airlines ou Scoot avaient déjà lancé la tendance il y a quelques temps.
Voici les comportements considérés comme les plus gênants en avion :
Individualisme ou fin d’un tabou ?
Dans un article consacré à cette vague du « no-kids », Le Monde s’interroge : montée de l’individualisme, technique marketing ou désir de longue date enfin décomplexé ? Un peu des trois sans doute. Il y a d’un côté un petit pincement de soi, une remise en question de la pédagogie positive insufflée par une nouvelle parentalité, mais aussi un marketing du « sans ». Les maux de notre société se transforment ainsi en argument commercial, à l’instar du « sans gluten », du « sans sucre », du « sans alcool »…
De là à bientôt voir l’offre « kids free » devenir une proposition commerciale comme une autre ? Preuve de l’ampleur du phénomène, même le parc d’attractions pour enfants Disney s’y est mis, en distinguant clairement les zones avec et sans enfants. Sur le site Adultsonly.fr, on retrouve des centaines d’hôtels français, espagnols, italiens… qui ont choisi « no kids ». À tel point que les transports s’en mêlent également. N’est-ce pas finalement le lieu par excellence qui exacerbe les frustrations liées à l’Autre ? La preuve avec cette récente enquête réalisée par Newsweek avec l’institut Redfield and Wilton Strategies. 59% des personnes interrogées seraient favorables à la création de zones sans enfants dans les trains et les avions. Seuls 27% y sont opposés. Ces zones « réservées aux adultes » seraient particulièrement appréciées de la génération Z et des Alphas. 61% des 18-24 ans se déclarent favorables. Un chiffre qui monte à 69% pour les 25-34 ans.
Les transports sont en difficulté
Cependant, on peut facilement supposer que c’est cette dernière tranche d’âge qui risque de voyager avec de jeunes enfants. Les espaces réservés aux enfants seraient-ils également une aubaine pour les parents ? Une façon de ne plus craindre que votre petit crie pendant un voyage en avion de plusieurs heures, ou donne des coups de pied dans le siège passager avant pendant tout le trajet en train. Les transporteurs ferroviaires ont peut-être trouvé la solution. Au lieu d’exclure les enfants de certaines zones, les familles sont placées dans des espaces spécifiques. Certains TGV de la SNCF proposent des « Espaces Famille ». Trenitalia fournit des voitures Allegro et Silenzio. Une manière de proposer des endroits calmes où l’on ne parle pas et où l’on éteint son smartphone, sans forcément évoquer les enfants indisciplinés.
Une organisation un peu plus compliquée à mettre en place à bord d’un avion, qui explique peut-être les réticences de certaines compagnies aériennes qui ont déclaré ne pas avoir l’intention de rendre une partie de leurs avions interdite aux enfants. Interrogées par Nu, les sociétés TUI, KLM et Transavia ont affirmé qu’elles n’envisageaient pas de telles mesures. Même si elles pourraient probablement facturer un supplément intéressant pour les compartiments sans enfants, les entreprises craignent d’être accusées de discrimination. D’autant qu’il n’y a pas de place réservée aux adultes qui vous volent votre accoudoir, se déchaussent dans l’avion ou adoptent le manspreading en toute décontraction.
Ne manquez aucune actualité lifestyle sur sosoir.lesoir.be et abonnez-vous dès maintenant à nos newsletters thématiques en cliquant ici.
