Conflit Équateur-Mexique | Mexico et Quito à couteaux tirés

Conflit Équateur-Mexique | Mexico et Quito à couteaux tirés
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L’intervention inhabituelle des forces de police équatoriennes à l’ambassade du Mexique à Quito pour arrêter un homme politique soupçonné de corruption continue, une semaine plus tard, de susciter des vagues diplomatiques qui ne sont pas près de disparaître.


Publié à 1h31

Mis à jour à 7h00

Sebastian Hurtado, analyste politique de l’agence Prófitas, basée à Quito, note que le président de l’Équateur, Daniel Noboa, « doit projeter une image de force » face à la population équatorienne et semble peu probable, dans ce contexte, esquisser une stratégie. un mea culpa capable d’apaiser les tensions.

Le président mexicain Andrés Manuel López Obrador, qui qualifie l’entrée de la police dans l’ambassade d’acte « autoritaire » violant la souveraineté de son pays et le droit international, promet de son côté d’accroître les recours.

M. Hurtado note que le dirigeant mexicain se sent « galvanisé » par le soutien international reçu ces derniers jours et entend tout faire pour « punir » le président Noboa.

Une plainte a notamment été déposée jeudi auprès de la Cour internationale de Justice, au lendemain de la diffusion d’une vidéo montrant l’irruption des forces de l’ordre dans l’ambassade et leur face-à-face avec un employé indigné.

Il a été expulsé manu militari par la police, qui est repartie en emportant la cible de l’opération, l’ancien vice-président équatorien Jorge Glas.

Immunité diplomatique contre la corruption

L’homme de 54 ans, qui a déjà passé cinq ans en prison après avoir été reconnu coupable de détournement de fonds en 2017, s’est réfugié à l’ambassade en décembre pour échapper à une inculpation dans une nouvelle affaire de corruption.

Les autorités équatoriennes ont demandé au Mexique de remettre le fugitif sans modifier la position du chef de l’Etat mexicain, proche de l’ancien président équatorien Rafael Correa, sous lequel M. Glas a servi.

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PHOTO ALFREDO ESTRELLA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador

La situation s’est aggravée la semaine dernière lorsque Andrés Manuel López Obrador a déclaré que l’élection de Daniel Noboa en 2023 avait été facilitée par l’assassinat d’un candidat, Fernando Villavicencio. Ce journaliste et militant avait reçu des menaces de mort de la part d’un gang.

Il n’est pas allé jusqu’à suggérer que le président Noboa était lié à l’assassinat, mais a affirmé que c’était lui qui en avait bénéficié.

Sebastian Hurtado, analyste politique de l’agence Prófitas

Le président équatorien a réagi avec colère en annonçant l’expulsion de l’ambassadeur du Mexique du pays. Le Mexique a répondu vendredi dernier en annonçant que M. Glas avait obtenu l’asile politique. Le coup d’État de Quito a suivi.

Ces développements ont été discutés cette semaine par le gouvernement équatorien lors d’un sommet des pays de l’Organisation des États américains (OEA) visant à faire le point sur la crise.

L’Équateur soutient que le Mexique a violé le droit international en acceptant d’héberger une personne cherchant à échapper à la justice.

La plupart des intervenants présents à la réunion ont plutôt fustigé l’entrée de la police dans l’ambassade, la qualifiant de grave violation de l’ordre diplomatique.

Même les Etats-Unis, qui sont un proche allié de l’Équateur, ont fini par manifester à Quito, note M. Hurtado, qui voit un lien entre l’approche musclée de M. Noboa et la tenue le 21 avril d’un important référendum dans le pays.

Gains politiques

Le gouvernement équatorien demande à la population d’adhérer à une série de réformes qui permettraient aux forces de sécurité d’intervenir avec moins de contraintes contre les groupes criminels actifs dans le pays.

M. Noboa s’inspire en partie des actions du président salvadorien Nayib Bukele, qui a emprisonné des dizaines de milliers de membres présumés de gangs tout en rejetant les critiques sur les risques pour les droits humains.

M. Hurtado note que les propositions soumises à un référendum en Équateur ne visent pas, à première vue, à donner plus de pouvoirs au président Noboa en favorisant un virage autoritaire similaire à celui de son homologue salvadorien.

Ils pourraient cependant lui servir politiquement en lui permettant de gagner des gains dans la lutte contre les trafiquants de drogue qui utilisent le pays comme point de passage pour l’exportation de leurs produits vers l’Europe.

Plusieurs d’entre eux ont des liens avec des cartels mexicains, ce qui complique la tâche des autorités, qui risque d’être rendue encore plus difficile par l’érosion des relations diplomatiques avec le Mexique.

L’entourage de Daniel Noboa dispose déjà de sondages indiquant que l’intervention à l’ambassade est bien accueillie par la population locale et pourrait l’aider dans le référendum et sa quête de réélection l’année prochaine.

Les personnes bien informées comprennent que l’intervention dans l’ambassade constitue une erreur majeure sur le plan international. Mais je pense que la plupart des Équatoriens veulent une action forte et des gens derrière les barreaux.

Sebastian Hurtado, analyste politique de l’agence Prófitas

Le problème, note l’analyste, est que les hommes politiques équatoriens ont tendance, lorsqu’ils arrivent au pouvoir, à attaquer leurs prédécesseurs pour les affaiblir.

Le système judiciaire n’est pas véritablement indépendant, ce qui fait qu’il est difficile de voir clairement le contenu des allégations de corruption avancées, note M. Hurtado.

L’ex-président Correa, qui vit en Belgique, a été condamné en 2020 par contumace pour détournement de fonds publics, une conclusion qu’il rejette.

Sur son

On se voit mardi

Le sommet virtuel des présidents latino-américains pour débattre et condamner l’intrusion de la police équatorienne dans l’ambassade du Mexique à Quito, prévu vendredi, a été reporté à mardi, a annoncé le chef de l’État hondurien qui préside la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes. (CÉLAC).

Ils examineront une proposition visant à demander à Quito de « promouvoir le dialogue pour normaliser les relations avec le Mexique » et, dans le cas contraire, « d’adopter des positions politiques ». [contre l’Équateur]qu’elle soit conjointe, bilatérale ou au sein d’organisations internationales pour en forcer la réalisation.

Les dirigeants politiques discuteront également d’une résolution de « ferme condamnation de l’État équatorien pour l’entrée illégale dans l’ambassade du Mexique à Quito, l’usage indu de la force et la violation du principe de l’inviolabilité des missions diplomatiques » pour « l’enlèvement ». » de l’ancien vice-président équatorien Jorge Glas.

Agence France-Presse

 
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