L’Otan célèbre son 75e anniversaire « dans un état paradoxal », entre revitalisation et défis multiples

L’Otan célèbre son 75e anniversaire « dans un état paradoxal », entre revitalisation et défis multiples
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A l’aube de son 75e anniversaire célébré jeudi, l’Otan a retrouvé du dynamisme, notamment avec les récentes adhésions de la Finlande et de la Suède. Mais l’organisation est également confrontée à de multiples défis, de la guerre en Ukraine au possible retour au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis. L’Alliance atlantique, selon l’historien militaire Guillaume Lasconjarias, se trouve « dans un état paradoxal ». Entretien.

Trois quarts de siècle au compteur. L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) célèbre jeudi 4 avril son 75e anniversaire. La réunion est également l’occasion de célébrer les 25 ans de l’adhésion de la Pologne, de la République tchèque et de la Hongrie, ainsi que les 20 ans de l’adhésion des États baltes. pays, la Slovaquie, la Roumanie, la Slovénie et la Bulgarie.

Alors qu’à sa création, l’Alliance ne comptait que 12 membres, contre 32 à ce jour, elle se retrouve confrontée à de multiples « défis majeurs », dont le soutien à l’Ukraine face à la Russie.

Réunis depuis mercredi à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Otan doivent discuter de la création d’un fonds d’aide à Kiev d’un montant de 100 milliards d’euros sur cinq ans. Lors de cette réunion, le secrétaire général Jens Stoltenberg a déclaré que l’OTAN doit « assurer une assistance militaire fiable, prévisible et à long terme à l’Ukraine ».

Outre ce dossier sensible, l’Alliance atlantique doit également faire face à plusieurs problèmes internes ainsi qu’à une attractivité retrouvée, notamment en raison du conflit ukrainien. France 24 fait le point avec Guillaume Lasconjarias, historien militaire et professeur associé à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

France 24 : Quel est l’état de l’OTAN pour ses 75e anniversaire ?

Guillaume Lasconjarias : L’Alliance se trouve dans un état paradoxal. Elle n’a jamais été aussi rajeunie et revitalisée, n’a jamais été aussi nécessaire que ces dernières années et, en même temps, elle traverse depuis plus d’une décennie des crises quasi existentielles, à des intervalles assez fréquents.

Comment expliquer le regain d’attractivité d’une Alliance qu’Emmanuel Macron disait en « mort cérébrale » il y a quelques années ?

Des cadenas et des verrous ont été lancés concernant la politique de l’OTAN ainsi que la perception que nous en avons. Ainsi, la Suède et la Finlande ont rejoint l’Alliance après avoir maintenu une position neutre à son égard pendant près de 70 ans. Ce pouvoir d’attractivité est également incarné par l’Ukraine, qui souhaite rejoindre l’organisation politico-militaire et qui est dans une phase de profonde transformation interne pour la rejoindre un jour. Enfin, d’autres pays qui ne font pas partie de la sphère de l’OTAN sont également intéressés par un partenariat avec l’Alliance.

Lorsqu’Emmanuel Macron faisait sa déclaration à The Economist en 2019, il visait sans doute à créer une forme d’électrochoc. Et en disant cela, il a eu un effet assez positif, en accompagnant une réflexion déjà en cours au sein de l’Otan sur ce qu’il fallait faire dans un monde alors en bouleversement – ​​Donald Trump était au pouvoir, il y a eu le Brexit (voté en 2016, NDLR). ) et des questions sur l’avenir des relations avec la Russie.

Depuis, il y a eu des évolutions notables avec la guerre en Ukraine, qui a été un réveil assez brutal pour l’ensemble de la communauté internationale en février 2022, et avec un nouveau concept de sécurité dévoilé au sommet de Madrid, qui change véritablement le visage de l’OTAN en juin. 2022.

Quels sont les défis de l’OTAN et ses lignes rouges sur la scène internationale ?

L’Alliance n’a pas résolu plusieurs défis majeurs. Le premier est qu’il n’y a pas toujours convergence d’intérêts entre les pays qui le composent. À cela s’ajoute le fait que l’OTAN est une bureaucratie assez lourde en termes de ressources financières, et qu’elle aborde parfois des sujets que l’UE serait, par exemple, plus à même de traiter. Il existe enfin des sujets très sensibles au sein de l’Alliance, comme la Turquie – qui a parfois des attitudes ambiguës –, la Hongrie ou la Pologne.

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Concernant la guerre en Ukraine, l’OTAN est avant tout une alliance défensive comme le précise son article 5 – l’Alliance répond en fait à une agression et n’est donc pas dans une vision d’attaque préventive. Elle ne s’engagera pas volontairement dans un conflit, à moins que la communauté internationale ne le demande – par exemple par le biais d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU.

Quant à l’adhésion de l’Ukraine, elle semble impossible dans l’immédiat. L’OTAN considère qu’un pays en état de conflit territorial avec un de ses voisins ne peut pas rejoindre l’Alliance atlantique, car cette adhésion le placerait de fait en état de conflit immédiat. Et l’OTAN n’a pas l’intention de faire la guerre à la Russie.

Comment l’Otan pourrait-elle gérer une déstabilisation interne comme le possible retour au pouvoir de Donald Trump, très critique à l’égard de l’Alliance ? ?

Je ne crois pas que les États-Unis déstabiliseront l’Alliance. Leur absence et la rupture du lien transatlantique serait en effet un moment de crise… que nous avons déjà traversé entre 2016 et 2020 (durant le mandat de l’ancien président américain, NDLR).

Concernant l’avenir, deux visions s’opposent. Les plus pessimistes souhaiteraient que Donald Trump suspende la participation américaine, par exemple, au commandement militaire intégré de l’Otan. Une vision plus optimiste serait de voir comment les États européens réagiraient. Ces derniers ont noué une forme de bilatéralisme avec les Etats-Unis, notamment sur les contrats d’armement. Et ils démontrent ainsi qu’ils sont des alliés fiables qui font des efforts financiers, et que cela ne sert donc à rien de quitter l’OTAN.

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Un peu plus de la moitié des alliés de l’Otan consacrent plus de 2 % de leur PIB aux investissements de défense et montrent clairement que les démocraties ont désormais intégré cette nécessité.

 
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