[FOCUS] Natalité, excision, avortement… Pourquoi le corps des femmes intéresse-t-il tant les politiques ? – .

[FOCUS] Natalité, excision, avortement… Pourquoi le corps des femmes intéresse-t-il tant les politiques ? – .
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Au nom du maintien d’une certaine stabilité démographique, le corps de la femme se présente comme un outil politique dont l’usage constant semble parfois inhumain, pour ne pas dire abusif. En cette nouvelle année 2024, le physique des femmes fait encore plus parler de lui, et leurs remises en question sont bruyantes.

La femme doit répondre à des « devoirs », comme on l’entend en Gambie avec un activisme accru de certains politiques pour le retour de la pratique de l’excision, et ce malgré le traumatisme qui en résulte. Elle doit aussi réagir à « l’urgence », comme la baisse de la natalité en France qui inquiète son 25e président de la république, Emmanuel Macron, qui ne jure que par le cumul des naissances pour guérir une situation économique étouffante.

Et puis, doit-elle obéir à « Dieu » et à la « loi » comme les nombreuses femmes aux Etats-Unis qui, malgré une nécessité médicale due à une complication constatée lors de leur grossesse, peuvent difficilement y mettre un terme car elles risquent une condamnation pour « meurtre”.

Le corps du sexe faible semble appartenir à quelqu’un d’autre qu’à elle-même ; une posture délicate qui a pourtant son sens et ses explications.

La raison exacte derrière cette attention

En effet, s’il faut admettre que les politiques disposent d’un certain droit d’autorité sur le corps des citoyens, d’autant plus que ce pouvoir s’étend bien au-delà de la simple discipline individuelle, puisqu’il y vise également une régulation des populations dans leur ensemble, prenant en compte des aspects tels que santé, reproduction, mortalité…, le corps de la femme est doté d’une particularité qui lui confère un intérêt bien plus essentiel aux yeux du gouvernement : sa capacité à porter et à donner la vie. Un détail crucial qui reflète ouvertement sa valeur politique, selon Fatou Binetou Niang, doctorante en Sciences politiques, et membre du Laboratoire d’analyse des sociétés et des pouvoirs en Afrique (LASPAD) et du Carrefour d’études et de recherche-action pour la démocratie. et Développement (CERRAD). « La régulation de la reproduction et de la sexualité féminine a souvent fait l’objet de préoccupations politiques et de contrôle social », nous explique-t-elle avant d’ajouter : « Les politiques et réglementations en matière de contraception, d’avortement, de maternité, et même les normes esthétiques imposées au corps féminin peuvent être considérés comme des exemples de biopolitique appliquée au corps des femmes.

Alors, ce serait là que se situerait la solution aux menaces sociales qui peuvent peser sur une nation ? Des entrejambes pour dames ? Nous pouvons dire oui.

Tournons notre regard vers la France, par exemple. Avec son ambition de « réarmement démographique », le président français Emmanuel Macron veut inverser le déclin continu des naissances dans le pays, en associant explicitement démographie et pouvoir. Une corrélation entre croissance démographique et croissance économique qui suscite des discussions, mêlant démographes et économistes. Concrètement, cette initiative consiste à mettre en place « un grand plan contre l’infertilité » et à refondre le « congé parental » en « congé de naissance ». C’est pour cela que le gouvernement français travaille à étudier la possibilité d’augmenter l’indemnisation pour qu’elle soit « proportionnelle au dernier niveau de revenu ». Un plan qui n’a pas réjoui la députée écologiste, Sandrine Rousseau, qui fera entendre le 18 janvier sur TF1, que “les utérus des femmes ne sont pas une affaire d’Etat”. « Chaque femme est libre de choisir d’avoir des enfants ou de ne pas en avoir, et toute décision est légitime », a-t-elle déclaré avant d’ajouter : « les femmes font absolument ce qu’elles veulent de leur corps. “

Pour compléter ces propos, Fatou Binetou Niang met en avant une certaine méfiance à l’égard des décisions politiques imposées au corps féminin, arguant que les décisions prises en matière de régulation du corps des femmes peuvent être influencées par « des idéologies, des intérêts politiques ou économiques », ce qui peut parfois détourner l’attention. des besoins et désirs réels des personnes concernées. « Surtout dans nos pays africains où la religion, les traditions et les coutumes sont les arguments les plus utilisés pour avoir du pouvoir sur le corps d’une femme, sans tenir compte des impacts sur la santé de cette dernière et surtout pas de son opinion. En Gambie par exemple, un projet de loi sur le retour de l’excision est proposé avec pour base la religion et les coutumes : « ils avancent l’argument communément brandi, selon lequel ce qu’ils appellent « l’excision féminine » est une tradition profondément enracinée et que l’interdiction cela viole leur droit de pratiquer leur coutume. En aucun cas il n’est fait mention dans ce projet de loi des bienfaits de l’excision féminine ni de la prise en charge des conséquences que cette pratique peut avoir sur le corps de ces dernières », exprime-t-elle.

Admettons dans ce cas que le physique de la femme est un terrain sur lequel s’exerce le pouvoir politique ou « biopolitique », alors ne vaudrait-il pas mieux en avoir une réelle connaissance avant d’en profiter ? Car bien sûr, si on se permet de se poser cette question, c’est parce qu’une tout autre problématique tourne autour du sujet.

La régulation du corps des femmes par les « hommes » politiques

Notre Source n’a pas hésité à réagir lorsqu’on lui a demandé si un sujet aussi sensible que le corps de la femme devait être traité par des « hommes politiques ». “Absolument pas !”, a-t-elle répondu.

En effet, bien qu’il soit au pouvoir d’un Etat, l’homme politique n’a pas, et n’aura certainement jamais, une véritable compréhension du fonctionnement du corps du sexe faible, de sa quiétude et de son mal-être. Ignorer complètement ce que subit le corps d’une femme explique sa résistance à ne pas se conformer aux exigences d’un gouvernement majoritairement masculin. « Les décisions politiques concernant le corps des femmes ont des répercussions directes sur elles, tant physiques que psychologiques, et ces conséquences peuvent être importantes et durables », partage Mme Niang.

Cependant, il serait assez limité de notre part de simplement blâmer le sexe des politiciens pour certaines décisions néfastes à l’égard des femmes. Mais ce que les femmes leur demandent simplement, c’est que les réglementations qui affectent le corps des femmes soient examinées avec la plus grande attention et ne soient considérées comme acceptables ou discutables que si elles concernent des aspects tels que la démographie, la santé maternelle ou infantile, ou si elles nuisent à la santé des femmes. « Les arguments fondés sur la coutume ou la tradition, sans fondement solide ou ayant des effets plus néfastes que positifs sur le corps des femmes, ne devraient pas pouvoir influencer le débat public. Il est essentiel de protéger les femmes des politiques qui pourraient leur nuire, que ce soit sur le plan physique, psychologique ou socioculturel. Les décisions politiques doivent être guidées par le respect des droits et du bien-être des femmes, en tenant compte de leur autonomie, de leur santé et de leur dignité… »

 
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