on vous explique pourquoi la France s’oppose à l’accord européen contre l’afflux de céréales

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l’essentiel
L’Union européenne a décidé mercredi 20 mars de plafonner certaines importations agricoles en provenance d’Ukraine en exonération de droits de douane. Le blé n’en fait pas partie. La France juge cet accord insuffisant alors que la colère des agriculteurs couve encore dans les campagnes françaises.

Les États membres et le Parlement européen ont convenu de plafonner à partir de juin 2024 les importations agricoles en provenance d’Ukraine, déjà exonérées de droits de douane, comme les œufs, la volaille, le sucre, l’avoine, le maïs et le miel. La France juge cet accord insuffisant. Explications.

2022 : l’Europe assouplit ses règles pour l’Ukraine

Quatre mois après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, l’Europe a décidé d’assouplir ses règles pour aider les Ukrainiens et soutenir l’économie du pays. Les matières agricoles en provenance d’Ukraine peuvent entrer sur le marché intérieur européen sans droits de douane. L’Ukraine, qui ne fait pas partie de l’Europe, devait jusqu’alors s’acquitter de ces droits de douane.

2023 : les exportations agricoles de l’Ukraine bondissent

Grâce à la flexibilité accordée par les Européens, l’Ukraine exporte massivement sa production agricole vers l’Europe. Elles bondissent de 176 % entre 2021 et 2023, passant de 320 000 tonnes à 6 millions de tonnes. Les agriculteurs européens subissent de plein fouet cette concurrence qu’ils jugent déloyale. Ils ne peuvent pas rivaliser avec les coûts de production ukrainiens, qui sont bien inférieurs, ni avec les prix de la production agricole ukrainienne. Durant l’hiver 2023-2024, les agriculteurs polonais bloquent la frontière avec l’Ukraine et vont jusqu’à détruire les céréales ukrainiennes. Les camionneurs se joignent au mouvement de protestation.

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20 mars 2024 : l’Europe vote pour restreindre les importations agricoles ukrainiennes

L’Union européenne décide mercredi 20 mars 2024 de plafonner une partie des importations agricoles ukrainiennes qui ne payaient déjà pas de droits de douane. C’est le cas des œufs, de la volaille, du sucre, de l’avoine, du maïs et du miel. L’accord est conclu pour une durée d’un an à compter de juin 2024. L’Europe met cette fois en place des “mécanismes de sauvegarde” sur les céréales comme l’avoine et le maïs mais pas sur le blé ou l’orge, comme le demandaient les députés. Concrètement : les importations de produits agricoles ukrainiens en Europe ne pourront dépasser les niveaux moyens de 2022 et 2023. Au-delà, des droits de douane seront à nouveau appliqués. Cependant, le niveau des importations ukrainiennes n’a jamais été aussi élevé qu’en 2022-2023. L’Europe a également voté pour « un frein d’urgence sur la volaille, les œufs, le sucre, l’avoine, le maïs, les gruaux et le miel ».

Les syndicats agricoles ne sont pas d’accord

Les syndicats agricoles n’épargnent pas leurs critiques. Ils estiment que le plafond correspond aux volumes très élevés des deux dernières années qui ont provoqué la crise. « Sans changement d’année de référence et sans inclusion directe du blé, l’accord reste inacceptable », déclare Christiane Lambert, ancienne présidente de la FNSEA et dirigeante du Copa-Cogeca, l’organisation des syndicats agricoles européens majoritaires. Lors des négociations finales, il a été convenu que Bruxelles réagirait dans 14 jours et non plus 21 pour augmenter les droits de douane en cas d’augmentation excessive des importations de blé ukrainien en Europe.

Malgré l’inclusion de l’avoine, du maïs, des gruaux et du miel et le raccourcissement de la période d’activation, les principales modifications du @Europarl_FR et les demandes des producteurs ud83cuddeaud83cuddfa n’ont pas été prises en compte.

u26a0ufe0f Sans le changement de l’année de référence et sans… https://t.co/5mpPalua4P

-Christiane Lambert (@ChLambert_FNSEA) https://twitter.com/ChLambert_FNSEA/status/1770387722252722176?ref_src=twsrc%5Etfw

Pour Alessandra Kirsch, directrice d’études à Stratégies agricoles, interrogée sur France Inter, « à partir du moment où vous avez la Russie qui tire les prix vers le bas au niveau du blé – la Russie représente désormais un quart des exportations mondiales – « elle est capable de mettre du blé très bon marché sur le marché international. C’est à cause de la Russie que le prix des céréales est très bas, ce n’est pas à cause de l’Ukraine.» Le blé ukrainien est principalement destiné à la sélection.

La France critique l’accord européen

Malgré l’accord européen, la France exprime son désaccord. Les mesures votées ne sont « pas suffisantes », estime le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau. « Pour nous, l’accord n’est pas encore celui que nous souhaitions. […] Il y a un certain nombre d’avancées, mais elles ne suffisent pas, explique-t-il sur Infos France. La France veut inclure “plus de céréales”, poursuit Marc Fesneau, pour qui “il y a un sujet sur le blé notamment”. Le ministre chargé du Commerce extérieur, Franck Riester, va dans le même sens : « Le blé français ne peut pas être la variable d’ajustement du soutien à l’économie ukrainienne. »

ud83dudd34 Extension de l’exonération des droits de douane à l’Ukraine u27a1ufe0f « Pour nous, l’accord n’est pas encore celui que nous souhaitions », observe Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture. pic.twitter.com/sxVnE5uVVc

-franceinfo (@franceinfo) https://twitter.com/franceinfo/status/1770354343973200086?ref_src=twsrc%5Etfw

La question des importations agricoles s’inscrit dans le contexte de campagne pour les élections européennes du 9 juin. Un nouveau sondage donne 30,1% d’intentions de vote pour le RN Jordan Bardella, loin devant la liste Renaissance, Modem et Horizons de Valérie Hayer ; 12,2% pour Raphaël Glucksmann, le candidat Place publique – PS ; 8,1% pour la verte Marie Toussaint et 7,6% pour le candidat LR François-Xavier Bellamy.

Enquête Euronews/Ipsos, réalisée dans 18 pays auprès d’un échantillon représentatif de la population en âge de voter, auprès de 25 916 personnes interrogées du 23 février au 5 mars, en ligne et par téléphone, selon la méthode des quotas.
 
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