Opération ukrainienne ou « faux drapeau » russe ? – .

Opération ukrainienne ou « faux drapeau » russe ? – .
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La vidéo d’une attaque d’hélicoptère en Transnistrie est devenue virale dimanche.

Les autorités de cette région séparatiste pro-russe de Moldavie accusent l’Ukraine, qui nie.

Que sait-on des responsabilités de chaque camp ? TF1info fait le point.

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Les informations scrutées

Dans cette guerre informationnelle, chaque nouvel élément doit être abordé avec la plus grande vigilance. Une règle d’autant plus vraie que l’affirmation risque de mettre le feu aux poudres aux frontières de l’Europe. Face aux images d’un hélicoptère qui explose, largement relayées depuis dimanche 17 mars, l’heure est à la précaution. Car cette attaque, attribuée à l’Ukraine, a eu lieu dans cette zone incandescente qu’est la Transnistrie, région séparatiste pro-russe de Moldavie. Alors que sait-on de cette opération ? S’agit-il d’une frappe « préventive » depuis Kiev ou d’une mise en scène russe destinée à justifier une intervention sur ce territoire qui a demandé la protection de Moscou ?

Une machine garée depuis au moins 2003

Les faits se sont produits dimanche matin. Les premières images, diffusées par les séparatistes pro-russes, montrent d’abord l’épave d’un hélicoptère, un Mil Mi-8 de fabrication russe, accompagnées de brèves informations. “Une explosion a provoqué un incendie sur le territoire d’une unité militaire à Tiraspol”écrivent les autorités de cet État non reconnu, officiellement appelé « République moldave de la Pridnestrovia » (PMR), en précisant que l’incident aurait été provoqué « par une attaque de drone kamikaze ». Par la suite, d’autres images ont été relayées, dont celles en très haute qualité de l’incident filmées par un drone, accompagnées de messages accusant directement l’Ukraine.

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Une version reprise par tous les relais de propagande russe – notamment en France – mais rapidement démentie par la Moldavie. « Suite à l’examen des séquences vidéo et à l’échange d’informations, nous communiquons que l’incident en question est une tentative de semer la peur et la panique dans la région »Les autorités de Chisinau ont répondu dans un communiqué, sans confirmer “pas d’attaque” Dans la région. Et pour preuve, la Moldavie affirme que la machine en question n’était pas « n’est plus fonctionnel depuis plusieurs années ».

Une version corroborée par les nombreux éléments visuels. Une analyse de l’engin montre que la vitre avant gauche du cockpit est manquante, confortant l’idée que l’avion n’était pas en condition de vol. Est-ce le cas depuis de nombreuses années, comme le prétend la Moldavie ? Pour le savoir, nous avons localisé l’endroit où était stationné l’hélicoptère. D’après nos recherches, il se trouvait bien sur une aire de stationnement de cette base aérienne de Tiraspol. Pourtant, en parcourant les archives de Google Earth, dont les données satellite remontent à 2003, on découvre que cet hélicoptère n’a jamais bougé d’un iota. Même les pales du rotor sont arrêtées sur un axe identique, comme le montrent les images ci-dessous. La machine n’a donc pas été utilisée depuis 20 ans. Ce qui balaie la thèse pro-russe d’une « frappe préventive » menée par Kiev : cet hélicoptère ne constituait pas une menace.

L’hélicoptère attaqué en Transnistrie en mars 2024 était à l’arrêt depuis au moins 2003 – Google Earth / The Verifiers

Et que sait-on de la grève ? Les séparatistes pro-russes évoquent dans leur communication « munitions lancées depuis Odessa ». Une version que nous n’avons pas pu confirmer, malgré la qualité de la vidéo. Bien que l’image montre un drone survolant l’hélicoptère et une munition percutant l’engin par la gauche, impossible d’identifier l’avion en question. Il est également difficile d’analyser la direction du tir. Comme le souligne une Source militaire à TF1info, la frappe n’a pas été menée via un obus, mais via une munition téléopérée, ce qui ne permet pas de tirer des conclusions sur l’origine du tir.

Au-delà du fait que Kiev n’a aucun intérêt évident à mener une telle frappe, il n’existe donc aucune preuve tangible permettant d’accuser les forces armées ukrainiennes. Et la Russie ? C’est la théorie présentée par Andriy Yusov. Dans la presse ukrainienne, le porte-parole de la Direction du renseignement militaire du ministère ukrainien a évoqué l’hypothèse d’un « Provocation russe ». Car la possibilité d’une opération sous fausse bannière est bel et bien envisagée. Pour rappel, cette technique appelée « false flag » en anglais consiste, pour un pays ou une organisation, à mener des actions laissant penser à une attaque de l’ennemi. Et dans le cas présent, plusieurs éléments accréditent cette hypothèse.

Une opération sous fausse bannière ?

Tout d’abord, la rapidité de la communication. Dès la diffusion des premières images, on a observé un empressement de la réaction russe et une activation rapide de ses relais, même à l’international. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Moscou utilise cette technique pour légitimer une intervention. Cette stratégie est même qualifiée par les experts de « spécialité russe ». En 1968, par exemple, le Kremlin utilisait déjà ses services de renseignement pour créer des incidents sous fausse bannière afin de justifier l’intervention militaire soviétique en Tchécoslovaquie.

Autre exemple bien plus récent, en février 2022. Alors que la Russie prépare son invasion de l’Ukraine, les dirigeants prorusses des territoires séparatistes du Donbass préviennent d’une incursion en cours, le 18 février. les vidéos en question, qu’elles avaient été enregistrées deux jours plus tôt. Une technique encore utilisée dans cette ancienne république soviétique ? Si rien ne le prouve, il est certain que cette attaque apparaît comme une aubaine pour le Kremlin : elle accroît artificiellement le niveau de la menace. Et légitime son rôle de « protecteur ».

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Félicia SIDERIS

 
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