En Martinique, l’invitation d’un béké du président béninois Patrice Talon a créé la polémique

En Martinique, l’invitation d’un béké du président béninois Patrice Talon a créé la polémique
En Martinique, l’invitation d’un béké du président béninois Patrice Talon a créé la polémique
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Le président béninois Patrice Talon, à Cotonou, le 27 juillet 2022. LUDOVIC MARIN / AFP

Un voyage en Martinique d’un chef d’État africain en exercice : cela ne s’était pas produit depuis 1976. En février de la même année, Léopold Sédar Senghor passait trois jours dans le département des Antilles. Il y retrouve son vieil ami Aimé Césaire, alors adjoint au maire de Fort-de-, quatre décennies après avoir fondé avec lui le mouvement de la négritude à Paris.

A l’instar de la visite du président sénégalais il y a un demi-siècle, celle de Patrice Talon, le président béninois, du 13 au 17 décembre, s’inscrit avant tout dans une démarche culturelle. Le point d’orgue du déplacement du chef de l’Etat devait être l’inauguration, jeudi 14 décembre, de l’exposition « Révélation ! Art contemporain du Bénin » à la Fondation Clément, centre d’art installé par le Groupe Bernard Hayot (GBH), sur le site d’une ancienne plantation sucrière transformée en distillerie il y a un siècle.

Sur une superficie de 1 200 m², cette exposition présente une centaine d’œuvres réalisées par quarante-deux artistes béninois, auxquelles s’ajoutent des reproductions grandeur nature des vingt-six objets royaux restitués par la France en février 2022.

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Cet événement inédit est loin de faire l’unanimité en Martinique, et de nombreuses voix se sont élevées pour le dénoncer. « Un Président de la République qui arrive en Martinique doit nécessairement passer par une voie légale, légitime : ceux qui représentent politiquement la Martinique »critique Garcin Malsa, président du Mouvement international pour les réparations, une association mémorielle qui a porté plainte contre la France pour son rôle dans la traite négrière et l’esclavage.

« Contrôle » de la communauté béké

Aux yeux de cet ancien élu indépendantiste, l’arrivée du président béninois “à la demande de Bernard Hayot” est une nouvelle preuve du « mainmise » de la communauté des békés – descendants créoles blancs de colons –, à laquelle appartient le patron octogénaire. ” Rien n’a changé “s’offusque de M. Malsa, qui appelle à “boycotter” de l’événement.

«Cette visite est dommage»ajoute Mahamadou Diallo, membre fondateur de l’association Afrique Caraïbe Fraternité. «On ne peut pas avoir une exposition d’art africain à la Fondation Clément», affirme ce syndicaliste d’origine malienne. A ses yeux, le président Talon « j’aurais pu faire autrement » que de permettre d’organiser cet événement hautement symbolique sur le site d’une ancienne plantation sucrière où plusieurs centaines d’esclaves ont souffert au XVIIIe siècle.e et XIXe des siècles.

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