Un diagnostic difficile à accepter. Depuis, celle qui souffrait déjà de migraine voit ses maux de tête s’aggraver, sans parvenir à tous les contenir. « Et comme la tumeur est située dans la zone frontale, cela affecte aussi mes émotions. Cela me rend hypersensible. » Un handicap invisible pour cette aide-soignante, déjà confrontée à des situations difficiles.
Des crampes d’estomac comme des poignards. Devoir s’arrêter sur le bord de la route, courbé en deux. Christelle, commerçante du sud Charente, ne le savait pas, mais c’était la tumeur qui se réveillait. C’était il y a une dizaine d’années et la jeune femme prenait de l’Androcur depuis déjà quatre ans pour traiter la chute des cheveux. Elle ne fait pas le lien avec son traitement. « Ce n’est qu’en 2018 que mon gynécologue m’a prescrit une IRM cérébrale, m’expliquant les risques de méningiome. J’étais sûr que c’était une formalité. A part des douleurs au ventre, je n’avais aucun signe. J’étais abasourdi. » Une fois le diagnostic posé, elle a immédiatement arrêté le traitement. « Cela a permis à la tumeur de rétrécir d’elle-même. » Mais comme elle est hormono-dépendante, « je ne peux plus prendre de pilule ni porter de stérilet hormonal. » Aucun autre traitement contre la chute des cheveux non plus. Une double peine.
Une tumeur de la taille d’une orange
« Dès qu’on arrête le traitement, la tumeur rétrécit, alors qu’un méningiome classique ne régresse jamais. C’est une preuve irréfutable du lien entre Androcur et ces tumeurs», insiste Emmanuelle Huet-Mignaton, présidente de l’association Amavea, qui regroupe, au niveau national, les victimes de ces six progestatifs controversés. Il y a sept ans, le chirurgien a retiré à cette habitante du Calvados, traitée à l’Androcur depuis quinze ans, une tumeur de la taille d’une orange qui lui avait causé de graves problèmes d’élocution et une paralysie du côté droit. du corps. « J’ai dû faire des mois de rééducation pour réapprendre à parler. »
Le chemin n’est pas terminé. Elle vit toujours avec quatre tumeurs. Comme elle, « 2 578 personnes ont été opérées d’un méningiome entre 2009 et 2018, après avoir pris un médicament progestatif. » Avec des séquelles à vie : fatigue, problèmes de vision, épilepsie. Elle n’a jamais pu reprendre son travail à la Banque de France.
Une plainte contre
Déposée en novembre par l’association Amavea devant le tribunal judiciaire de Paris, aidée par le cabinet d’avocats parisien Dante, connu pour son combat dans les scandales Mediator et Dépakine, la plainte vise cinq délits : administration d’une substance nocive, atteinte involontaire à l’intégrité de la personne, mise en danger d’autrui, non-déclaration des effets indésirables et tromperie aggravée. En 2004, les premiers cas de méningiomes ont été signalés aux autorités. Il a cependant fallu attendre 2019 pour que les instructions d’Androcur évoquent les risques. « J’ai besoin de comprendre qui a échoué et ce qui a mal fonctionné », rapporte Emmanuelle Huet-Mignaton.
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