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En finir avec Doctolib – La chronique santé de Christophe Prudhomme – 16 décembre 2024

Les médecins qui ne disposent plus de secrétariat ont confié leur prise de rendez-vous à l’application Doctolib. Pour ceux qui maîtrisent les outils numériques, trouver un professionnel de santé et prendre rendez-vous est facilité. Cependant, l’absence de contact direct ne permet plus d’expliquer votre problème à votre médecin afin d’adapter le - de consultation ou de bénéficier de conseils.

Après avoir assumé une position de quasi-monopole dans la gestion des consultations, Doctolib propose un espace de stockage centralisé des données de santé. L’argument reste toujours de faciliter le travail des médecins. Mais c’est là que réside le problème. En effet, les données de santé très sensibles valent de l’or. C’est la raison pour laquelle la Sécurité sociale a mis en place un dossier de santé numérique, « Mon espace santé », avant justement d’éviter la captation de ces données par des sociétés commerciales.

Comment alors accepter que des données personnelles confidentielles, couvertes par le secret médical, tombent entre les mains de commerçants qui, quels que soient les contrôles et les règles édictées, chercheront à les contourner pour maximiser leurs profits ? Comment faire confiance à une entreprise qui stocke ses données sur des serveurs Amazon soumis aux règles américaines qui autorisent la vente de ces données ?

De plus, la structure financière de Doctolib est particulièrement opaque. L’entreprise annonce qu’elle n’a pas réalisé de bénéfice jusqu’à présent, mais elle est valorisée à plus de 6 milliards d’euros. C’est typiquement ce qu’Emmanuel Macron et ses amis financiers appellent une licorne, qui bénéficie de nombreuses aides directes et indirectes de l’État ; avec 100 000 à 150 000 professionnels abonnés pour un coût moyen de 200 euros par mois, c’est plus de 330 millions par an d’argent santé qui finissent dans les poches de Doctolib ! Et qui pourrait, à un moment donné, être racheté par un groupe comme Amazon ou Google !

La seule garantie d’une sécurité minimale des données est que l’assurance maladie en assure le stockage et la gestion. Pour cela, il est urgent que la montée en puissance de « Mon espace santé » s’accélère et que cet outil numérique propose de gérer les rendez-vous chez les médecins. Sur cette question, comme toujours, le corps médical affirme ne pas vouloir être sous le contrôle de la Sécurité sociale. Mais vaut-il mieux être sous Amazon ? Il est donc urgent d’exclure Doctolib de cette activité avant que cette affaire ne devienne un scandale du même type que celui des Ehpad ou des crèches.

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Santé

 
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