La généralisation des politiques de santé communautaire est devenue une réalité, porteuse d’espoir d’une transformation de l’accès à la santé. Sur le terrain, ce défi repose sur les épaules des relais communautaires et des agents de santé communautaire qualifiés (ASCQ). Ces derniers, formés pour réaliser une multitude d’activités, interviennent notamment à travers des visites à domicile, des séances de sensibilisation, des campagnes de masse et des références en cas de maladie. Ils jouent également un rôle clé dans le renforcement du Programme élargi de vaccination (PEV), notamment en encourageant la vaccination systématique, notamment pour les enfants dits « zéro dose ».
Roland Houndété, relais communautaire, illustre cet engagement. « Ce que j’aime le plus, c’est récupérer les enfants zéro dose et les réintégrer dans le programme de vaccination. Cela donne un sentiment d’utilité. Quand je fais le bilan du nombre de parents que j’ai convaincus de l’importance de vacciner leurs enfants, je ressens un véritable accomplissement », confie-t-il. Beaucoup partagent ce sentiment, car vacciner ces enfants, qui échappent aux services de santé primaires, les connecte également à d’autres services sanitaires, nutritionnels et sociaux.
Un défi progressivement surmonté
La vaccination de routine a toujours été un défi. Avant le lancement officiel de la politique de santé communautaire le 9 juin 2023, les données administratives de 2020 à 2022 révélaient que plus de 100 000 enfants au Bénin n’avaient encore reçu aucune dose de vaccin. En rapprochant les services de vaccination des communautés et en ciblant les enfants sous-vaccinés, le gouvernement entend garantir à chaque citoyen son droit fondamental à des soins de qualité.
« Avant, les gens se liguaient contre nous. Aujourd’hui, ils n’hésitent pas à signaler les enfants non vaccinés. C’est la preuve que nos messages passent. »
– Rosine Ekloutché, community relay
Grâce aux agents communautaires, ce défi est progressivement relevé. Selon le Directeur Départemental de la Santé du département du Zou, « 38 588 enfants zéro dose ont été vaccinés sur un objectif de 42 340. Il reste donc 3 752 enfants à atteindre. Quant aux enfants sous-vaccinés, nous avons vacciné 35 977 enfants, et 6 363 autres doivent être couverts. » Ce système, ajoute-t-il, améliore non seulement la couverture vaccinale, mais aussi la disponibilité de moustiquaires imprégnées, l’hygiène de base et la lutte contre les épidémies.
Sur le terrain, Colette Selman, directrice des programmes prioritaires chez Gavi, a été impressionnée par l’implication des relais communautaires et l’accueil des familles. Elle a particulièrement salué les progrès réalisés : « Ce que j’ai vu ici est encourageant. Même si des défis demeurent, cette approche avec des relais communautaires donne des résultats prometteurs. »
Une vision ambitieuse pour la santé communautaire
Le Bénin a mis l’accent sur la prévention et la promotion de la santé en s’appuyant sur un système d’alerte permanent au niveau communautaire. Pour ce faire, 1 500 relais communautaires et 37 agents de santé communautaire qualifiés ont été déployés. « Chaque relais communautaire prend en charge en moyenne 200 ménages, qu’il doit visiter au moins une fois par semaine pour détecter les problèmes de santé, conseiller, orienter et distribuer des produits de santé », a expliqué le ministre de la Santé lors du lancement du programme.
A Abomey, dans le Zou, des relais communautaires très actifs veillent au bien-être de la population. Dans cette région, où Colette Selman a effectué une visite fin novembre 2024 avec des représentants de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’UNICEF, les efforts des agents de santé ont été unanimement salués.
«Je n’aimais pas les vaccinations. Mais lorsqu’ils ont expliqué leur importance à mes enfants, j’ai changé d’avis. Maintenant, j’éduque d’autres mères sur le marché. »
– Mirma Djogbénou, vendeuse de poisson
Même dans les zones plus complexes, comme Sô-Ava, village lacustre jusque-là réfractaire à la vaccination, les mentalités évoluent. Conrad Déguénon, directeur de l’hygiène et de la santé communautaire, constate que « la politique de santé communautaire a permis de vaincre de nombreux préjugés et de répondre efficacement aux défis locaux ».
Changer les mentalités, instaurer la confiance
Rosine Ekloutché, relais communautaire, constate une évolution positive : « Avant, les gens se liguaient contre nous. Aujourd’hui, ils n’hésitent pas à signaler les enfants non vaccinés. C’est la preuve que nos messages passent. » Du côté des parents, les changements sont également visibles. Mirma Djogbénou, vendeuse de poisson, raconte : « Je n’aimais pas les vaccinations. Mais lorsqu’ils ont expliqué leur importance à mes enfants, j’ai changé d’avis. Maintenant, j’éduque d’autres mères sur le marché. »
Gavi, partenaire majeur de cette initiative, a investi près de 300 millions de dollars au Bénin, renforçant les systèmes de vaccination et réduisant la mortalité infantile. le gouvernement, l’organisation compte aller encore plus loin : former 1 400 nouveaux relais communautaires, mettre à disposition des vélos et des bateaux motorisés pour rejoindre les zones reculées.
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