Les patients atteints de cancer sont unanimes, le mental est indispensable pour affronter la maladie. « L’environnement est très important »confirme Gilles Thibaudault, 70 ans, qui lutte contre la maladie depuis plusieurs années. Le Poitevin est à la tête de l’Association des patients atteints d’un cancer localisé de la prostate (APCLP). Créée à Poitiers en 2003, elle est présente dans une dizaine de départements, de la Bretagne aux Deux-Sèvres. En Indre-et-Loire, l’association apporte un soutien régulier en attendant de trouver un correspondant.
« Notre mission est d’apporter un soutien moral avant, pendant et après le traitement. » Accepter le diagnostic est un défi. Jean-Michel Oudin, 75 ans, a appris il y a huit ans qu’il était atteint d’un cancer de la prostate. « Mon taux de PSA (1) avait doublé en quelques années. Le médecin m’a orienté vers un urologue. Il a d’abord réalisé un toucher rectal puis une biopsie qui a confirmé un cancer de niveau 2. »
Grains d’iode radioactifs
À la clinique Alliance, Tourangeau s’est vu offrir une prostatectomie, une ablation totale ou partielle de la prostate. «Je n’avais pas chaud. J’ai fait le tour des hôpitaux et cliniques puis je suis allée à Paris à l’Institut de la Prostate où on m’a expliqué les différentes thérapies existantes. » Jean-Michel Oudin a découvert la curiethérapie, une méthode qui consiste à placer des sources radioactives à l’intérieur de la prostate. « On m’a implanté 70 grains d’iode radioactif et je suis rentré chez moi le soir même. » Cette thérapie n’est pas anodine. « Pendant plusieurs mois, nous ne devons pas avoir de contacts rapprochés car une partie de notre corps est radioactive. Par exemple, évitez de prendre vos petits-enfants sur vos genoux. »
Solutions pour traiter l’incontinence
Selon la gravité du cancer de la prostate, différents traitements sont proposés aux patients. « Très souvent, quand les hommes appellent l’association, c’est pour avoir notre avis et savoir quel traitement choisir. Nous les aidons à prendre une décision »précise Gilles Thibaudault, lui-même traité par hormonothérapie.
Chaque traitement du cancer de la prostate comporte son lot d’inconvénients. La prostatectomie peut provoquer une dysfonction érectile et une incontinence. « Près de la moitié de nos membres déclarent avoir des problèmes d’incontinence. » Des sujets qui restent difficiles à aborder pour les hommes. « Il y a un côté tabou à parler de ce qui se passe en dessous de la ceinture. » regrette le président de l’APCLP.
Dépistage à partir de 50 ans
Les pertes urinaires qui apparaissent après une intervention chirurgicale provoquent souvent une gêne. « J’ai vu des hommes pleurer parce que leurs femmes ne voulaient plus dormir dans le même lit, parce qu’elles étaient rejetées par leurs proches. » L’incontinence peut être isolante, mais des solutions existent « comme la gaine pénienne ou le sphincter artificiel. Il faut aussi renforcer le périnée, c’est important. » Autant de suggestions pour éviter l’utilisation de couches, « qui coûtent cher et ne sont pas pris en charge par la Sécurité Sociale ».
Avec les malades, Gilles Thibaudault aborde tous les sujets mais n’oublie pas de s’adresser au grand public. « Les hommes devraient prendre soin de leur prostate et demander un dépistage à leur médecin dès 50 ans, voire dès 45 ans pour ceux ayant des antécédents familiaux. »
(1) Prostate Specific Antigen, en anglais, il s’agit d’une protéine produite naturellement par la prostate.
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