Cette initiative internationale prend la forme d’une campagne de promotion du dépistage du VIH, des hépatites et des IST et touche une cinquantaine de pays. Il a été lancé en 2020 dans le contexte du retard du nombre de tests réalisés dans le monde lors de l’épidémie de COVID-19.
La Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida (COCQ-SIDA) participe à cette initiative pour une quatrième année. L’objectif est de sensibiliser les Québécois à l’importance du dépistage. « Nous ne prétendons pas qu’en une semaine nous trouverons tous ceux qui ont un cas de VIH non détecté, mais nous voulons démontrer que c’est faisable », soutient le directeur général de la COCQ-SIDA, Ken Monteith. Il veut faire passer le message qu’il est facile de se faire tester et que les organismes communautaires ont un rôle important dans ce processus de dépistage.
La COCQ-SIDA demande que les intervenants communautaires soient en mesure d’administrer des tests de dépistage rapide du VIH et des autres IST. Ils agiraient ainsi comme un point d’accès alternatif au réseau de la santé.
Le nombre de tests de dépistage du VIH enregistrés en 2020 était inférieur de 18 % à celui de 2019. Cela a eu un impact sur la propagation de l’infection. Selon les plus récentes statistiques du Québec, qui datent de 2022, 78 % des nouveaux cas de VIH détectés étaient leur premier test. « Près de la moitié des personnes pour lesquelles nous disposons de données étaient considérées comme des cas de détection tardive. Cela signifie qu’ils en souffraient depuis plusieurs années et que cela commençait à affecter leur système immunitaire », explique M. Monteith.
Il précise que certaines personnes sont séropositives sans le savoir et ne peuvent donc pas contrôler leur charge virale. Ils peuvent propager le virus sans le savoir. “La clé, c’est le dépistage”, souligne-t-il.
Inégalité d’accès
L’accès au dépistage est inégal selon les régions, estime la sexologue Audrey Morabito. « Étant donné que c’est un sujet tabou, je pense qu’il y a des gens qui ne savent pas trop où aller pour se faire dépister », dit-elle.
Lors d’un rendez-vous médical annuel, le patient ne se voit pas immédiatement proposer un test de dépistage. « Il y a un obstacle à cet égard, car ce n’est pas quelque chose qui va être fait systématiquement. […] Il y a aussi la question de l’ignorance de l’endroit où aller », note-t-elle.
Les gens peuvent se rendre dans l’une des cliniques de dépistage, situées principalement dans les grands centres, ou se rendre dans un CLSC, certains Groupes de médecine familiale (GMF) ou encore demander un test à leur médecin de famille.
Selon Mme Morabito, cela faciliterait l’accès si le dépistage était systématiquement offert lors d’une visite chez le médecin de famille.
Le sexologue a également indiqué que la syphilis était en hausse au Québec ces dernières années. La gonorrhée est également en augmentation et avec la chlamydia, ce sont les ITSS les plus répandues au Québec.
Mme Morabito a également souligné que les jeunes ne sont pas les seuls à être concernés par le dépistage. Au cours des dernières années, les personnes âgées sont devenues une population croissante qui contracte de plus en plus d’ITSS.
Un outil qui faciliterait grandement l’accès au dépistage du VIH est le kit d’autotest. En 2022, à l’occasion de la conférence internationale sur le sida, Jean-Yves Duclos, alors ministre de la Santé du Canada, annonçait la mise en place d’un programme d’accès gratuit à l’autodépistage du VIH par l’intermédiaire des organismes communautaires canadiens de lutte contre le VIH. Mais cette initiative a pris fin en mars dernier.
« Nous souhaitons toujours qu’il soit remis en place. Nous avons fait prendre conscience au nouveau ministre fédéral de la Santé que nous souhaitons que cela soit remis en place », a mentionné M. Monteith. Pour l’instant, il dit n’avoir eu aucune indication quant au renouvellement de ce programme.
N’oubliez pas que si elles reçoivent un traitement et des soins adéquats, les personnes séropositives peuvent vivre longtemps et en bonne santé.
La sexualité toujours taboue
Les IST, le VIH et plus largement la sexualité restent des sujets sensibles. « Je pense que dans notre société, parler de sexualité est encore tabou. Parler de consommation de drogue reste encore tabou. C’est dommage, commente M. Monteith. Nous devons nous débarrasser de la honte et de la réticence à pouvoir en parler ouvertement afin de pouvoir atteindre tout le monde et ralentir la propagation du VIH.
Mme Morabito est d’accord, affirmant que « tout ce qui relève de la sexualité reste tabou en 2024 ».
Selon elle, c’est un sujet peu abordé et donc, un sentiment de honte peut accompagner un résultat de dépistage positif. La sexologue constate également que de fausses croyances persistent, notamment l’idée selon laquelle on peut détecter une ITSS chez son partenaire. « La plupart des gens ne savent pas que la majorité des ITSS sont asymptomatiques. Il n’existe donc aucun moyen visuel ou physique de le savoir dans de nombreux cas », explique-t-elle.
Elle considère la Semaine internationale de dépistage comme une initiative susceptible de déstigmatiser les ITSS et d’encourager le dépistage.
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