L’ESSENTIEL
- Des chercheurs ont développé une méthode pour cibler et dégrader la protéine Pin1, impliquée dans le cancer du pancréas, dont le taux de survie à cinq ans n’est que de 11 %.
- Surnommés « pieds de biche moléculaires », ces agents déstabilisent Pin1, le rendant vulnérable à la dégradation cellulaire. Cette approche vise non seulement à inhiber Pin1, mais également à l’éliminer entièrement des cellules cancéreuses et des fibroblastes associés aux tumeurs.
- Cette approche permet également d’affaiblir les fibroblastes associés aux tumeurs, qui protègent les cellules cancéreuses, et ainsi d’améliorer l’efficacité des traitements.
Une équipe de chercheurs de l’Université de Californie à Riverside (États-Unis) a développé une méthode innovante pour cibler et dégrader une protéine appelée Pin1, acteur clé dans le développement du cancer du pancréas. Leur étude, publiée dans la revue Actes de l’Académie nationale des sciences, pourrait ouvrir la voie à des thérapies ciblées plus efficaces contre cette maladie particulièrement agressive, dont le taux de survie à cinq ans n’est que de 11 %.
Une protéine clé dans l’apparition du cancer du pancréas
Pin1 est une enzyme impliquée dans de nombreux processus cellulaires et suractivée dans plusieurs types de cancer, dont le cancer du pancréas. Sa forte présence dans les cellules cancéreuses associées aux tumeurs et dans les fibroblastes (les principales cellules du tissu conjonctif) favorise la croissance et la progression de la tumeur. « Cibler Pin1 pourrait contribuer à perturber l’environnement tumoral et rendre les cellules cancéreuses plus vulnérables au traitement »expliquent les chercheurs dans un communiqué.
Pour lutter contre Pin1, l’équipe a conçu des dégradeurs moléculaires, baptisés « barre-de-biche moléculaire ». Ces agents se lient étroitement à la protéine Pin1 et ouvrent sa structure, la rendant instable et « marquée » pour la dégradation cellulaire. Selon les scientifiques, cette approche représente un potentiel thérapeutique unique, car elle vise non seulement à inhiber Pin1, mais également à l’éliminer entièrement des cellules cancéreuses et des fibroblastes associés aux tumeurs.
Les chercheurs se sont également intéressés à l’interaction entre les cellules cancéreuses du pancréas et les fibroblastes associés au cancer. Ces fibroblastes, cellules de soutien du tissu tumoral, forment une barrière qui complique l’accès au traitement des cellules cancéreuses. En réduisant l’activité des fibroblastes grâce à la dégradation de Pin1, les chercheurs espèrent rendre les tumeurs plus accessibles aux thérapies anticancéreuses.
Une nouvelle approche thérapeutique pour les cancers difficiles à traiter
L’équipe de chercheurs teste actuellement ces « pieds-de-biche moléculaires » pour mesurer leur efficacité chez des patients atteints de cancers du pancréas ou de métastases péritonéales. L’objectif est de développer ces dégradateurs moléculaires dans de nouveaux traitements contre les cancers difficiles à traiter, en utilisant cette nouvelle modalité de ciblage des protéines. Selon les auteurs de l’étude, cette stratégie pourrait également s’appliquer à d’autres cancers où les fibroblastes associés aux tumeurs jouent un rôle central, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives dans le développement de traitements anticancéreux.
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