Non, la lèpre n’est pas éradiquée, et peut-être devrait-on la prendre plus au sérieux.

Non, la lèpre n’est pas éradiquée, et peut-être devrait-on la prendre plus au sérieux.
Non, la lèpre n’est pas éradiquée, et peut-être devrait-on la prendre plus au sérieux.

Maladie passée ? Certainement pas. Cette pathologie infectieuse, provoquée par le Bacille MyCobacterium Leprae, continue de recevoir au moins 200 000 personnes dans le monde (chiffres minimisés), soit un nouveau cas toutes les trois minutes, rappelle la Fondation Raoul Follereau, qui agit depuis 60 ans auprès des malades.

Avec plus de 100 000 cas déclarés en moyenne chaque année, l’Inde concentre la majorité des cas mondiaux. Viennent ensuite l’Indonésie, le Brésil et le continent africain. La reste indemne de cas autochtones, mais certains cas importés peuvent être détectés sporadiquement à l’étranger.

Si elle se soigne et ne tue que rarement, la lèpre continue de souffrir d’une mauvaise récidive, liée aux stéréotypes de l’histoire, conduisant souvent à l’exclusion des malades. Et ça « Malgré sa très faible contagiosité »ce qui est fait « Essentiellement dans la sphère familiale »rappelle la fondation.

“C’est une maladie neurologique à expression dermatologique”résume le Dr Bertrand Cauchoix, infectiologue qui a travaillé toute sa vie en Afrique, notamment sur le sida et la tuberculose, avant de s’engager aux côtés de la Fondation. « On dit communément que le bacille lèche la peau et mord le nerf »ce qui peut entraîner une désensibilisation et des atteintes de la motricité, se traduisant notamment par des paralysies (griffe main et pied tombant) et des amyotrophies.

Changement climatique

Revendiquant 16 millions de patients soignés en 30 ans, la Fondation Raoul Foullereau, du nom de son créateur, intervient principalement en Afrique francophone, et notamment dans quatre pays dits “Priorité” (Madagascar, Côte d’Ivoire, Tchad et Bénin).

Sur ce dernier pays, « Nous espérons gagner la bataille dans peu de temps »explique Bertrand Cauchoix, le Bénin compte désormais moins d’une centaine de patients.

« Le scandale aujourd’hui, c’est qu’on sait diagnostiquer la lèpre, on sait la guérir, mais malheureusement, la pauvreté constitue un obstacle »ajoute le médecin. “Si on pouvait multiplier les examens, cela permettrait de détecter à des stades peut-être infracliniques”.

Ainsi, l’activité de la fondation vise à « Pâleur des difficultés d’accès au système de santé populations pauvres », Par des actions de dépistage auprès des résidents, un soutien logistique et la formation du personnel dans les pays concernés. Outre l’aspect médical, elle agit également auprès des patients exclus pour favoriser leur réinsertion sociale.

Dans les pays développés, elle soutient également des programmes de recherche pour trouver des traitements efficaces.

Ainsi, pour Bertrand Cauchoix, l’intérêt d’une journée mondiale est aussi l’occasion de sensibiliser l’opinion publique et de mobiliser les donateurs.

« Aujourd’hui, les activités contre la lèpre ne sont financées que par des fondations caritatives, qui elles-mêmes ne vivent que de générosité »il explique. Comme Raoul Foullereau en France, ou dans l’ordre de Malte, qui œuvre aussi dans la lutte contre la maladie.

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La Fondation alerte également sur l’impact du changement climatique sur la détection et le suivi des patients ; qui agit à la fois sur « L’appauvrissement des États » (et ses conséquences en termes de budgétisation de la santé), et sur les déplacements de populations, « Vecteur d’arrêt du traitement ».

De nouvelles pistes de soins

Car le traitement actuel contre la lèpre – une association de plusieurs antibiotiques (rifampicine, clofazimine et dapsone) – est « Très long et contraignant » (Six à douze mois) rappelle Alexandra Aubry, professeur de microbiologie à l’université Paris-Sorbonne et membre de la commission médicale de la Fondation. L’inconvénient est que les patients « Apparemment amélioré ou guéri »peut être encouragé à arrêter.

« Le risque est qu’on rechute avec une bactérie devenue résistante à au moins un des antibiotiques utilisés »dit-elle.

De plus, la clofazimine a un effet secondaire particulier, qui donne à la peau une coloration jaune-orangé à brun-noir, contribuant à amplifier l’effet secondaire de la clofazimine. “Stigmatisation” qui entoure déjà cette maladie.

Récemment, la Bédaquiline, un antibiotique déjà efficace contre la tuberculose, a montré « Des résultats spectaculaires » sur la lèpre, selon deux études parallèles publiées et à paraître dans le Journal de médecine de la Nouvelle-Angleterre.

Réalisés respectivement sur 8 et 30 patients, ils ont montré que la Bédaquiline avait un effet “Effet quasiment jamais observé vis-à-vis de l’agent de la lèpre” ce qui fait donc un traitement « Vraiment prometteur »se réjouit Alexandra Aubry.

Bétaquidine ayant une longue demi-vie, « On imagine très bien donner un traitement aux patients seulement une à deux fois par mois »ajoute-t-elle.

Toutefois, concernant un vaccin potentiel, « Ce n’est sans doute pas à cette solution qu’il faut se tourner en priorité »en ce qui concerne les moyens financiers alloués à la maladie qui reste « Malheureusement limité ».

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/10-millions-de-vaccins-antipaludiques-distribues-en-afrique-en-un-et-les-resultats-sont

« Cela n’intéresse pas le secteur privé. Nous n’allons pas vacciner l’Occident, nous n’allons pas vacciner les États-Unis, donc personne ne le financera »conclut Bertrand Cauchoix.

Note de la rédaction : Raoul Follereau (1903-1977) reste un personnage controversé de l’histoire de France qui, s’il a consacré la deuxième partie de sa vie à la lutte contre la lèpre, il a aussi posté publiquement dans Le Pétainiste et l’extrême droite maurassienne , et a démontré son soutien aux régimes fascistes européens dans l’entre-deux-guerres.
Dans un e-mail à Quoi de neuf Docla fondation a tenu à rappeler qu’elle “Ne nie pas les faits controversés liés au passé politique de Raoul Follereau, mais insiste sur son engagement humanitaire auprès des lépreux dès 1942 (…)”. Elle « Revendique également son indépendance et son caractère apolitique (…) » Et a dit qu’il était détaché « Toute influence politique [et] religieux à se concentrer sur la lutte contre la lèpre et les maladies négligées ».
 
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