Selon une étude réalisée auprès de 30 000 Britanniques et publiée dans le Journal britannique de psychiatrieles hommes perdent sept ans d’espérance de vie et les femmes neuf ans par rapport à leurs homologues non touchés.
Des résultats choquants. Une étude portant sur plus de 30 000 adultes britanniques diagnostiqués avec un TDAH (trouble d’hyperactivité avec déficit de l’attention) a révélé qu’en moyenne, ils mouraient plus tôt que leurs homologues non atteints. Publié dans le Journal britannique de psychiatrie le 23 janvier, il indique que les hommes atteints de TDAH meurent environ sept ans plus tôt et les femmes neuf ans plus tôt. Cette étude serait la première à combiner toutes les causes de mortalité pour estimer l’espérance de vie des personnes atteintes de TDAH.
Elle a porté sur 9 561 450 patients enregistrés dans les cabinets de soins primaires (services de médecine générale, dentaire, pharmaceutique et optométrie) du National Health Service (NHS, système de santé britannique), parmi lesquels 30 039 avaient reçu un diagnostic de TDAH. Chaque personne du groupe TDAH a été appariée à 10 personnes sans trouble en fonction de leur âge, sexe et état de santé à des fins de comparaison. Parmi les personnes atteintes de TDAH, 193 hommes et 148 femmes sont décédés au cours de la période de suivi, qui s’est étendue de 2000 à 2019.
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« Des comportements plus à risque »
Les résultats sont frappants : l’espérance de vie des personnes atteintes de TDAH est considérablement réduite par rapport à celles qui n’en sont pas atteintes. Les hommes perdent en moyenne sept années de longévité, les femmes neuf. En tant qu’adulte, « Les personnes atteintes de TDAH ont plus de difficulté à gérer leurs impulsions et adoptent des comportements plus risqués »indique à New York Times Dr Joshua Stott, professeur de « vieillissement et psychologie clinique » à l’University College de Londres et auteur de l’étude. Il est alarmé par les chiffres « important et inquiétant »qu’il associe davantage «aux inégalités de santé qu’à toute autre chose».
« Près de 3 % des adultes souffrent de trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Mais à Royaume-Uni la plupart d’entre eux ne sont pas diagnostiqués »rapporte les remarques introductives du rapport du rapport. Un constat également partagé par de nombreux experts du sujet en France, où le délai de diagnostic est estimé entre quatre et six ans. Face à ces difficultés, la Haute autorité de santé (HAS) avait également publié un vaste guide à destination des professionnels de santé et de l’éducation, pour préciser les examens indispensables au bon diagnostic, et pour améliorer la prise en charge des patients.
Au Royaume-Uni, le Dr Sott affirme que les adultes atteints de TDAH ont en moyenne « de moins bons résultats en matière d’éducation et d’emploi, une moins bonne santé physique et mentale et sont plus susceptibles de mourir prématurément »une série de risques déjà mis en évidence dans des études précédentes.
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En effet, les personnes souffrant de TDAH pourraient être plus susceptibles d’être confrontées à « Inégalités et adversité », « chômage, problèmes financiers et discrimination ». Les études de prévalence montrent qu’ils sont plus susceptibles d’avoir des habitudes de vie malsaines (manque de sommeil, consommation excessive de substances et d’alcool, tabagisme), de souffrir de maladies cardiovasculaires et d’avoir un risque plus élevé de tentatives de suicide. ou le suicide. Cependant, l’étude n’a pas clairement défini ni quantifié les causes de décès prématurés chez les personnes atteintes de TDAH.
En France, dans son guide, la HAS a également souligné « un taux plus élevé de troubles liés à l’usage de substances » chez les adolescents et les adultes diagnostiqués avec un TDAH dans l’enfance. Elle a également mentionné le « mortalité par suicide » plus élevé chez les personnes atteintes de ce trouble, “ainsi que les tentatives de suicide et les idées suicidaires, qui sont deux fois plus élevées que dans la population générale.” Enfin, a noté l’autorité sanitaire, « Le TDAH est associé à une augmentation des accidents domestiques et des accidents de la route ».
« Besoins de soutien et de traitement non satisfaits »
Toutefois, pour les auteurs de l’étude, si les adultes atteints de TDAH vivent moins longtemps qu’ils ne le devraient, cela est probablement dû à « facteurs de risque modifiables et besoins de soutien et de traitement non satisfaits » (en termes de TDAH, NDLR), ainsi que les troubles mentaux et physiques concomitants ».
Ils rappellent que cette étude portait sur des données concernant des adultes ayant déjà reçu un diagnostic de TDAH. Donc, « Les résultats pourraient ne pas s’appliquer à l’ensemble de la population adulte atteinte de TDAH, puisque la grande majorité d’entre eux n’ont pas été diagnostiqués ». Les chercheurs ont également noté que les personnes participant à leur étude, dont la plupart ont été diagnostiquées comme des adultes, pourraient être parmi les plus gravement touchées par cette maladie.