Les pompiers sont de plus en plus exposés à des contaminants cancérigènes en raison de l’utilisation croissante de matériaux de construction synthétiques à base de pétrole. Cette situation oblige le service de sécurité incendie de la ville de Sept-Îles à adapter ses méthodes d’intervention.
Les pompiers de Sept-Îles ont été très occupés ces derniers jours. Deux incendies distincts ont détruit trois maisons et cinq garages dans le secteur du parc Ferland à Sept-Îles.
Après chacune de ces interventions, les pompiers doivent entamer une longue procédure de décontamination, en raison de la présence de contaminants nocifs sur les lieux de l’incendie et sur leurs équipements.
C’est à cette table que les pompiers déposent leurs vêtements contaminés et procèdent à la décontamination de leurs petits équipements comme leur radio portative.
Photo: - / Alban Normandin
Avant même de quitter le lieu de l’incendie, les pompiers sont aspergés d’eau savonneuse. En arrivant à la gare, une partie de la caserne est balisée, les véhicules sont nettoyés, ainsi que la plupart des équipements, notamment des radios portatives, des haches, des tuyaux d’eau et des caméras thermiques. Le circuit se termine à un autre étage pour la douche finale.
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Les pompiers de Sept-Îles ont commencé à utiliser une pompe de décontamination DECON/pak qui leur permet de décontaminer leurs vêtements directement sur le lieu de l’incendie.
Photo: - / Alban Normandin
Le processus complet de décontamination peut durer quatre à cinq heures, estime le chef des opérations au service de sécurité incendie de la Ville de Sept-Îles, Guillaume Boissonneault.
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Le chef des opérations du service de sécurité incendie de la Ville de Sept-Îles, Guillaume Boissonneault.
Photo: - / Alban Normandin
Il considère toutefois ces étapes de décontamination comme essentielles. La fumée, les cendres et les particules fines émanant des incendies résidentiels sont de plus en plus nocives en raison de l’utilisation fréquente de matériaux de construction synthétiques.
Nous utilisons de plus en plus de produits [à base de pétrole] dans les maisons. C’est de moins en moins de bois et de plus en plus de choses synthétiques
. Lorsqu’ils brûlent, ces matériaux libèrent des contaminants nocifs qui s’imprègnent des vêtements de combat et des pores de la peau des pompiers.
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Les incendies résidentiels se propagent beaucoup plus rapidement en raison de l’utilisation de matériaux de construction synthétiques, selon Guillaume Boissonneault. (Photo d’archives)
Photo : - / Marc-Antoine Mageau
-Ces produits sont non seulement plus dangereux pour la santé, mais ils favorisent la propagation des flammes et brûlent plus rapidement que le bois, ce qui limite le temps dont disposent les équipes de sécurité incendie.
Sensibiliser les pompiers aux risques du métier, dont le cancer
De son côté, le directeur du Service de sécurité incendie de la Ville de Sept-Îles, Joël Sauvé, estime que le métier a beaucoup changé depuis le début de sa carrière.
Nous portons désormais notre appareil respiratoire du début à la fin d’un incendie. Il n’y a personne qui entrera dans le périmètre d’intervention sans avoir un appareil sur soi
il a indiqué au micro de l’émission Bonjour Côte on ICI Première.
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Les équipements respiratoires permettent aux pompiers d’éviter d’inhaler des fumées toxiques lors des interventions.
Photo: - / Alban Normandin
Au début de ma carrière, il y a plus de quarante ans, lorsqu’on arrivait sur un véhicule en feu, si on portait un appareil respiratoire, on était considéré comme faible.
ajoute-t-il.
Mais aujourd’hui, il est important de sensibiliser les pompiers à l’importance de la décontamination, qui doit faire partie tous les jours
équipes, mais aussi le risque de cancer qui touche plusieurs pompiers.
Selon Santé Canada, les pompiers sont 9 % plus susceptibles de développer un cancer et 14 % plus susceptibles d’en mourir que la population en général. Ce mois de sensibilisation est donc l’occasion pour les pompiers de réfléchir aux risques de leur métier.
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Joël Sauvé souligne que la contamination peut également se faire par voie cutanée, ce qui explique les efforts de décontamination entrepris dans l’environnement.
Photo: - / Charles-Étienne Drouin
Nous savons que les cancers nous guettent. Les éléments auxquels les pompiers sont confrontés sont présents partout dans notre vie quotidienne et [puisqu’on] Lors de la lutte contre les incendies, les pompiers sont plus exposés.
La priorité de Joël Sauvé est donc d’atténuer les risques. Le directeur des pompiers souhaite acquérir prochainement de nouveaux vêtements de combat contenant moins ou pas de substances augmentant le risque de cancer, comme les perfluoroalkyles et polyfluoroalkyles (PFAS) et renforcer les méthodes de décontamination.
Quant à lui, le chef des opérations, Guillaume Boissonneault, estime que la plupart des équipes de pompiers sont conscientes de ces risques sanitaires à long terme. Il juge cependant que la profession est sur la bonne voie en matière de sensibilisation et de prévention.
Avec les informations de Mathieu Pineau et Steeve Paradis