Une nouvelle étude révèle comment le remplacement des aliments ultra-transformés par des aliments peu transformés pourrait réduire le risque de décès dû à des maladies graves, soulignant le potentiel salvateur de meilleurs choix alimentaires.
Étude : Associations entre le degré de transformation des aliments et la mortalité toutes causes confondues et par cause spécifique : une analyse de cohorte prospective multicentrique dans 9 pays européens. Crédit image : Prostock-studio/Shutterstock
Dans une étude récente publiée dans The Lancet Régional Santé – Europeune équipe de scientifiques a étudié la relation entre les niveaux de transformation des aliments et la mortalité, en mettant l’accent sur les impacts des aliments ultra-transformés.
À l’aide des données d’une vaste cohorte européenne, ils ont examiné comment les modes de consommation d’aliments transformés et non transformés influencent la mortalité globale et des causes spécifiques telles que les maladies circulatoires.
Arrière-plan
Les habitudes alimentaires des sociétés modernes ont radicalement changé et, dans de nombreuses régions du monde, les aliments ultra-transformés ont remplacé les aliments traditionnels peu transformés.
Les aliments ultra-transformés représentent désormais une part substantielle de l’apport énergétique quotidien, en particulier dans les pays à revenu élevé, où ils constituent 25 à 60 % des calories totales.
Des recherches croissantes ont également établi un lien entre ces aliments et leurs effets néfastes sur la santé, notamment des risques accrus de cancer, de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2 et de décès prématurés.
Plusieurs études et méta-analyses à grande échelle ont confirmé ces associations, mais l’accent a été mis en grande partie sur les causes courantes de mortalité. L’impact des aliments ultra-transformés sur d’autres causes, comme les maladies digestives ou neurodégénératives, reste peu étudié.
De plus, peu d’études ont examiné si le remplacement des aliments ultra-transformés par des aliments non transformés ou peu transformés (Nova 1) pouvait réduire les risques de mortalité.
Il est essentiel de combler ces lacunes pour comprendre les implications plus larges de la consommation d’aliments ultra-transformés sur la santé et pour éclairer les directives alimentaires visant à promouvoir des pratiques alimentaires plus saines à l’échelle mondiale.
À propos de l’étude
La présente étude a analysé les données de la cohorte européenne d’enquête prospective sur le cancer et la nutrition (EPIC), composée de 428 728 participants de plusieurs pays européens, à l’exclusion de la Grèce, en raison de l’indisponibilité des données.
Les participants ont été suivis pendant 15,9 ans en moyenne, période pendant laquelle des informations détaillées ont été collectées sur des facteurs tels que l’apport alimentaire, la mortalité et les résultats en matière de santé.
L’étude a exclu les personnes ayant déjà reçu un diagnostic de cancer, de maladie cardiovasculaire, d’accident vasculaire cérébral, d’angine de poitrine ou de diabète au départ, dans le but de minimiser la causalité inverse.
L’apport alimentaire a été évalué à l’aide de questionnaires validés sur la fréquence alimentaire, adaptés à chaque pays. Les aliments ont été classés en quatre groupes selon le système de classification Nova, à savoir les aliments peu transformés ou non transformés, les ingrédients culinaires transformés, les aliments transformés et les aliments ultra-transformés. L’analyse a également pris en compte des facteurs tels que la contribution en pourcentage de chaque groupe alimentaire à l’apport énergétique total.
L’équipe a extrait les données de mortalité, y compris les causes de décès, des registres nationaux et les a codées selon la Classification internationale des maladies (ICD-10).
Les principaux critères de jugement analysés étaient la mortalité toutes causes confondues et la mortalité par cause spécifique, notamment les maladies circulatoires, le cancer, les maladies digestives, la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson.
Des méthodes statistiques telles que les modèles de régression à risques proportionnels de Cox ont été utilisées pour évaluer les associations entre les niveaux de transformation des aliments et la mortalité. Les modèles de substitution ont été construits pour évaluer l’effet du remplacement de 10 % de la consommation d’aliments ultra-transformés par des aliments non transformés ou peu transformés tout en maintenant l’apport énergétique total constant.
Les modèles ont été ajustés en fonction de variables telles que l’âge, le sexe, l’éducation, l’état civil, l’activité physique, les habitudes tabagiques, la consommation d’alcool et l’adhésion à un régime méditerranéen.
De plus, des analyses de sensibilité ont été effectuées, notamment en excluant les décès dans les deux ans suivant le recrutement et en recalibrant les classifications alimentaires pour garantir leur robustesse.
Résultats
Les résultats ont indiqué qu’une consommation plus élevée d’aliments ultra-transformés était liée à des risques accrus de mortalité toutes causes confondues et spécifiques.
Notamment, une consommation élevée d’aliments ultra-transformés était associée de manière significative à une plus grande mortalité due aux maladies circulatoires, notamment aux cardiopathies ischémiques et aux affections cérébrovasculaires, ainsi qu’aux maladies digestives et à la maladie de Parkinson.
Pour chaque écart type d’augmentation de la proportion d’aliments ultra-transformés consommés, les chercheurs ont observé que le risque de décès par maladies circulatoires augmentait de 9 % (HR : 1,09, IC 95 % : 1,07-1,12), tandis que celui lié à la mortalité par maladies digestives a augmenté de 12 % (HR : 1,12, IC 95 % : 1,05-1,20).
De plus, un risque 23 % plus élevé (HR : 1,23, IC à 95 % : 1,06-1,42) a été observé pour les décès dus à la maladie de Parkinson. Cependant, l’étude n’a trouvé aucune association significative (HR : 1,00) entre la consommation d’aliments ultra-transformés et la mortalité par cancer ou par la maladie d’Alzheimer.
Les chercheurs ont également exploré les effets de la substitution alimentaire et ont découvert que le remplacement de seulement 10 % des aliments ultra-transformés par des aliments peu transformés ou non transformés était associé à une réduction significative des risques de mortalité.
Concrètement, ces substitutions ont réduit le risque de mortalité toutes causes confondues et de décès par maladies circulatoires et digestives, avec des réductions de 6 à 9 % selon le groupe alimentaire remplacé.
Ces résultats mettent en évidence les avantages potentiels des interventions diététiques axées sur la réduction de la consommation d’aliments ultra-transformés.
Conclusions
En résumé, l’étude a mis en évidence la forte association entre la consommation d’aliments ultra-transformés et la mortalité, notamment due aux maladies circulatoires et digestives, ainsi qu’à la maladie de Parkinson.
Les résultats suggèrent également que les recommandations alimentaires favorisant les aliments non transformés ou peu transformés pourraient réduire considérablement les risques de mortalité.
Ces résultats ont mis en évidence l’importance des habitudes alimentaires pour la santé publique et ont fourni des preuves à l’appui des politiques visant à réduire la consommation d’aliments ultra-transformés à l’échelle mondiale. Les auteurs ont également noté que des limitations telles qu’une éventuelle erreur de classification dans la catégorisation des aliments et des changements dans les comportements alimentaires au cours du suivi peuvent conduire à une sous-estimation des associations observées.