Selon Maria Van Kerkhove, l’épidémiologiste américaine qui dirige le Département de prévention et de préparation aux épidémies et aux pandémies à l’OMS, “beaucoup de choses se sont améliorées grâce à la pandémie de grippe de 2009 (H1N1, NDLR), mais aussi grâce au Covid”.
« Mais je pense que le monde n’est pas prêt pour une autre pandémie ou épidémie de masse », a-t-elle déclaré.
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“Pas prêt”
Le groupe d’experts indépendants pour la préparation et la riposte à une pandémie, créé par l’OMS, le dit sans ambages : « En 2025, le monde n’est pas prêt à lutter contre une nouvelle menace pandémique », en raison des inégalités qui persistent dans l’accès au financement et aux outils pour y parvenir. lutter contre les pandémies, comme les vaccins.
La virologue néerlandaise Marion Koopmans a expliqué à l’AFP que le succès et la rapidité de production de vaccins basés sur la technique de l’ARN messager (ARNm) pourraient “changer la donne” lors de la prochaine crise sanitaire mondiale.
Mais elle craint que leur utilisation face à une menace future ne rencontre des « problèmes majeurs » notamment en raison du niveau « ahurissant » de désinformation.
Et Tom Peacock, virologue à l’Imperial College de Londres, estime que la possibilité d’une pandémie de grippe aviaire H5N1 doit être prise « très au sérieux ». Pour l’instant, le virus ne se transmet pas entre humains mais il circule massivement chez de nombreuses espèces animales.
“Je ne pense pas que nous soyons plus préparés qu’avec le Covid”, a ajouté auprès de l’AFP Meg Schaeffer, épidémiologiste à l’institut américain SAS. Elle estime qu’il faudrait encore quatre à cinq ans aux autorités de santé publique pour détecter et partager les informations plus rapidement.
Mais elle a « confiance » dans les leçons apprises par la population pendant le Covid-19 pour se protéger, comme la distanciation sociale et le port du masque.
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Du béton et un signal d’alarme
Inauguré en 2021 à Berlin, le nouveau centre de l’OMS sur la prévention des pandémies est dédié à la collecte de renseignements pour mieux détecter et atténuer les menaces.
Créé en 2022, le Fonds de lutte contre la pandémie de la Banque mondiale a jusqu’à présent approuvé un financement d’une valeur de 885 millions de dollars, alloué à près de 50 projets couvrant 75 pays.
Un centre de transfert de technologie pour les vaccins à ARNm a été inauguré en Afrique du Sud en 2023 avec le soutien notamment de l’OMS, ainsi qu’en 2022 un centre mondial de formation à la biofabrication en Corée du Sud pour stimuler la production pharmaceutique locale.
Le 30 janvier 2020, l’OMS a déclaré que le Covid-19 constituait une urgence de santé publique de portée internationale (PHEIC), son niveau d’alerte le plus élevé mais aux connotations trop bureaucratiques.
Et la plupart des pays et le grand public n’ont réagi que lorsque le chef de l’OMS a utilisé pour la première fois le terme beaucoup plus évocateur de « pandémie », le 11 mars 2020.
Pour déclencher une collaboration internationale plus efficace, les pays membres de l’OMS se sont mis d’accord sur la notion d’« urgence pandémique », qui constitue désormais le niveau d’alerte mondial le plus élevé.
Un traité ?
En décembre 2021, les pays membres de l’OMS ont décidé d’élaborer un accord sur la prévention et la préparation aux pandémies afin d’éviter de graves erreurs liées au Covid.
Mais des questions majeures restent sans réponse, notamment celle du partage des données sur les pathogènes émergents et des bénéfices qui en découlent, à savoir les vaccins, les tests et les traitements mais aussi la surveillance des pandémies.
Les négociateurs ont fixé mai 2025 comme date limite pour parvenir à un consensus.
Par ailleurs, plus de 200 scientifiques de plus de 50 pays ont évalué des données sur 1.652 pathogènes – principalement des virus – permettant à l’OMS de dresser cette année une liste d’une trentaine de pathogènes susceptibles de provoquer de futures pandémies, comme le Covid-19, la fièvre de Lassa et les virus Ebola, Zika et Marburg.