La fréquentation actuelle ne constitue toutefois pas un nouveau record, selon les informations des autorités sanitaires. « Les volumes de passage aux urgences et de consultations SOS Médecins (toutes causes confondues) sont proches des observations des années précédentes », notait l’agence nationale Santé publique France, dans son dernier bulletin de surveillance breton, le 27 décembre.
Depuis la crise sanitaire de 2020 et la baisse brutale de la fréquentation des urgences, le nombre de passages reste inférieur à celui observé en 2019. Cette année-là, 957 000 personnes ont été soignées. En 2023, ils étaient 924 000. La tendance est conforme à ce que l’on observe au niveau national
« Entre 1996 et 2019, la fréquentation des urgences en France a plus que doublé », souligne une étude de la Drees, le service statistique dédié à la santé, publiée en décembre. “La progression a toutefois ralenti à partir de 2016”, avant la chute en 2020. “Après un nouveau rebond en 2022, les passages ont diminué en 2023 pour revenir à un niveau proche de 2017.”
De 1 900 à 3 200 passages par jour
Derrière ces tendances mondiales, quid des pics saisonniers ? Des chiffres inédits de passages par jour, publiés en parallèle, permettent de le constater. Hors pic de la crise sanitaire et sa fréquentation record (moins de 1.500 patients par jour aux urgences bretonnes, un chiffre jamais atteint en temps normal), certaines journées ont enregistré moins de 2.000 visites sur la période 2017-2023, en Bretagne. En moyenne, sur sept jours, 2 300 passages quotidiens correspondent aux périodes les moins fréquentées. Un niveau observé à de nombreuses reprises en 2017… et en 2023.
Les jours les plus chargés, plus de 2 800 passages quotidiens, en moyenne hebdomadaire, sont enregistrés. La journée la plus chargée reste le lundi. Certains jours, jusqu’à 3 200 patients présents aux urgences en Bretagne. Ce fut notamment le cas au printemps 2022, année marquée par « un pic épidémique exceptionnellement tardif » de grippe, rappelle Santé publique France. Avant cela, 2019 avait atteint de tels niveaux, en juillet. Deux pics de chaleur avaient entraîné une augmentation.
Des pointes journalières non réservées à l’hiver
La fréquentation moyenne sur chaque mois montre que la saisonnalité n’est pas identique au fil des années, selon les épidémies hivernales. Elle confirme aussi que des difficultés peuvent exister sans pic record, dans un contexte de pénurie de personnel. « Depuis avril 2023, la régulation est devenue une norme. Nous refusons de nous habituer à cette norme», soulignaient, en octobre, les syndicats de l’hôpital Centre-Bretagne de Noyal-Pontivy (56).
Il n’en reste pas moins que même si la hausse est moindre, le nombre de passages reste élevé. La faute aux visites qui ne le justifient pas ? Partiellement : en 2022, la Cour des comptes disposait de 16%, en France, concernant une situation ne nécessitant pas d’action supplémentaire. Cependant, le rapport souligne également les difficultés liées à la sortie. Un indicateur mis en place dans le Grand Est « confirme que le nombre d’admissions n’est pas le seul facteur influençant la saturation de la structure d’urgence ; ceci est encore plus dû à une disponibilité insuffisante des lits en aval qu’à un excès d’entrées en service. » Un problème qui a justement été souligné, en janvier 2023, par le chef des urgences du CHU de Rennes.
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