Un risque élevé d’accident vasculaire cérébral chez les porteurs de prothèses arthrosiques

Un risque élevé d’accident vasculaire cérébral chez les porteurs de prothèses arthrosiques
Un risque élevé d’accident vasculaire cérébral chez les porteurs de prothèses arthrosiques

LYON _ « Les maladies cardiovasculaires et l’arthrose partagent un certain nombre de facteurs de risque communs, comme l’obésité ou le syndrome métabolique, et des mécanismes cellulaires et moléculaires, via notamment certaines protéines, pourraient être à l’œuvre dans les deux cas. Mais ils sont encore très mal connus » rappelle le Dr Maxime Aurouxchef clinique de rhumatologie à l’hôpital Édouard Herriot de Lyon (HCL) et co-auteur de l’article présenté au congrès de la Société Française de Rhumatologie (SFR).

Cohorte de 816 hommes

Son équipe a donc décidé d’étudier les liens entre ces deux maladies, à partir d’une population d’hommes porteurs de prothèses pour l’arthrose. « Même si l’arthrose est prédominante chez les femmes, ce sont les hommes qui sont particulièrement exposés aux risques cardiovasculaires et la cohorte STRAMBO, que nous utilisons également pour d’autres études, n’inclut que des hommes », explique le Dr Auroux. « L’étude STRAMBO a inclus 816 hommes âgés de 60 à 87 ans, que nous avons suivis pendant huit ans dans notre unité. Nous avons comparé la survenue d’événements cardio-vasculaires indésirables (MACCE) au cours du suivi chez des patients qui portaient à l’inclusion une prothèse, soit de hanche, soit de genou, soit d’épaule pour arthrose, avec des patients qui n’en avaient pas. j’en ai un », explique-t-il.

Le MACCE a été défini comme la survenue d’un syndrome coronarien aigu (SCA) comprenant un infarctus du myocarde, un arrêt cardiaque et un angor instable nécessitant une intervention d’urgence, un accident vasculaire cérébral ou une mort subite probablement d’origine cardiovasculaire. Les événements ont été auto-déclarés puis confirmés par un professionnel de santé.

L’association entre l’arthrose et le risque d’événements cardiovasculaires a été évaluée à l’aide d’un modèle de Cox ajusté sur l’âge, l’IMC, l’activité physique professionnelle, le tabagisme, les antécédents d’infarctus du myocarde, l’hypertension, la présence de calcifications de l’aorte abdominale, le traitement par statines et le traitement par vitamine K. antagonistes.

L’âge moyen des patients recrutés était de 72 ans et leur IMC moyen était de 27,6. 49 patients portaient une prothèse pour arthrose (18 genoux, 30 hanches, 6 épaules, 6 hommes avec 2 prothèses) et il y avait 767 témoins. Les patients portant une prothèse avaient un IMC légèrement plus élevé : 29,6 en moyenne contre 27,5 chez ceux qui n’en portaient pas. Ils comprenaient également davantage de diabétiques (22,4 % contre 10,7 % dans le groupe témoin) et avaient plus fréquemment des antécédents d’infarctus du myocarde (28,6 % contre 14,9 %). En revanche, il n’y avait pas plus de fumeurs, d’hypertendus ou de patients ayant des antécédents d’accident vasculaire cérébral dans le groupe arthrose que dans le groupe témoin.

Au cours du suivi, 90 hommes ont présenté un MACCE, avec un temps de suivi moyen de 51,6 mois jusqu’à l’événement. « Nous avons montré une association significative entre le port d’une prothèse pour l’arthrose et les événements cardiovasculaires, avec un risque relatif de 3,12 (intervalle de confiance [1,74;5,58]). Nous nous sommes demandés si cela pouvait être lié à d’autres interventions chirurgicales lors du suivi, mais 116 patients ont subi des interventions chirurgicales majeures et leur risque de MACCE n’a pas augmenté par rapport aux autres », explique le Dr Auroux.

Association significative entre le port d’une prothèse et la survenue d’un accident vasculaire cérébral

Les hommes ayant subi l’incident MACCE étaient plus âgés au départ (75,2 contre 71,8 ans). Ils rapportaient plus souvent une activité physique professionnelle élevée, des antécédents d’infarctus du myocarde et un diabète (significatif après ajustement sur l’âge). En revanche, la prévalence d’antécédents d’AVC au départ n’était pas différente entre les patients ayant présenté un MACCE au cours du suivi et ceux n’en ayant pas présenté.

« Nous avons ensuite examiné chaque événement individuellement. Pour le risque d’accident vasculaire cérébral, 38 patients l’ont fait avec un temps de suivi médian jusqu’à l’événement de 51 mois. Nous avons trouvé une association significative entre le port d’une prothèse et la survenue d’un accident vasculaire cérébral, avec un risque relatif de 4,94 (intervalle de confiance [1,96;12,42]). En revanche, nous n’avons pas trouvé d’association avec un syndrome coronarien aigu ou un infarctus du myocarde”, précise le rhumatologue.

« Le fait que nous n’ayons trouvé que des accidents vasculaires cérébraux peut être lié à un manque de puissance de l’étude, mais cela peut aussi être lié à un impact différent de l’arthrose sur les différents types d’événements cardiovasculaires. Il est possible que certains mécanismes moléculaires impactent différemment les risques cardiovasculaires dans ces cas. Il serait intéressant d’étudier cette hypothèse», estime-t-il.

Il espère par ailleurs que ces résultats seront confirmés à plus grande échelle et également auprès des femmes.

Entre-temps, cette étude a déjà modifié sa pratique personnelle. « Désormais, dans mon service, lorsque je rencontre des patients souffrant d’arthrose sévère, je les interroge sur leurs antécédents cardiovasculaires et je leur recommande de réaliser un dépistage avec le cardiologue », confie-t-il.

Pour lui, le message à retenir de cette étude, non encore publiée, c’est que l’arthrose, lorsqu’elle est sévère, est un marqueur de fragilité, notamment cardiovasculaire. « Il faut garder à l’esprit cette potentielle augmentation du risque », insiste-t-il.

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