La vidéosurveillance aurait un impact sur notre attitude, sans même que nous nous en rendions compte. Comme le montre une étude publiée par des chercheurs de l’Université de Technologie de Sydney (Australie) le 10 décembre 2024 dans la revue Neuroscience of Consciousness, savoir que nous sommes filmés par des caméras de surveillance modifierait notre comportement conscient mais aussi inconscient, rapporte une étude. Des trouvailles, relayées par Ardoise .
Un traitement visuel transformé
En France, de nombreuses communes ont installé des caméras de surveillance dans leurs rues précisément à titre dissuasif. Selon cette étude, les caméras de surveillance auraient des effets comportementaux inconscients sur chacun, au point même de transformer la façon dont notre cerveau traite les informations visuelles.
Pour arriver à ce résultat, les chercheurs ont mené une expérience sur 54 étudiants de premier cycle. Ces derniers étaient divisés en deux groupes : l’un ne sachant pas qu’ils étaient surveillés, et l’autre sachant qu’ils étaient complètement surveillés, au point que les étudiants devaient même signer des formulaires de consentement. Tous ont ensuite été soumis au phénomène de suppression du flash, une illusion dans laquelle des images différentes se présentent à un œil puis à l’autre. Cette technique est couramment utilisée pour étudier les mécanismes du traitement visuel conscient et non conscient.
Effets sur la santé mentale
A la fin de l’expérience, des différences ont été constatées entre les deux groupes. Le groupe sachant qu’il était observé est devenu hyperconscient lorsqu’il a été exposé à des images de visages. Ce dernier a pu détecter l’information «presque une seconde plus rapide» que l’autre, a expliqué Kiley Seymour, auteur principal de l’étude, dans un communiqué.
“Il s’agit d’un mécanisme qui a évolué pour nous permettre de détecter d’autres agents et menaces potentielles dans notre environnement, tels que les prédateurs et d’autres humains, et qui semble être amélioré lorsque nous sommes surveillés.”a-t-elle ajouté. Cette interprétation a également été validée par le fait qu’aucune différence n’a été observée lorsque les stimuli faciaux n’étaient pas impliqués.
Ces résultats suggèrent que la vidéosurveillance pourrait avoir des effets inattendus sur certaines personnes souffrant de pathologies telles que la psychose et l’anxiété sociale. D’autant plus que l’effet des caméras semble s’opérer au-delà de toute conscience, puisque les participants surveillés ont déclaré qu’ils n’étaient pas très inquiets d’être filmés.
L’utilisation généralisée de la vidéosurveillance pourrait donc nous affecter à un niveau plus profond qu’on ne le pensait, aggravant les problèmes de confidentialité et de santé mentale.