Une étude clinique rapporte que les carraghénanes, additifs alimentaires présents dans de nombreux produits industriels, créent des conditions inflammatoires dans l’intestin qui pourraient contribuer au développement de la résistance à l’insuline et du diabète de type 2.
Il est désormais bien établi que les régimes alimentaires occidentaux modernes favorisent le développement de toutes les maladies chroniques et que tous les pays, sans exception, qui adoptent ce modèle alimentaire sont aux prises avec une incidence fulgurante d’obésité, de diabète de type 2 et de plusieurs types de cancer.
Cette occidentalisation des habitudes alimentaires fait que les maladies chroniques sont désormais directement responsables de 75 % de tous les décès dans le monde.(1)
Aliments ultra-transformés
L’un des problèmes majeurs de l’alimentation occidentale est la place de plus en plus importante qu’occupent les aliments fabriqués par l’industrie agroalimentaire, notamment ceux qui sont « ultra-transformés » (au Canada, environ 50 % des calories quotidiennes proviennent de ces aliments).
Les traitements industriels utilisés pour améliorer l’apparence, le goût, la texture et la durée de conservation de ces produits créent deux problèmes principaux :
1) ils favorisent la surconsommation de ces aliments, en perturbant chimiquement nos mécanismes physiologiques de contrôle de l’appétit (jusqu’à 500 kcal supplémentaires par jour selon les études), ce qui peut évidemment conduire rapidement à un excès de poids ;(2)
2) ils nécessitent l’utilisation abondante de plusieurs classes d’additifs alimentaires (colorants, émulsifiants, stabilisants). L’omniprésence de certains de ces additifs, émulsifiants et stabilisants notamment, soulève actuellement de nombreuses questions, car ces molécules agissent comme des émulsifiants (détergents biochimiques) et pourraient donc perturber l’intégrité de certaines barrières protectrices de nos tissus, notamment la couche de mucus qui recouvre la surface de l’intestin.
Algues gélifiantes
Les carraghénanes (ou carraghénanes) font partie de ces classes d’additifs alimentaires largement utilisés dans la fabrication de produits industriels.
Ces molécules sont des polymères de sucres (polysaccharides) extraits d’algues rouges qui possèdent des propriétés gélifiantes et émulsifiantes et sont utilisées pour améliorer la texture d’une large gamme d’aliments (glaces et charcuteries, entre autres).
Bien que les carraghénanes soient généralement considérés comme sûrs, des études sur des modèles animaux montrent que les produits de dégradation de ces polymères provoquent une inflammation de l’intestin et réduisent la tolérance au glucose, un facteur de risque de diabète. 2.
Étant donné que la consommation quotidienne moyenne de carraghénane dans la population a quintuplé au cours des dernières décennies (de 45 à 250 mg/jour entre 1970 et aujourd’hui), il est possible que ces additifs aient contribué à l’essor fulgurant de cette maladie. depuis le début du millénaire.
Perméabilité intestinale et inflammation
Pour évaluer cette possibilité, une étude clinique randomisée a examiné les effets d’un apport élevé en carraghénane sur la perméabilité intestinale, le degré d’inflammation et la réponse insulinique.(3)
Dans cette étude, des hommes jeunes et en bonne santé ont reçu chaque jour un placebo ou une dose de carraghénane en plus de leur alimentation normale (500 mg) pendant une période de deux semaines.
Les chercheurs ont d’abord observé que la consommation des additifs provoquait une augmentation de la perméabilité intestinale et la production de molécules inflammatoires par certains globules blancs (monocytes), suggérant que ces produits pouvaient créer un climat d’inflammation chronique propice au développement de maladies chroniques.
Ils ont ensuite montré que chez des volontaires en surpoids (ce qui correspond à la situation des 2/3 de la population canadienne), l’efficacité de l’insuline à faire pénétrer le glucose dans les organes était significativement réduite (notamment dans le foie) par les carraghénanes, signe avant-coureur de le développement du diabète de type 2.
Ils ont également observé que ces sujets présentaient des signes d’inflammation au niveau de l’hypothalamus, une région du cerveau impliquée dans le métabolisme des sucres, autre élément clé dans l’évolution vers le diabète de type 2.
Étant donné que ces changements se sont produits en seulement deux semaines d’intervention, il est fort probable que la consommation quotidienne d’aliments contenant de la carraghénane aura des impacts négatifs encore plus prononcés à long terme.
Que ce soit pour leur forte densité calorique ou leur forte teneur en additifs divers, les aliments industriels ultra-transformés doivent donc être considérés comme de véritables perturbateurs métaboliques qui créent des conditions propices au développement de maladies chroniques.
(1) Adolph TE, Tilg H. Régimes occidentaux et maladies chroniques. Nuit avec 2024 ; 30 : 2133-2147.
(2) Hall KD et coll. Les régimes ultra-transformés provoquent un apport calorique excessif et une prise de poids : un essai contrôlé randomisé en milieu hospitalier sur la consommation alimentaire à volonté. Cellule métab. 2019 ; 30 : 67-77.e3.
(3) Wagner R et coll. Carraghénane et résistance à l’insuline chez l’homme : un essai croisé randomisé en double aveugle. BMC Med 2024 ; 22 : 558.