De l’actualité sur le front de la dengue, cette maladie parfois très grave transmise par le moustique tigre. Alors que le nombre de cas autochtones (c’est-à-dire les personnes infectées en France métropolitaine) a atteint cette année un nouveau record, au-dessus de 80, un nouveau vaccin est désormais recommandé dans certaines régions du pays. .
La Haute autorité de santé (HAS) recommande, ce mardi, de vacciner deux groupes de population avec le vaccin Qdenga du laboratoire Takeda : les enfants et adolescents âgés d’au moins 6 ans ayant déjà eu la dengue et les adultes âgés de 17 à 60 ans à risque. facteurs (obésité, diabète, drépanocytose ou autre maladie chronique, etc.). Et ce, dans les territoires d’outre-mer qui sont les plus exposés (Antilles, Guyane, La Réunion et Mayotte… ravagées par le cyclone Chido). Depuis l’été 2023, une vingtaine de décès « directement imputables à la dengue » ont été enregistrés en Martinique et en Guadeloupe, selon Santé publique France.
Test sérologique proposé aux enfants
Il existe déjà un vaccin contre la dengue, le Dengvaxia du groupe français Sanofi. Cela a été recommandé aux Antilles en 2019, mais uniquement pour les résidents pouvant prouver qu’ils ont déjà eu la maladie. En effet, la HAS avait pointé à l’époque un « risque d’augmentation des cas graves chez des sujets qui n’avaient pas été infectés avant la vaccination ».
Ce phénomène bien connu est appelé « anticorps facilitant l’infection » (ADE). Cela se produit lorsque des anticorps se lient à un virus puis au récepteur d’une cellule… permettant à l’agent pathogène d’infecter la cellule. Par ailleurs, l’efficacité du Dengvaxia était très inégale selon la souche du virus (il y en a quatre pour la dengue).
Les données sont plus rassurantes pour le vaccin Qdenga, qui a obtenu l’autorisation de mise sur le marché européenne en décembre 2022. “Il est plus atténué que le vaccin Sanofi, et surtout il ne semble pas y avoir de facilitation chez les personnes naïves”, Stéphane Paul, membre de nous l’avait indiqué la Commission technique des vaccinations (CTV) de la HAS en avril. Il semble également efficace contre les quatre sérotypes.
Par précaution, seuls les enfants déjà infectés seront néanmoins incités à se faire vacciner. En cas de doute, « un test sérologique pourra leur être proposé », indique Anne-Claude Crémieux, présidente du CTV. Les jeunes drépanocytaires et n’ayant jamais eu la dengue pourront quand même se faire vacciner, « au cas par cas » et sur avis médical.
Limiter la circulation du virus
Les adultes présentant des comorbidités seront éligibles, qu’ils aient déjà attrapé le virus ou non. « On s’est posé la question de savoir s’il fallait se limiter à ceux qui ont déjà été infectés, mais on risquait de passer à côté d’une population très vulnérable. La gravité de la dengue est liée à la décompensation des comorbidités », explique le scientifique. Les personnes âgées de 60 ans et plus restent en dehors de l’objectif, car il n’existe pas de données d’efficacité dans cette tranche d’âge.
Cette campagne vise à limiter le nombre de patients à l’étranger. On ne sait pas quelle sera l’efficacité du vaccin contre la transmission, et donc sur l’arrivée de personnes contaminées en France métropolitaine. Le moustique tigre est désormais implanté dans au moins une commune de chaque région de France métropolitaine, et presque partout sur le littoral méditerranéen. En « mordant » une personne infectée, il peut ensuite en contaminer d’autres. « Les mesures de lutte anti-vectorielle, comme les moustiquaires et la vidange des gobelets d’eau stagnante, restent indispensables », insiste Anne-Claude Crémieux.
Il appartient désormais au ministère de la Santé de reprendre cette recommandation. D’autres vaccins pourraient arriver dans les années à venir, comme celui de l’Institut Butantan au Brésil ou celui d’une start-up hébergée à l’Institut Pasteur, V4C (« Vaccin pour les Communautés »). Et Anne-Claude Crémieux de conclure : « On attend toujours le vaccin idéal, mais pas dans l’immédiat. »