Elle sonne. Derrière la porte, un chien aboie. “Je n’ai rien à vendre”annonce Sarah Ettouati. La porte s’ouvre avec précaution. La médecin généraliste explique le motif de sa visite : une campagne de porte-à-porte de sensibilisation au dépistage des cancers du sein, du col de l’utérus et colorectal.
Ce mercredi matin, deux d’entre eux ont sonné aux 72 logements de cet immeuble du Clou-Bouchet, à Niort. « Même si on amène dix ou vingt femmes pour une mammographie, ce sera déjà très bien »indique Sarah Ettouati, coordinatrice au centre de dépistage des cancers 79-86. Pour mettre les habitants en confiance, ils sont accompagnés par les deux gardiens de l’immeuble. C’est la troisième séance de ce type réalisée dans le quartier depuis fin novembre, en partenariat avec le bailleur social Deux-Sèvres Habitat.
“J’ai trois filles, je n’ai pas le - de m’occuper d’elles”
Les portes s’ouvrent aux jeunes et aux moins jeunes, aux hommes et aux femmes. « Avez-vous quelques minutes à m’accorder ? » Sur un palier, une mère fait traduire ses questions par sa fille. Sarah Ettouati est invitée à revenir. Elle ressort quelques minutes plus tard. Elle a donné rendez-vous à la mère à l’hôpital pour un frottis. Elle reviendra la voir avant le rendez-vous, c’est sûr.
Ici, un homme entrouvre la porte. Préoccupé par le dépistage du cancer colorectal, il peine à répondre aux questions des patients du médecin. « Non, je ne devrais pas avoir de problème. ». “C’est pour tout le monde”assure Sarah Ettouati. Il est sous tutelle, informe le gardien. La professionnelle finit par prendre le nom de son médecin généraliste. « Nous allons vérifier avec lui s’il a passé le test et s’il peut vous aider. »
En chaussons, une dame d’une soixantaine d’années ouvre sa porte. Un dépistage du cancer du sein ? “J’ai trois filles à ma charge, je n’ai pas le - de m’en occuperexplique-t-elle. Je suis tout seul et je n’ai pas beaucoup de ressources. » “C’est entièrement couvert, ça ne vous coûtera rien”précise Sarah Ettouati. Le résident semble réceptif. « J’en profite pour aller plus loin »poursuit le médecin, avant d’évoquer le dépistage du cancer du col de l’utérus. “Tu veux quelque chose à boire?” »elle finit par être offerte.
« Un manque de connaissances »
Au total, 1 333 femmes entre 50 et 74 ans habitant les quartiers prioritaires de la ville (QPV) ont été recensées dans le département. Plus des deux tiers n’ont pas subi de dépistage du cancer du sein, précise Sarah Ettouati. « Il faut aller les chercher. Qui vient dans les tribunes ? Des gens déjà intéressés. »
Les raisons de ce faible taux de dépistage ? « Ce qui ressort, c’est un manque de connaissances »explique Sarah Ettouati. Une situation à laquelle s’ajoutent des conditions financières parfois précaires. “Pour certaines femmes, leur priorité n’est pas la santé, c’est l’alimentation”acquiesce Nathalie Honeker, agente de santé publique au centre de dépistage du cancer. A cela s’ajoute la peur du résultat, la pudeur, la peur de souffrir… Alors, la petite équipe rappelle inlassablement que le dépistage est pris en charge, rapide et non douloureux.
Sarah Ettouati rapporte également à « disparités sociales » dans le taux de dépistage. Et, par conséquent, sur les délais de diagnostic. « Cela peut aussi être l’occasion de répondre à certaines questions sur la façon de prendre soin de sa santé. »