« Nomad », la lettre d’amour du cinéaste Patrick Tam à la jeunesse hongkongaise des années 1980

« Nomad », la lettre d’amour du cinéaste Patrick Tam à la jeunesse hongkongaise des années 1980
« Nomad », la lettre d’amour du cinéaste Patrick Tam à la jeunesse hongkongaise des années 1980
Tomato (Cecilia Yip) et Louis (Leslie Cheung), dans « Nomad » (1982), de Patrick Tam. CARLOTTE FILMS

L’AVIS « DU MONDE » – À NE PAS MANQUER

Le nom de Patrick Tam ne dit peut-être pas grand-chose aux oreilles cinéphiles françaises, car seule une poignée de ses films sont sortis sur le marché de la vidéo. Il fut pourtant le père spirituel d’un certain Wong Kar-wai, et l’un des vaillants pionniers de la nouvelle vague hongkongaise des années 1980 aux côtés de Tsui Hark et Ann Hui. Jeune débutant, Wong Kar-wai écrira pour lui le scénario décisif de Victoire finale (1987), avant que Tam ne lui rende la pareille en éditant Nos années folles (1990) et Cendres du temps (1994). Eparse, son œuvre s’étend sur une seule décennie d’activité artistique, certes intense, avant d’être suspendue à l’aube des années 1990 pour une carrière plus discrète liée à l’enseignement. La libération de Nomade (1982), l’un de ses plus beaux films, quarante-deux ans après sa réalisation, offre une parfaite initiation à son style au lyrisme rêveur et vagabond baigné de couleurs chatoyantes.

Nomade avait du mal avec la censure à l’époque, compte tenu de la liberté de ton avec laquelle il dépeint les mœurs sexuelles de la jeunesse de Hong Kong, ce qui lui a valu quelques coupes stratégiques. Restauré dans son montage original, le film dépeint les amours croisées de quatre jeunes issus de classes sociales différentes. Pong (Kent Tong), l’aîné d’une famille nombreuse entassée dans un appartement exigu, se laisse séduire par Kathy (Pat Ha), une fille élégante et impertinente de bonne famille.

Le frère de ce dernier, Louis (Leslie Cheung dans l’un de ses premiers rôles), tombe amoureux un soir de Tomato (Cecilia Yip), une nymphette au cœur d’artichaut empêtrée dans ses affaires de cœur. En traînant ensemble, les couples forment un groupe soudé et décontracté, réunis dans la grande maison des riches qui surplombe la baie. Ils rêvent tous de se lancer dans une balade en mer à bord du voilier familial, baptisé Nomade – même si le titre peut aussi s’étendre au « nomadisme » émotionnel et sexuel des personnages.

Des éclats de lyrisme

Le film surprend d’abord par son art consommé du contraire, la capacité de passer d’une ambiance à une autre en un claquement de doigts. En effet, cela commence sur les bords de la comédie potache, par exemple avec cette scène où Pong, maître nageur à la piscine, se voit soudain assailli par un escadron de demoiselles indisciplinées qui le poussent dans l’eau pour mieux enlever son maillot de bain. Puis le film glisse, et des travellings élégiaques s’enroulent autour de Louis, qui croupit seul dans sa chambre en écoutant d’anciennes émissions de sa mère décédée enregistrées sur cassette.

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