« Il n’y a aucune restriction alimentaire à mettre en place, pas d’aliment miracle ! » – .

« Il n’y a aucune restriction alimentaire à mettre en place, pas d’aliment miracle ! » – .
« Il n’y a aucune restriction alimentaire à mettre en place, pas d’aliment miracle ! » – .

Pourquoi Docteur : Pourquoi les personnes atteintes de sclérose latérale amyotrophique doivent-elles accorder une attention particulière à leur alimentation ?

Professeur Pierre Jésus : La SLA est une pathologie neurodégénérative qui provoque une perte de masse musculaire. Ainsi, si le patient perd également du poids parce qu’il ne mange pas suffisamment, la maladie peut s’aggraver, augmentant ainsi le risque de décès. De plus, environ 50 % de ces patients développent un hypermétabolisme, c’est-à-dire qu’ils dépensent beaucoup plus d’énergie qu’auparavant. Pour eux, il faut généralement adapter la prise alimentaire en l’augmentant.

Et pourtant, certains patients peuvent, au contraire, avoir tendance à réduire leur consommation alimentaire…

En effet, la sclérose latérale amyotrophique est une maladie du motoneurone, ce qui signifie qu’elle peut entraîner des problèmes de déglutition. Ils peuvent également être présents dès le début de la pathologie dans le cas d’une forme à début bulbaire. Ces difficultés de déglutition peuvent entraîner des risques d’aspiration, mettant le patient dans une situation de stress au moment des repas. De plus, une insuffisance respiratoire apparaissant progressivement est également responsable d’une réduction de la prise alimentaire. L’hypersalivation ou à l’inverse l’hyposialia peuvent également être sources de complications pour la prise alimentaire. Enfin, l’impact psychologique de la maladie ou les troubles du transit (constipation) sont également des facteurs favorisant une perte d’appétit chez certains patients.

Aujourd’hui, on sait que ce qui contribue réellement à ralentir la progression de la maladie, c’est de maintenir un poids stable.

Jeûne intermittent, régime cétogène… Existe-t-il un régime alimentaire idéal quand on souffre de SLA ?

Aucun de ces régimes n’a montré de bénéfice clinique particulier. Aujourd’hui, on sait que ce qui contribue réellement à ralentir la progression de la maladie, c’est de maintenir un poids stable. En cas de perte de poids, on peut recommander à la personne de manger un peu plus en enrichissant son alimentation. Mais à part ça, il n’y a aucune restriction alimentaire à mettre en place, pas d’aliment miracle !

Quelles sont les recommandations pour les patients à risque de malnutrition ?

On cherche d’abord la cause : s’agit-il d’un problème lié à l’hypermétabolisme ? Des difficultés à avaler ? Salivation? Au psychisme ? Selon les situations, nous pouvons conseiller d’adapter la texture des aliments et des boissons, d’enrichir les plats avec des sources de protéines (animales ou végétales), de fractionner les repas avec davantage de collations, de prendre une collation le soir si la personne se lève et qu’il n’y a aucun risque de s’égarer, etc.

Sauf cas de carence avérée, nous ne proposons pas systématiquement de supplémentation.

Dans quels cas prescrire des compléments alimentaires oraux ?

Nous prescrivons les compléments alimentaires oraux remboursés uniquement aux patients qui ne sont pas en mesure d’augmenter eux-mêmes leurs apports. Ce sont des mélanges enrichis qui offrent un profil nutritionnel complet, sous forme de boissons, jus de fruits, crèmes desserts, etc. Les patients doivent les prendre en collation, en complément des repas, à 10h ou 16h par exemple.

Et les vitamines ?

Sauf cas de carence avérée, nous ne proposons pas systématiquement de supplémentation.

Une étude publiée l’année dernière dans la revue Neurology suggère que la consommation d’acides gras oméga-3 pourrait aider à ralentir la progression de la SLA. Les patients doivent-ils consommer des suppléments ?

Cela concerne plus précisément les taux sanguins circulants d’Acide Alpha-Linolénique (ALA) qui seraient associés à un ralentissement de la progression de la maladie. A Limoges, nous ne prescrivons pas d’acides gras oméga-3 en complément. Les patients peuvent retrouver ces acides gras oméga-3 dans les poissons gras, et notamment l’ALA dans l’huile de colza, l’huile de noix, etc.

Quand se pose la question du recours à l’alimentation artificielle ?

Certains patients souhaitent maintenir une alimentation orale le plus longtemps possible. Dans ce cas, nous testons au maximum l’adaptation des textures, des compléments alimentaires oraux, etc. Et enfin, lorsqu’on constate une perte de poids importante, de l’ordre de 10% du poids de base, et que cette perte se poursuit malgré l’enrichissement de l’alimentation, ou en présence d’aspiration importante avec inhalation et infection pulmonaire, on envisage la mise en place d’une nutrition artificielle. à l’aide d’une sonde de gastrostomie qui traverse la peau et va jusqu’à l’estomac pour nourrir la personne. Cette solution peut également être envisagée plus tôt, en cas d’insuffisance respiratoire, et de préférence avant la mise en place d’une ventilation artificielle.

 
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