Un projet « boîte santé » pour les utilisateurs d’opioïdes dans la région de Restigouche

Un projet « boîte santé » pour les utilisateurs d’opioïdes dans la région de Restigouche
Un projet « boîte santé » pour les utilisateurs d’opioïdes dans la région de Restigouche

L’abus d’opioïdes a fait des ravages partout au pays ces dernières années, y compris au Nouveau-Brunswick. Mais il serait faux de croire que cet enjeu de santé publique n’est présent qu’au sein des grands centres urbains.

De nombreux opioïdes sont également consommés dans la région. Et comme ailleurs, cette consommation se transforme malheureusement dans certains cas en dépendance et abus.

Cette réalité a été présentée au conseil municipal de la Communauté régionale de Campbellton par Ndèye Siga Sall, coordonnatrice santé de la zone de santé 5.

« La Restigouche traverse la même crise que partout au Canada. On le voit encore plus depuis la pandémie. Cela a eu des effets dévastateurs, cela a amplifié cette crise que nous traversions depuis un moment», dit-elle.

Que sont les opioïdes ? Il s’agit notamment de puissants analgésiques et analgésiques comme l’oxycodone, la morphine, l’hydromorphone, le fentanyl et la codéine. Ces médicaments sont prescrits sur ordonnance d’un professionnel de santé.

On trouve cependant des produits dérivés dans la rue, donc au marché noir, sous diverses appellations (China White, Friend, Dance Fever, Apache, TNT, etc.). Les consommateurs les recherchent notamment pour leurs effets euphorisants et relaxants. Ils présentent cependant l’inconvénient d’être des médicaments à risque de dépendance très élevé.

À la Santé publique, nous reconnaissons qu’il existe des difficultés vécues par les utilisateurs de ces substances dans le Restigouche et nous aimerions leur apporter davantage de soutien. Par exemple, nous aimerions rendre plus accessible la naloxone, un médicament qui aide à contrer les effets d’une intoxication (surdose) aux opioïdes.

Campbellton visé

La Santé publique a donc suggéré à la Ville de Campbellton de participer à un projet, soit l’installation d’une boîte santé – une sorte de distributeur automatique – dans laquelle de la naloxone serait offerte gratuitement.

« On le trouve en pharmacie, mais il coûte très cher. Et on sait que le niveau de pauvreté est élevé dans le Restigouche. Si nous le trouvons gratuitement, nous pourrions sauver des vies », estime Mme Sall.

Bien que ce projet vise à s’attaquer au problème de la consommation d’opioïdes, il ne se limite pas à cela. La boîte pourrait ainsi contenir des accessoires liés à d’autres problèmes de santé, comme des autotests VIH, des bandelettes permettant de détecter le fentanyl dans les médicaments (pour éviter les intoxications), des brochures pédagogiques relatives aux infections sexuellement transmissibles, des préservatifs et du lubrifiant, des réceptacles à aiguilles (pour les personnes qui s’injectent des drogues). drogues) et même des pipes à crack ou des kits d’injection sécurisés.

« Elle (la box santé) ne s’arrête pas qu’à la consommation d’opioïdes, on touche à plusieurs sphères. Il s’agit vraiment d’une approche de réduction des méfaits », explique Mme Saal.

Ce type de box sanitaire existe déjà dans quelques endroits de la province, mais on n’en trouve pas dans les régions du nord. Campbellton deviendrait ainsi la première à se doter d’un tel outil de prévention.

« Nous aimerions vraiment que les gens aient accès à du matériel stérile et gratuit dédié à la consommation. Cela contribuerait à réduire les décès accidentels liés à l’exposition à ces opioïdes. Cela nous donnerait également des données plus récentes et représentatives sur la consommation de ces substances », précise Mme Sall.

Le coffret serait proposé gratuitement grâce à un projet national. Son réapprovisionnement serait également gratuit. Certains produits pourraient également ne pas être inclus dans la boîte si la Ville n’est pas tout à fait à l’aise avec ceux-ci.

Responsabilité morale

Après avoir délibéré pendant une semaine sur la question, les membres du conseil municipal de Campbellton ont décidé lundi – et à l’unanimité – de donner une chance au projet. «Je crois que nous avons l’obligation morale d’aller de l’avant», a déclaré d’emblée le conseiller Maurice Comeau.

« La consommation d’opioïdes et de drogues puissantes cause beaucoup de tort. C’est même une épidémie. Qu’on le veuille ou non, ce n’est pas quelque chose qui va disparaître du jour au lendemain. Nous devons faire notre part envers ces personnes les plus vulnérables de notre communauté », a ajouté la conseillère Diane Cyr.

Le maire de Campbellton, Jean-Guy Levesque, a pour sa part salué la décision de son conseil. « C’est un gros engagement sur un sujet à la fois très important et très délicat. Il y aura une certaine éducation sociale à faire, car je suis certain que plusieurs citoyens se demanderont pourquoi nous avons accepté d’avoir une telle boîte sur notre territoire alors que d’autres communautés ont refusé. Personnellement, je pense que nous ne pouvions tout simplement pas dire non », déclare le maire.

Cependant, aucun emplacement n’a été retenu pour son installation. Le box devant se trouver dans un environnement fermé, à l’abri des intempéries, nous avons suggéré la caserne des pompiers puisque cet établissement est ouvert 24h/24.

« Ce type de boîte doit être disponible en tout temps, car les utilisateurs de ces drogues ne sont pas limités à consommer de 8 h à 16 h, du lundi au vendredi », a rappelé le conseiller Sterling Loga.

La municipalité reviendra prochainement avec une liste d’emplacements potentiels pour l’installation de ce coffret.

 
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