La fiction en six épisodes, disponible sur Disney+ dès ce vendredi 7 juin, nous entraîne dans la vie privée de Karl Lagerfeld dans les années 1970, avant que le créateur ne devienne une icône de mode. Le résultat est magistral, à la hauteur du génie du Kaiser.
Cinq ans après sa mort, Karl Lagerfeld a enfin droit à sa toute première œuvre de fiction, Devenir Karl Lagerfeld, une série absolument fantastique disponible ce vendredi 7 juin sur Disney+. Attention, il ne s’agit pas d’un biopic classique : les six épisodes se concentrent uniquement sur les jeunes années de Lagerfeld à Paris, dans les années 1970.
Montrer un Karl Lagerfeld plus fragile et plus sensible
Un choix audacieux mais surtout très pertinent : quelle meilleure façon de comprendre un personnage aussi mystérieux que Lagerfeld qu’en plongeant dans sa vie privée avant la célébrité, avant Chanel, avant Choupette, avant Cara Delevingne et Baptiste Giabiconi ? Qui était Karl, le vrai Karl, et non le personnage excentrique aux cheveux argentés attachés en queue de cheval ? Cette question a hanté Daniel Brühl, l’interprète de Lagerfeld, tout au long du tournage. L’acteur germano-espagnol (vu dans Basterds sans gloire) voulait absolument connaître la vérité sur Karl, et tenait aussi à parler français malgré la difficulté que cela représentait pour lui.
“L’aventure pour moi, c’était d’entrer dans des chemins plus intimes et délicats”, nous confiait-il lors d’un point de presse organisé au Bristol, à Paris, quelques jours avant la sortie de la série. « J’ai essayé de l’approcher avec beaucoup d’attention et de tendresse. C’est précisément ce que nous voulions montrer : un Karl Lagerfeld plus jeune, plus vulnérable et plus romantique. »
L’alchimie entre Daniel Brühl et Théodore Pellerin
Devenir Karl Lagerfeld dépeint l’éblouissant coup de foudre entre le Kaiser et le jeune dandy Jacques de Bascher. Tous deux se fascinent : Jacques admire le talent de Karl, qu’il imagine déjà comme le plus grand couturier de tous les temps. Karl est émerveillé par l’érudition et la sophistication de Jacques. Mais leur relation est loin d’être de tout repos et la série le montre parfaitement.
Les deux hommes ont parfois beaucoup de mal à se comprendre. Karl, noyé par son travail, n’a pas beaucoup de temps à consacrer à Jacques, qui au contraire ne fait rien de ses journées à part se droguer et faire la fête. Le dandy fait tout pour attirer l’attention de son compagnon jusqu’à se retrouver dans le lit du plus grand rival de ce dernier : Yves Saint-Laurent.
«Il y avait une toxicité dans leur relation», analyse Théodore Pellerin, qui tient le rôle de Jacques de Bascher. « Ils avaient tous les deux un ego démesuré et une vision très précise de la façon dont ils voulaient vivre leur vie. Leur relation a duré parce qu’ils s’aimaient beaucoup malgré leur incompatibilité”, poursuit l’acteur canadien qui n’a pas eu de mal à incarner l’amant de Karl face à Daniel Brühl.
« Tout s’est fait naturellement, il y avait une connexion entre nous. Dès que j’ai tourné ma première scène avec Daniel, je me suis dit : “Je l’aime, je l’adore”. Je savais que j’allais « me nourrir de lui et que j’aurais peu de choses à prévoir à part ma préparation personnelle », se souvient-il. Théodore Pellerin a également tout fait pour séduire l’interprète de Lagerfeld, notamment en lui offrant un magnifique cadeau…
“Le deuxième jour de tournage, j’étais très nerveux car c’était le début de la série”, se souvient Daniel Brühl. « Quand je suis rentré à la maison pour me changer, j’ai trouvé un énorme bouquet de roses. Je n’avais jamais vu de roses aussi belles. J’ai appelé ma femme et je lui ai dit : ‘Je suis désolé mais après 13 ans de mariage, je ne t’ai jamais offert ça, je ne sais pas où on peut trouver des bouquets comme ça’. Il y avait une note où c’était écrit ‘pour Karlito’ , de Jacquo'”, nous explique l’acteur. des étoiles dans les yeux en repensant à ce fameux bouquet qui l’a fait tomber amoureux de Théodore. «J’ai dit à ma femme qu’il y a des moments où j’aime cet homme. Elle m’a dit : ‘pas de problème, je l’aime aussi’. C’était donc une relation ouverte », plaisante-t-il.
C’est à travers l’histoire d’amour fusionnelle de Karl et Jacques que Devenir Karl Lagerfeld permet de mieux comprendre la personnalité très complexe du Kaiser, à la fois très rigoureux et très froid, mais aussi doux, affectueux et passionné. Les seconds rôles tournant autour du duo (Arnaud Valois dans le rôle d’Yves Saint-Laurent, Alex Lutz dans celui de Pierre Bergé) complètent le tableau de la série, à la hauteur de ce que l’on attendait d’une fiction sur Lagerfeld : emblématique et magistrale.
