A Buzançais, Joël Sabard se souvient de son rôle de figurant sur le tournage du film « Le Jour le plus long »

A Buzançais, Joël Sabard se souvient de son rôle de figurant sur le tournage du film « Le Jour le plus long »
A Buzançais, Joël Sabard se souvient de son rôle de figurant sur le tournage du film « Le Jour le plus long »

« Nous avons été mis à l’eau à plusieurs reprises pour reconstituer le débarquement américain. Nous plongeions puis remontions dans les barges mais à chaque fois que nous atteignions la plage, nous étions accueillis avec du rhum chaud. » Soixante-trois ans après le tournage du film Le jour le plus longLe Buzancéen Joël Sabard a encore les larmes aux yeux.

L’émotion est toujours présente lorsqu’il évoque cette période de sa vie, lui qui a côtoyé la grande et la petite histoire. En 1961, au moment du tournage de ce classique du cinéma du réalisateur américain Darryl Zanuck, Joël Sabard effectuait son service militaire à Angoulême.

Une pause enchantée avant de partir pour l’Algérie

« J’étais dans les marines et j’étais à l’école des sous-officiers à l’époque. J’avais obtenu une bonne moyenne. » Il était 15/20. De quoi être sélectionné comme quinze de ses camarades de régiment comme figurants dans le film Le jour le plus long.

Si certaines scènes de la célèbre fresque hollywoodienne du débarquement du 6 juin 1944 ont été tournées en Normandie, d’autres l’ont été sur l’île de Ré. Joël Sabard y passe deux mois au total, du 15 octobre au 15 décembre 1961.

« Ce n’était absolument pas prévu mais ça me convenait bien, ça a retardé mon départ en Algérie, se souvient l’ancien horticulteur de Buzançais. Nous avons passé deux mois au bord de la mer, j’étais heureux. »

Un souvenir inoubliable pour le jeune homme né à Sennevières (Indre-et-Loire) en 1941, et dont le père, agriculteur, avait été mobilisé au début de la Seconde Guerre mondiale. Bien qu’il n’ait que 3 ans en 1944 et n’ait donc aucun souvenir de cette période, cette parenthèse enchantée lui a laissé un passé hors du commun.

John Wayne, Robert Mitchum, Bourvil

Sur la plage des Sablanceaux, Joël a côtoyé quelques grands noms du cinéma américain de l’époque, John Wayne et Robert Mitchum, entre autres, mais surtout la star française du cinéma français, Bourvil.

Parmi les photos qu’il a conservées du tournage, Joël Sabard en a retrouvé deux où apparaît Bourvil.
© Photo NR

“Il n’a passé que trois jours avec nous mais il déconnait toujours, se souvient Joël. J’avais une photo de moi le poussant sur son vélo dans le sable mais je l’ai égarée. » Heureusement, Joël a gardé d’autres photos pour immortaliser ce moment.

Après deux mois de célébrations et de franche camaraderie, nous avons dû revenir à la dure réalité. « Il a été mentionné une fois que nous continuerions à tourner avec l’équipe en Corse et j’aurais continué avec eux. »

58 000 francs

Pourtant la France a besoin de ses troupes en Algérie et Joël Sabard rejoint la petite Kabylie où il sera soldat jusqu’en 1963 et confronté à l’horreur de la guerre, comme son père en 1940 et son grand-père pendant la Première Guerre. mondial. « Au total, j’ai passé 23 mois dans l’arméeindique celui qui repartira avec le grade de caporal-chef. Et c’est en Algérie que j’ai reçu 58 000 francs à l’époque pour avoir participé au tournage du film. »

Lundi 3 juin 2024, trois jours avant les commémorations du 80e anniversaire du 6 juin 1944, Le jour le plus long a été rediffusé sur France 3 et Joël Sabard était visiblement devant sa télévision. Et il a versé une petite larme, comme à chaque fois. « J’ai reconnu des scènes qu’on tournait à l’époque mais non, je ne me reconnaissais pas, nous étions trop nombreux et puis il y avait tout le travail de montage. »

Joël Sabard a une nostalgie folle pour ses 20 ans. « Je n’en parle pas souvent sauf avec mes neveux qui m’interrogent sur cette période. A chaque fois, ça me rappelle des souvenirs et ça m’émeut énormément. Je suis de nature très sensible. »

Lorsqu’il regarde les photos de ses 20 ans, Joël Sabard essuie toujours une larme du coin de l’œil.
© Photo NR

Les mille et une vies de Jojo la fleur

Né dans une ferme d’Indre-et-Loire, en 1941, à Sennevières, Joël Sabard aurait pu succéder à son père à son retour d’Algérie, en 1963. Certes, qu’à l’époque, alors qu’il avait suivi une formation de facteur , les horizons de ce fils d’agriculteur s’étaient élargis et la « culture » comme il disait n’était pas faite pour lui.

« J’ai quitté la ferme en 1965 et je suis devenu chauffeur de bus. » Une activité qu’il a exercée pendant trente-neuf ans et qui lui a fait découvrir l’Europe : Allemagne, Pologne, Espagne, Danemark, Irlande, Italie… « Au total, j’ai visité 24 pays et parcouru plus de 3 millions de kilomètres. »

Depuis son passage en Algérie, Joël Sabard est également membre de l’UNC-AFN et médaillé militaire. Et se souvient avoir transporté un groupe de vétérans de Loches pour le 50e anniversaire du débarquement, en 1994. « J’ai eu la chance de me retrouver face à face avec la reine Elizabeth II et le prince Philippe qui venaient de fouler le sol français. »

Son caractère jovial le transformait aussi parfois en leader des groupes qu’il accompagnait et pour lesquels il n’hésitait pas à chanter.

Mais Jojo la fleur tient son surnom de son activité d’horticulteur qu’il exerçait à Buzançais où il s’installe en 1975. Il achète des terres pour ses cultures, embauche jusqu’à trois salariés, et ouvre une boutique en ville. Et pendant des années, notre Jojo apparaissant dans « Le Jour le plus long » jonglait entre toutes ses activités.

 
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