Les moustiques exotiques, aux « piqûres plus douloureuses », « très agressifs » et au « comportement alimentaire accru », se multiplient en Belgique

Les moustiques exotiques, aux « piqûres plus douloureuses », « très agressifs » et au « comportement alimentaire accru », se multiplient en Belgique
Les moustiques exotiques, aux « piqûres plus douloureuses », « très agressifs » et au « comportement alimentaire accru », se multiplient en Belgique

Parmi ces insectes déjà redoutés, la présence potentielle d’espèces exotiques, favorisées par le réchauffement climatique, risque de compliquer les choses. Des recherches montrent que le fameux moustique tigre, originaire d’Asie du Sud-Est et vecteur de nombreuses maladies (dengue, Zika, chikungunya), est de plus en plus présent en Belgique. Selon Sciensano, ce moustique tigre (sub)tropical a déjà hiverné dans quatre endroits de notre pays : Ath, Kessel-Lo, Wilrijk et Lebbeke. L’Institut de Santé Publique considère donc qu’ils sont implantés dans ces quatre lieux.

En 2023, la présence de ce moustique avait été identifiée dans deux fois plus d’endroits qu’en 2022, sur exactement 25 sites (dont 18 jardins privés), tant en Flandre qu’en Wallonie. “Dans les pays voisins, nous avons pu démontrer qu’il y avait une véritable implantation du moustique. Nous devons objectivement craindre que cela nous arrive aussi.» estime Frédéric Francis, qui évoque le réchauffement climatique, cause d’hivers moins rigoureux : «Il s’agit d’un élément majeur qui explique l’implantation à long terme de certaines espèces de moustiques qui n’étaient pas présentes auparavant. C’est la température minimale hivernale qui permettra d’éliminer ou non certaines espèces exotiques, qu’elles puissent ou non se développer au printemps suivant ».

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Introduction accidentelle

Par ailleurs, d’autres espèces de moustiques exotiques se retrouvent également sur notre territoire. Grâce au projet de surveillance Memo + de Sciensano, nous savons que le moustique forestier coréen (Aedes Koreicus) est désormais situé à Maasmechelen (son «faible population » « reste bien localisée ») tandis qu’un moustique des forêts asiatiques, le moustique japonais (Aedes Japonicus) de son côté, il s’installe à Natoye. Aedes JaponicuIl a probablement été introduit accidentellement lors du commerce international de pneus usagés d’une entreprise locale. Désormais, la présence et l’hivernage de cette espèce sont confirmés dans notre pays, selon Sciensano. « Il est clair que la population de ce moustique est en augmentation sur ce site. Son élimination n’est plus possible, mais il est important de sensibiliser les citoyens de la région à l’élimination des gîtes potentiels de reproduction des moustiques, afin de réduire les éventuelles nuisances et éventuellement la transmission d’agents pathogènes.», estimaient les experts de Sciensano dans un rapport en 2023.

Contrairement au moustique tigre, qui a une capacité de propagation élevée et est un vecteur confirmé de virus », les populations deAedes japonicus ne sont plus surveillés depuis 2022 »,le budget étant limité ». “D’une part parce que leur propagation est beaucoup plus lente et limitée et, d’autre part, parce qu’ils ne sont pas des vecteurs avérés de virus sur le terrain, explique le chef du projet Memo + Javiera Rebolledo, épidémiologiste chez Sciensano. C’est pourquoi tous les efforts se concentrent plutôt sur la surveillance du moustique tigre, car s’il s’implante en Belgique, il pourrait être responsable de la transmission locale de ces virus. Il est donc considéré comme une menace pour la santé publique. C’est notamment le vecteur responsable de l’épidémie de dengue en France et en Italie ces dernières années.

Pour sa part, Aedes japonicus ne présente pas le même profil de risque, explique le chercheur. « On craint cependant que cette espèce puisse devenir un problème de ravageur ou être impliquée dans la transmission d’arbovirus tels que le virus du Nil occidental. Il a été démontré expérimentalement, en laboratoire, qu’il est capable de transmettre ces virus.

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Piqûre plus douloureuse

Ce moustique Aedes Japonicus aurait une autre particularité : «Ses piqûres sont plus douloureuses que celles des moustiques indigènes” selon les autorités wallonnes et les scientifiques du Musée royal de l’Afrique centrale qui l’ont étudié.

L’intensité des piqûres peut en effet varier selon les espèces, explique Frédéric Francis. “Il faut savoir que le point majeur au niveau de ces démangeaisons est l’injection de salive du moustique en question. Il peut y avoir une signature spécifique au niveau de la composition de la salive, des protéines ou des enzymes qui seront plus allergisantes pour certains. De plus, lorsque ces moustiques se retrouvent également à prendre plusieurs repas de sang, il y a contamination par le sang de l’hôte précédent ce qui explique aussi cette variabilité dans la composition de la salive. Mais la deuxième partie de ces réactions cutanées est plutôt la réaction individuelle de la personne piquée.»

« Les piqûres d’Aedes japonicus ne sont pas plus douloureuses que celles d’autres moustiques exotiques ou indigènes. Mais comme c’est un moustique assez gros, on les sent parfois plusnuance Javiera Rebolledo (Sciensano), qui ajoute que « celaCette espèce peut être agressive lorsqu’elle cherche de la nourriture et a un comportement de morsure insistant surtout à l’extérieur et parfois à l’intérieur des maisons.

Même constat pour le moustique tigre : “Il est bien connu pour son pouvoir nuisible car il se montre très agressif lorsqu’il cherche de la nourriture.”

Des moustiques affamés

Autre effet de nuisance : le «comportement alimentaire accru » de ces moustiques exotiques, note Frédéric Francis : si nos espèces indigènes ont l’habitude de se nourrir principalement le soir ou la nuit, les espèces exotiques, comme le moustique tigre ou japonais par exemple, prennent leur « repas de sang » tout au long de la journée (et pas seulement la nuit ou le soir) et mordent donc continuellement, ce qui augmente potentiellement la nuisance pour leurs victimes humaines.

En plus de ces paramètres, «C’est actuellement la saison des moustiques forestiers endémiques. Et avec la pluie, de nombreux moustiques des eaux de crue risquent d’éclore. Les gens peuvent réagir davantage à ces espèces car ils y sont moins exposés que les moustiques domestiques auxquels l’exposition est plus courante. », explique Javiera Rebolledo. Une réactivité de l’organisme qui résulte d’anticorps qui n’ont pas encore été produits par l’homme en réaction à la salive injectée par ces moustiques destinés à empêcher la coagulation du sang, expliquait récemment au Nouveau panneau L’entomologiste néerlandais Bart Knols.

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Plusieurs facteurs doivent être réunis pour qu’une maladie éclate

Cependant, s’agissant des maladies potentiellement transmises par les moustiques, il faut rappeler qu’il faut réunir plusieurs facteurs, rassure l’entomologiste Frédéric Francis (ULiège) : «Pour qu’il y ait véritablement une explosion et une dispersion d’une maladie virale, il faut réunir le vecteur, l’agent pathogène et l’hôte qui seront piqués au même moment et au même endroit. Donc, tant qu’à un moment donné, le moustique tigre est présent mais qu’il n’y a pas de Source de virus, on se fait piquer, on a des démangeaisons qui peuvent être encore plus fortes, mais on ne risque rien en terme de maladie. Si on se retrouve de manière très concrète à avoir des gens qui partent en vacances et qui reviennent infectés par le Zika ou la dengue et qui sont à l’origine du pathogène en Belgique, alors que le moustique est également présent en même temps, cela devient problématique. Il est également possible – cela a été démontré dans l’histoire – que l’on découvre parmi les différents moustiques européens que certains ont une capacité à transmettre des maladies qui ne sont pas présentes en Europe à l’heure actuelle.

De plus, Sciensano ne s’attend pas à l’arrivée dans notre pays d’autres espèces exotiques à court ou moyen terme. “D’autres espèces envahissantes, comme Aedes aegypti, sont actuellement présentes dans des endroits encore très localisés, notamment autour de la mer Noire (Turquie, Géorgie, Russie) ainsi qu’à Madère ou à Chypre où de nombreux efforts sont faits pour contrôler et limiter leur prolifération. propagé.”

Il est cependant difficile de dire si certaines espèces sont déjà présentes ici sans être détectées puisqu’il n’y a actuellement aucun suivi de tous les moustiques (exotiques et indigènes). “Mais à priori non», estime l’épidémiologiste de Sciensano Javiera Rebolledo.

 
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